Prescriptions pour surmonter les défis financiers qui peuvent survenir au cours de votre carrière médicale

La vie nous réserve bien des surprises. Mais de temps en temps, ses aléas peuvent sérieusement menacer votre santé financière. Nos collègues du Medical Post ont demandé à trois experts en finance personnelle de mettre en lumière les scénarios les plus couramment rencontrés par leurs clients médecins, ainsi que les solutions potentielles que les cliniciens peuvent se prescrire à eux-mêmes en pareilles situations. Problème: Gagner beaucoup, dépenser encore plus Prescription: Établissez un budget et changez de mode de vie Vous avez la grosse maison, le chalet, la voiture à 120 000$, une grande cave à vin et deux enfants à l'école privée. Votre capital retraite, lui, n'est pas aussi impressionnant. Président d'Upper Canada Capital, à Toronto, et gestionnaire de portefeuille chez Manulife Securities Inc, Kurt Rosentreter observe que les dépenses excessives sont un problème répandu au sein de la population canadienne. Mais lorsqu'on est médecin et que l'on gagne plus de 350 000 dollars par an, le fait d'être insouciant avec son argent peut se traduire par des millions de dollars qui échappent à l'épargne. «Ou pire, vous pouvez vous retrouver avec des dettes énormes», signale le gestionnaire. «Il n'y a rien de mal à s'endetter, et les médecins ont certainement les moyens d'emprunter pour des dépenses importantes, comme l'immobilier. Mais il faut trouver un équilibre entre dépenses et accumulation de richesse pour la retraite. Le problème, c'est que lorsqu'on est sollicité de toutes parts, l'épargne-retraite est la première chose que l'on reporte à plus tard. La solution pour les médecins à bout de souffle financièrement commence par un exercice de base que la plupart des gens ont tendance à éviter: l'établissement d'un budget. Équilibrer la balance entre dépenses et épargne en fonction de ses rentrées d'argent est la première étape pour maîtriser son budget et faire croître son patrimoine au lieu de s'endetter, explique Kurt Rosentreter. Dans la plupart des cas, cela signifie qu'il faut renoncer à certaines choses, comme ce chalet de ski en France que vous visitez de moins en moins ces temps-ci. Ou encore réduire la mise de fonds que vous comptiez accorder à un enfant adulte désireux de faire son premier achat immobilier. «Certains de ces choix seront difficiles à faire», souligne-t-il. «Mais si vous n'êtes pas prêt à prendre ces décisions délicates, préparez-vous à continuer à travailler des années après l'âge prévu de la retraite.» Problème: La rupture, une étape difficile Prescription: Faites le point sur votre situation financière, engagez les bons professionnels et révisez vos objectifs Que vous soyez marié ou que vous viviez en union libre, une séparation peut être financièrement perturbante, voire dévastatrice. Selon M. Rosentreter, il est essentiel d'adopter une discipline financière stricte pendant cette période. «Vous devez avoir une vision claire de vos finances actuelles – votre argent disponible, vos flux de trésorerie, vos frais –, puis déterminer à quoi ressembleront les choses lorsque les actifs seront divisés et que vous ne ferez plus partie d'un ménage à deux revenus», indique-t-il. «Il est important de rassembler et de conserver des dossiers complets et détaillés au fur et à mesure que vous, et les avocats, progressez dans le processus d'élaboration d'un règlement approprié. Le système juridique vous oblige à rendre des comptes et vous devez donc rassembler tous ces éléments.» À lire aussi: Cinq choses (et plus) à savoir avant de devenir médecin inc. De nombreux professionnels et entrepreneurs, y compris les médecins, utilisent certaines stratégies pour protéger leur entreprise – par exemple en mettant des investissements et d'autres actifs, y compris la maison familiale, au nom de leur conjoint – qui pourraient les désavantager financièrement en cas de séparation. Pour ne pas tout perdre, il est essentiel d'obtenir des conseils d'experts en matière financière, fiscale, commerciale et juridique, recommande M. Rosentreter. L’autre élément important auquel les médecins doivent réfléchir est le suivant: quelles seront les conséquences d'un divorce sur vos objectifs de retraite et que devrez-vous faire à l'avenir pour que ces objectifs restent atteignables? «Vous devez redéfinir vos objectifs et réfléchir à la faisabilité de vos nouveaux buts en fonction de votre nouvelle situation de vie.» Problème: Vous êtes épuisé, sur le point de jeter l'éponge Prescription: Réduisez les risques du marché et constituer un fonds d'urgence Bien que l'Organisation mondiale de la santé ait déclaré que la cocotte-minute appelée COVID-19 n'était plus une situation d'urgence, les systèmes de santé au pays, mis à rude épreuve et exsangues, continuent de pousser de nombreux médecins à prendre une retraite anticipée. Conseiller principal en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille chez Canaccord Genuity, Physicians Wealth Advisory, à Toronto, Sébastien Chevrier explique que le fait d'arrêter ou de ralentir le travail, ne serait-ce que quelques années plus tôt que prévu, peut avoir un impact significatif sur votre revenu de retraite. «Si cela se produit, il faut alors retourner à la planche à dessin et envisager différents scénarios», indique-t-il. «Quels ajustements devrez-vous opérer dans votre mode de vie? Prévoyez-vous de reprendre le travail dans quelques années ou de prendre une retraite définitive? Quoi