Projet IPIM à l’Hôpital Pierre-Boucher: Des médecins à l’origine d’une innovation limitant les dommages lors d’infarctus

Lorsqu’un patient fait un infarctus aigu du myocarde avec élévation du segment ST, chaque minute compte. Plus l’artère est ouverte rapidement, moins l’attaque causera de dommages.À l’Hôpital Pierre-Boucher de Longueuil, des médecins de terrain ont été, en 2007, à l’origine de l’implantation d’une technologie novatrice grâce à laquelle on peut réaliser à distance des diagnostics d’infarctus ultrarapides, ce qui permet de gagner beaucoup de temps et d’accélérer les interventions. Ce système, qui fonctionne par télémétrie en temps réel, a contribué à sauver beaucoup de patients et à leur assurer une meilleure qualité de vie dans l’avenir.Si, en lisant l’ECG qui lui est transmis par des ambulanciers via des ondes cellulaires, l’urgentologue confirme que le patient fait un infarctus, il met immédiatement en alerte une équipe médicale de prise en charge à l’arrivée du patient, ainsi que l’équipe d’hémodynamie. Dès son entrée à l’hôpital, le patient est entouré de cinq à six personnes en vue d’une intervention, puis conduit à la salle d’hémodynamie où il est déjà attendu.Ce procédé a permis de réduire le temps médian d’intervention lors d’infarctus de 71 minutes à 46 minutes, l’un des meilleurs temps au monde, et il a valu à l’équipe de l’Hôpital Pierre-Boucher de recevoir le Prix Coup de cœur 2010 du ministre de la Santé, le Dr Yves Bolduc.Appelé « IPIM », pour « Identification préhospitalière de l’infarctus du myocarde », ce projet est le fruit de l’initiative du Dr Dave Ross, directeur médical des services préhospitaliers d’urgence en Montérégie, du Dr Gilles Beaucage, chef du département de l’urgence de l’Hôpital Pierre-Boucher, de l’hémodynamicienne Sylvie Maillette, l’une des trois seules femmes hémodynamiciennes de la province, de la Dre Rose-Marie Mécarbané, urgentologue, et de Sébastien Légaré, paramédic instructeur.Ce petit noyau est constitué de professionnels à la fois visionnaires et fonceurs. La technologie permettant de réaliser un ECG au chevet du patient, telle qu’ils l’imaginaient, n’existait pas encore au Québec, en juin 2007. Leur élan et leurs efforts ont permis d’en permettre l’implantation et l’application clinique en moins d’un an.Le projet IPIM montre à quel point des médecins de la base peuvent se transformer en incubateurs d’innovation, sans attendre les commandes des administrateurs et du ministère de la Santé.Travail d’équipeUne fois la technologie mise au point, il a fallu concevoir un modus operandi et coordonner tous les intervenants de la chaîne de services, 15 à 18 personnes au total. Le potentiel d’accrochages dans la machine est très important et, pourtant, il ne s’en produit pas, dit la Dre Maillette. Les hémodynamiciens ont appris à faire confiance aux urgentologues pour diagnostiquer les cas d’infarctus du myocarde en lisant les rapports de l’ECG qui leur parviennent des ambulanciers. Dès qu’elle est mise sous tension, l’équipe de soins travaille avec la rapidité et l’efficacité d’une écurie de Formule 1. Elle est si bien rodée que l’artère du patient est parfois ouverte avant même que les ambulanciers ne soient repartis de l’hôpital après avoir produit leur rapport !Gains en matière de rapiditéGrâce à ce système qui fonctionne depuis quatre ans, l’Hôpital Pierre-Boucher a réalisé des gains de temps spectaculaires lors d’infarctus du myocarde. Il s’écoule à peine 46 minutes entre le moment où le patient franchit la porte de l’hôpital et la pose du ballonnet. Au total, 75 minutes se sont écoulées depuis sa prise en charge à la maison. Au Québec, la moyenne d’intervention depuis l’arrivée à l’hôpital jusqu’à la pose du ballonnet serait de 82 minutes. Ce temps d’intervention a donc été réduit de 50 % à l’Hôpital Pierre-Boucher. En quatre ans, plus de 300 patients, dont certains ont écrit des lettres élogieuses sur ce service ultraperformant, en ont bénéficié. Pas étonnant que le ministre de la Santé ait souhaité, en remettant son Prix Coup de cœur à l’équipe de l’Hôpital Pierre-Boucher, que ce système soit répandu dans tout le Québec.

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