Prescription par un médecin retraité: médecins et pharmaciens réagissent sur Twitter

Le Dr André Plante, un médecin qui a pris sa retraite il y a déjà 14 ans, a accordé une entrevue à un journaliste de La Presse, Martin Croteau, dans laquelle il vilipende la décision du Collège des médecins du Québec (CMQ) de suspendre le droit aux médecins retraités de faire des ordonnances s’ils ne paient par une pleine cotisation et des assurances.Selon l’ancien vice-doyen de la Faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke, en lui retirant le droit de prescrire, c’est comme si le CMQ lui disait qu’il n’avait plus de jugement clinique.« C'est comme si mes 30 ans d'expérience en médecine, ma notoriété, mes connaissances, mon jugement, c'est comme si tout cela disparaît parce que je ne paie pas ma cotisation », a-t-il expliqué à Martin Croteau.Le CMQ, de son côté, assure que le droit de prescrire des médecins retraités induisait «un risque potentiel», puisque les médecins retraités ne sont pas couverts par une assurance professionnelle, ni pour eux, ni pour les patients à qui ils prescrivaient des médicaments.Quant aux médecins retraités, ils arguent qu’en ces temps où l’accessibilité à un médecin est si difficile, ils font œuvre utile en aidant bénévolement leurs proches et voisins.On apprend en effet dans l’article de La Presse que le Dr Plante, pour éviter à une voisine asthmatique et allergique aux chats d’aller «passer 12 heures à l’urgence», lui a par exemple déjà prescrit du Ventolin. Pas de quoi inquiéter qui que ce soit, sauf que l'on peut lire aussi qu’il prescrit à ses voisins depuis des années «des anti-inflammatoires pour traiter des raideurs, ou encore des anxiolytiques pour les aider à dormir».Des exemples qui ont fait sursauter des médecins de la twittosphère, pour qui justement ce médecin illustre parfaitement les raisons pour lesquelles le CMQ a bien fait d’intervenir.Le Dr David Lussier, le gériatre qui a lancé la conversation, s’est dit mal à l’aise avec ce médecin « fâché » de ne plus pouvoir prescrire à ses voisins des médicaments pour dormir.Certains n'ont pas mis de gants blancs, parlant de pratique à tout le moins discutable ou carrément de mauvaise pratique.Un pharmacien a corroboré quant à lui que les prescriptions des médecins retraités n’étaient pas sans conséquence. « En pharmacie, ce que je voyais c'était principalement pour de l'autoprescription... », écrit Éric Gamache.Un deuil à faireBien sûr, les plus jeunes médecins peuvent comprendre que perdre son statut de docteur n’est pas facile. « Médecin un jour, médecin toujours » souligne le Dr Mathieu Bernier, médecin de famille qui se demande d’ailleurs aussi si d’autres solutions n'auraient pas pu être envisagées, comme de permettre aux médecins retraités de «prescrire des Rx banals, non renouvelables, 7 jours max».Une question de génération, propose plutôt le Dr Simon-Pierre Landry.Mais dans l’ensemble, le message des « jeunes » médecins est qu’il y a des règles à suivre.Pour la Dre Guylaine Larose, pédiatre au CHU Sainte-Justine, prescrire est «un privilège qui vient avec des obligations dont celles de suivre [de la] formation continue et d'être assuré», et non un droit qui vient avec un titre. Plusieurs aussi mentionnent l’importance de tenir des dossiers et de tout y inscrire. Si c’est une obligation pour les médecins actifs, pourquoi cela serait-il optionnel pour les médecins retraités?Un débat qui dérivePlusieurs médecins et pharmaciens ont aussi réagi au fait que le Dr Plante semble faire un parallèle entre l’interdiction de prescrire aux médecins retraités et, presque dans le même temps, l’autorisation octroyée à d’autres professionnels de la santé de se prévaloir d’un tel privilège.« Comme plusieurs de ses collègues, le Dr Plante s’insurge contre la réforme du CMQ. À ses yeux, l’ordre professionnel cherche davantage à empêcher la pratique bénévole de la médecine qu’à favoriser l’accès du public à des soins. Et il le fait au moment où des pharmaciens et des infirmières praticiennes obtiennent le droit de prescrire certains médicaments. », peut-on lire dans l’article de La Presse.Pour Mathieu Pelletier, urgentologue, cette phrase est particulièrement «déplacée» puisqu’elle sous-entend qu'un médecin dont les connaissances ne sont pas à jour vaut mieux qu’une infirmière ou qu’un pharmacien à jour, ce qui a aussi fait réagir la Dre Dominique Hotte, médecin de famille.Le Dr François Peloquin, un urologue de Montréal, a cependant défendu son ancien professeur, remettant en cause le jugement clinique des autres professionnels dans la foulée.On peut lire l'article de La Presse ici.

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