Projet de loi 11: les résidents soulagés, mais sur leurs gardes

Les médecins résidents sont rassurés par le changement de ton qu’a adopté le ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé lors du dépôt de son projet de loi 11. Ils restent néanmoins sur leurs gardes. En effet, son contenu ne semble pas avoir été entièrement dévoilé et les étudiants en médecine espèrent qu’il n’y aura pas de mauvaises surprises dans le texte final, qui passera en commission parlementaire en janvier prochain. À l'instar des médecins de famille, les résidents appréhendaient les mesures coercitives évoquées par le premier ministre François Legault quelques jours avant le dépôt du projet de loi. Les inquiétudes de la FMRQ La présidente de la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ), la Dre Jessica Ruel-Laliberté, craignait que l’imposition de telles mesures ait un effet démobilisateur envers la médecine familiale au Québec. À lire aussi: Patients orphelins: un guichet d’accès disponible dans tout le Québec d’ici le 31 mars «Nous trouvons important de continuer à valoriser la médecine de famille, car si des finissants ne choisissent pas cette pratique, on va se retrouver avec un autre gros problème, s’alarme sa présidente. Donc, chaque fois que paraît un projet de loi qui touche les médecins de famille, nous sommes toujours inquiets de la façon dont il sera interprété dans la communauté étudiante. Nous avons cette crainte que les finissants vont choisir une spécialité autre que la médecine familiale ou quitter le Québec pour aller faire leur résidence ailleurs.» Et ce, alors que des dizaines de places en médecine de famille restent déjà vacantes chaque année. Le projet de loi 20 de l’ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette avait eu beaucoup d’impact lors de son dépôt et même dans les années qui ont suivi, rappelle la Dre Ruel-Laliberté. Les médecins de famille se souviennent encore des exigences et des menaces qu’il comportait. Le PL 20 semble avoir traversé les générations. Les pénalités qu’il prévoyait planent toujours comme une épée de Damoclès. Même si les résidents en médecine d'aujourd'hui étaient très jeunes lorsqu’il fut déposé en 2014, ils l’ont à encore l’esprit aujourd'hui. «La bonne approche à utiliser» Contrairement à François Legault, Christian Dubé s’est abstenu d’évoquer des pénalités pour les médecins de famille qui n’inscriraient pas un nombre suffisant de patients. C'était la «bonne approche à utiliser, a indiqué la Dre Ruel-Laliberté, car cela aurait pu faire peur et dissuader certains finissants à choisir la médecine familiale.» À lire aussi: Répartition des tâches entre médecins et infirmières: un chantier immense «Nous procédons actuellement à une analyse approfondie du projet de loi et il nous reste certaines interrogations, a-t-elle commenté en entrevue à ProfessionSanté.ca. Nous sommes tout de même optimistes face au changement de ton du ministre. Lors de la période de questions qui a suivi sa présentation, M. Dubé n’allait plus vers des règles coercitives, mais regardait plutôt comment on pouvait améliorer l’accès aux soins de première ligne de manière collective. On valorise l’accessibilité avec une approche centrée par GMF et non plus sur des individus. On aime cette idée.» Trop tôt pour évaluer ses répercussions Selon la Dre Ruel-Laliberté, il est trop tôt pour évaluer les répercussions qu'aura le PL 11 sur les futurs résidents, d'autant que la version qui a été dévoilée ne semble pas définitive. Néanmoins, la FMRQ a été rassurée par les propos du ministre, et dit rester positive. À lire aussi: Le ministre Dubé promet un changement de ton avec les médecins de famille Aujourd’hui, les résidents qui sont engagés en médecine familiale aspirent à une pratique diversifiée: hôpital, urgence, cabinet, santé mentale, obstétrique, etc. En conférence de presse, Christian Dubé a admis que les jeunes médecins ne pouvaient pas voir autant de patients que des médecins en pratique depuis plusieurs années, et qu’il ne s’attendait pas au même débit de leur part. La FMRQ a salué cette reconnaissance de leurs aspirations et son ouverture envers un principe d’accès collectif en première ligne plutôt qu’individuel. Certains de ses commentaires en ce sens qu’il a exprimés devant les médias ne figurent toutefois pas dans le texte du projet de loi, qui fait à peine quelques pages. Les résidents ignorent donc s’ils seront repris lors de la commission parlementaire qui se tiendra en janvier 2022. Dans l’attente de connaître les intentions finales du ministre Dubé, ils font preuve d’un optimisme que l’on pourrait qualifier de prudent.

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