Projet de loi 28: l’OPQ appelle à plus «d’innovation» dans la rémunération

Dans le souci de garantir les meilleurs soins aux patients, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) appelle le gouvernement à la prudence dans la façon dont il entend mettre en œuvre le projet de loi 28, mais également à «faire preuve d’innovation» dans la rémunération des pharmaciens pour favoriser une pratique actualisée.L’OPQ était convié en commission parlementaire, le 28 janvier, pour présenter ses recommandations afin d’améliorer le contenu du projet de loi déposé l’automne dernier par le ministre des Finances Carlos Leitão.Le projet de loi 28 donnera le pouvoir au ministre de la Santé et des Services sociaux d’imposer une réduction des montants versés par l’État aux pharmaciens, notamment pour les honoraires liés à la préparation des piluliers.Le projet de loi 28 permettra aussi l’entrée en vigueur des nouvelles activités octroyées aux pharmaciens par la Loi 41, mais en tarifant certains de ces services à un montant de zéro dollar.D’entrée de jeu, le président de l’OPQ, Bertrand Bolduc, a rappelé que le mandat de son ordre n’est pas de s’immiscer dans les questions de rémunération des pharmaciens, mais que les dispositions actuelles du projet de loi 28 risquent d’avoir un impact sur la qualité de la pratique de la pharmacie et, conséquemment, sur les patients.« L’Ordre croit que nous sommes à la croisée des chemins et que le contexte actuel représente une chance à saisir pour changer nos paradigmes, pour signer un nouveau pacte où le pharmacien sera mieux utilisé et où le patient sera remis au cœur des préoccupations de tous les acteurs concernés par l’utilisation des médicaments », a-t-il déclaré.Les piluliers« L’Ordre ne peut pas être en désaccord avec le principe de revoir les honoraires associés à la mise en piluliers considérant les tendances qui se sont lentement installées dans ce secteur d’activités », a pour sa part expliqué la directrice générale et secrétaire de l’OPQ, Manon Lambert.« L’OPQ craint en revanche que la mesure annoncée par le ministre puisse nuire à certaines catégories de patients », a-t-elle ajouté.Manon Lambert a tenu à rappeler que le pilulier n’est pas qu’un simple mode de distribution et qu’il contribue, entre autres, à l’adhésion aux traitements et au maintien à domicile des patients.Selon elle, il est donc crucial qu’une distinction soit faite entre les différents patients qui ont un pilulier, que ce soit à la maison ou en centre d’hébergement, qu’ils soient autonomes ou non.À titre d’exemple, le gouvernement pourrait décider de facturer aux exploitants de résidences privées le service de piluliers lorsqu’il est effectué à leur demande et non pas pour des considérations cliniques.La Loi 41En ce qui a trait aux nouvelles activités prévues à la Loi 41, l’OPQ a fait valoir plusieurs préoccupations au sujet de leur mise en œuvre et de certaines conditions de rémunération qui y sont présentement rattachées.« L’Ordre espérait, à l’instar de ce qui se fait dans beaucoup d’autres provinces canadiennes, que les modalités de rémunération envoient un signal clair voulant qu’on attende dorénavant des pharmaciens une implication davantage orientée vers le suivi des patients », a souligné Bertrand Bolduc.En tarifant à zéro dollar certains services, ce qui empêchera les pharmaciens de les facturer et ce qui équivaut à les contraindre à les offrir gratuitement, l’OPQ craint que les pharmaciens ne les offrent tout simplement pas ou les facturent indirectement au moyen de «frais accessoires».Bertrand Bolduc a voulu répondre au gouvernement qu’il se trompait en comparant le dépannage offert par les pharmaciens à certains de leurs patients et la nouvelle activité de prolongation d’une ordonnance, qui nécessite un suivi professionnel plus rigoureux.« Nous recommandons que les nouvelles activités fassent l’objet d’une rémunération distincte des honoraires de délivrance des médicaments par le biais d’une couverture publique et que les modalités de contribution des patients soient uniformes, et ce, qu’ils reçoivent le service d’un pharmacien, d’un médecin ou d’une infirmière », a expliqué le président de l’OPQ.« À défaut de disposer des ressources pour ce faire, l’État pourrait, en dernier recours, exclure les nouveaux services qu’il ne veut pas assurer et prévoir la possibilité de les facturer à l’utilisateur », a-t-il renchéri.L’indépendance professionnelleUne autre crainte mentionnée en commission parlementaire touche l’indépendance professionnelle des pharmaciens.De l’avis de l’OPQ, la baisse importante des honoraires pourrait inciter les pharmaciens à compenser les pertes qu’ils encourent en obtenant une rémunération auprès de tiers comme leur chaîne ou leur bannière.« Étant encore plus dépendants financièrement de ces organisations, on peut penser que ces pharmaciens perdraient de leur indépendance, ce qui ne serait pas une bonne nouvelle pour les patients », a soutenu le pharmacien Georges-Émile Bourgault, membre du comité exécutif de l’OPQ.Pour consulter le mémoire de l'OPQ.

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