Projet de loi 11: les médecins de famille veulent être consultés

«Nous voulons avoir notre mot à dire sur cette entente, lance une des initiatrices de cette pétition, la Dre Julie Gagnon. Ce vote permettrait de sécuriser les médecins de famille qui décideraient s’ils appuient ou non ce projet de loi», poursuit-elle. Selon cette médecin, les omnipraticiens sont les mieux placés pour savoir si ce projet de loi 11 (PL11) est réaliste ou pas. La Dre Gagnon affirme que la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a «démontré une ouverture» quant à la tenue d’un vote sur cette entente. Au moment d'écrire ces lignes, mercredi après-midi, la Fédération n'avait pas confirmé son intention de tenir un vote sur le sujet. Par ailleurs, le groupe va plus loin et demande même à ce que toutes les ententes d’envergure avec le gouvernement soient votées par les médecins de famille dans le futur, comme c’est le cas en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique, observe la Dre Gagnon. À lire aussi: Projet de loi 11: les résidents soulagés, mais sur leurs gardes Refuser toute contrainte Les pétitionnaires souhaitent également accentuer la pression sur la FMOQ afin qu’elle refuse toute contrainte à la pratique des médecins comme l’imposition de plages horaires ainsi que toute pénalité financière. À l’heure actuelle, les dirigeants du syndicat ont affirmé leur intention de refuser les mesures coercitives imposées aux médecins. Selon la Dre Gagnon, une future loi contraignante qui permettait l’imposition de plages horaires pourrait avoir un effet catastrophique pour la profession. «Autour de moi, j’ai tellement de collègues qui disent qu’ils vont prendre une retraite anticipée si jamais ça passe. Certains disent qu’ils vont quitter le secteur public pour le privé. D’autres affirment qu’ils vont aller pratiquer dans d’autres provinces ou qu’ils vont tout simplement changer de profession. Les gens ne disent pas ça pour faire des menaces», raconte-t-elle. À lire aussi: Continuer à travailler malgré l’âge? Le PL 11 s’ajoute à la pandémie, qui a entraîné de la fatigue et de l’épuisement chez plusieurs médecins. La Dre Julie Gagnon a récemment pu mesurer l’ampleur de la situation lors de l’assemblée générale annuelle de l’Association des médecins omnipraticiens de Laval. «Il y a beaucoup de médecins qui étaient au bord des larmes, épuisés, découragés». Pas libre de choisir son médecin Un autre élément du projet de loi 11 a été peu discuté sur la place publique bien qu’il pourrait avoir un impact néfaste sur les patients, juge la Dre Gagnon. En effet, selon ce projet de loi, les patients ne pourraient plus avoir le libre-choix de leur médecin de famille étant donné l’obligation de passer par le Guichet d’accès pour un médecin de famille. «Par exemple, un médecin ne pourrait accepter de suivre un membre de la famille de son patient même si c’était le souhait de ce dernier. Cela n’a pas de bon sens», estime-t-elle. La pétition met en lumière des mesures jugées contraignantes déjà en place, tels que les activités médicales prioritaires (AMP) et les plans d’effectifs régionaux médicaux (PREM). «Dans les dernières semaines, des médecins qui avaient un PREM à Montréal se sont désistés en entendant parler du projet de loi 11. Ils ont décidé d’aller travailler en Ontario puisqu’il n’y a pas d’AMP, de PREM ni de PL 11.» Pour le moment, la pétition ne semble pas avoir été publiée sur des sites web ni sur les réseaux sociaux. Par contre, elle circule dans les groupes privés de médecins. Les médecins qui ont lancé la pétition Dre Julie Gagnon, Laurentides Dre Brigitte Bédard, Laurentides Dr Yahia Cherif Tewfik, Greenfield Park Dre Joelle Bertrand Bovet, Saint-Jean-Sur-Richelieu Dre Marie-Eve Turgeon, Montérégie-Montréal Dr Michel Tran, Montréal Dre Gael O'Shaughnessy, Montréal Dr Neil Gaul, Montréal Dr Adriana Decker, Montréal Dr Réjean Thomas, Montréal Dre Rosemarie Bergeron Drew, Outaouais

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