qu'il en soit, vous devrez envisager différents produits ou stratégies d'investissement.» Par exemple, un médecin dont le portefeuille actuel est orienté pour la croissance – peut-être avec 80% d'actions – sera mieux loti avec une répartition plus conservatrice des actifs. «Étant donné que les revenus du travail seront moins importants, voire inexistants dans un avenir prévisible, il serait judicieux de protéger le pécule en prenant moins de risques sur le marché», signale M. Chevrier. «Il serait également judicieux de constituer un fonds d'urgence, équivalant à au moins six mois de dépenses, avant de quitter la pratique médicale», ajoute-t-il. À lire aussi: L’ABC d’un départ à la retraite bien planifié Problème: Planifier financièrement pour un enfant handicapé Prescription: Constituez un régime enregistré d'épargne-invalidité et une fiducie Henson Planificateur financier agréé et fondateur de White Coat Financial – une société de services financiers de Surrey, en Colombie-Britannique, axée sur les professionnels de la santé –, Gurtej Varn note que la planification de l'avenir d'un enfant handicapé peut être complexe et qu'elle est souvent difficile pour les parents. «C'est un aspect qui est souvent négligé parce que les parents subissent déjà beaucoup de stress et essaient simplement de répondre aux besoins actuels de leur enfant.» Si de nombreux médecins sont en mesure d'assumer les dépenses courantes liées à l'éducation d'un enfant handicapé, peuvent-ils continuer à soutenir cet enfant à l'âge adulte tout en assurant leur propre stabilité financière à la retraite? Et que se passe-t-il lorsque l'enfant adulte a dépassé la cinquantaine et que ses parents sont décédés? M. Varn suggère une stratégie financière qui comprend un régime enregistré d'épargne-invalidité (REEI) et une fiducie conçue pour subvenir aux besoins financiers d'un enfant ou d'un adulte handicapé. Introduit par le gouvernement fédéral en 2007, le REEI comporte deux volets: une garantie et une dotation. La garantie d'un REEI fournit jusqu'à 1000$ par an, avec un maximum à vie de 20 000 $, aux bénéficiaires du régime dont le revenu familial est faible ou modeste, qu'ils aient ou non cotisé à leur REEI ou que leur famille y ait contribué. La partie dotation du REEI dépend du montant cotisé – jusqu'à 3 500$ par an, pour un maximum à vie de 200 000$ – et du revenu de la famille du bénéficiaire. Les bénéficiaires peuvent obtenir des garanties ou des allocations du REEI – ou les deux – jusqu'à l'âge de 49 ans et peuvent généralement commencer à effectuer des retraits lorsqu'ils atteignent l'âge de 60 ans. Pour les parents qui souhaitent prendre des dispositions additionnelles, en plus du REEI, une fiducie de Henson peut être une bonne idée, estime M. Varn. En plus de fonds alloués, qui peuvent être financés par une police d'assurance-vie, les parents peuvent choisir de laisser une maison à leur enfant handicapé dans une telle fiducie. Mais comme celle-ci doit être gérée par un tiers, les parents doivent s'assurer qu'ils choisissent le bon fiduciaire, qui peut être un particulier ou une société de services fiduciaires. «Il est également important, avant de mettre quoi que ce soit en place, de consulter un professionnel de la finance pour déterminer les conséquences sur la situation fiscale de votre enfant ainsi que sur tout revenu provenant d'un programme gouvernemental d'invalidité», ajoute M. Varn. À lire aussi: Et si on parlait d’argent? Problème: Un de vos enfants va reprendre votre cabinet, mais qu'en est-il de ses frères et sœurs? Prescription: Documentez tous les cadeaux et toutes les dépenses importantes consacrées aux enfants, et clarifiez vos intentions La médecine a tendance à être une affaire de famille. C'est la conclusion d'au moins une étude, publiée en 2020 dans le British Medical Journal. Pour de nombreux médecins, cela signifie qu'il y a de fortes chances que leur fils ou leur fille prenne la relève. Mais si vous avez plus d'un enfant, comment faire pour que chacun d'entre eux reçoive un héritage équitable? La répartition équitable de votre patrimoine entre les membres de votre famille n'est pas aussi simple qu'un simple partage, surtout lorsqu'il s'agit d'actifs importants, tels qu'un cabinet médical. C'est pourquoi il est important de suivre de près ce que vous donnez à vos enfants, recommande M. Varn. «Vous avez peut-être un enfant qui n'est pas allé à l'université et qui vient de créer sa propre entreprise, et un autre que vous avez aidé à faire ses études de médecine et qui reprendra probablement votre cabinet. Dans ce cas, vous avez déjà dépensé beaucoup plus pour votre enfant étudiant en médecine. Vous devez donc déterminer comment structurer la propriété de votre entreprise et comment répartir le reste de votre patrimoine de manière à ce que vos deux enfants reçoivent une part égale», illustre le planificateur financier. Outre la tenue de registres précis des dépenses et des dons importants, il est également important de documenter vos intentions concernant votre entreprise et votre succession, poursuit-il. Cela réduit le risque que les membres de la famille contestent votre testament et se disputent entre eux. «J'ai personnellement constaté, de par mon expérience, que lorsque les intentions et le raisonnement qui sous-tendent votre plan successoral sont bien documentés, vos enfants sont moins susceptibles de se quereller ou de faire une réclamation de succession», prévient M. Varn.

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