Prescription d’opioïdes: le CMQ et l’OPQ font un rappel important à leurs membres

Article mis à jour le 5 juin, à 16 h 09. À la suite de la publication d’un rapport de coroner concernant un homme qui aurait mis fin à ses jours en consommant un nombre important de comprimés d'oxycodone qu’il avait accumulés de sa pharmacie, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), le Collège des médecins du Québec (CMQ) et l’Ordre des infirmières et infirmiers Québec (OIIQ) ont rappelé les bonnes pratiques lors de la prescription de tels médicaments. Tel que rapporté par Radio-Canada, l’homme de 51 ans avait reçu de son pharmacien 120 comprimés de 5 mg d’oxycodone à intervalle d’environ un mois, et ce, à 11 reprises pour soulager ses maux de dos. Or, l’homme avait déjà tenté de se suicider en avalant ces antidouleurs par le passé. Les analyses toxicologiques, réalisées à la suite de son décès en septembre dernier, ont révélé qu’en plus des antidouleurs, le patient avait également consommé de la cocaïne, de la méthamphétamine et de l’alcool. «Bien que cela soit possible au niveau légal, une prolongation de 120 comprimés d’oxycodone à onze reprises sans évaluation médicale nous apparaît non sécuritaire d’autant plus que le pharmacien ne connaît pas en détail l’historique de la personne», a écrit la coroner Denise Fréchette dans son rapport d’enquête. Cette dernière a par ailleurs envoyé son rapport à l’OPQ et au CMQ pour qu’ils puissent tirer «des enseignements quant à l’importance d’améliorer le canal de communication entre médecins et pharmaciens lorsque de l’information pertinente chez un usager doit être partagée dans un contexte d’une tentative de suicide par analgésiques opioïdes prescrits ou d’une demande de l’usager d’obtenir plus de comprimés d’analgésiques opioïdes sans avis médical, et ce, afin de mieux protéger la vie humaine». Réaction des ordres professionnels Le CMQ, l’OPQ et l’OIIQ ont ainsi publié conjointement un document s’adressant à leurs membres. Ils y rappellent qu’avant de rédiger une ordonnance initiale d’opioïdes, le prescripteur (médecin ou IPS) se doit de faire une évaluation du patient qui inclut une histoire de cas. À lire aussi: Des lignes directrices proposent une nouvelle définition de la mort Par la suite, si le pharmacien prolonge ou ajuste l’ordonnance, il devra aussi évaluer le patient pour s’assurer que c’est approprié. Il devrait aussi informer le prescripteur si la dose est modifiée, et si l’ordonnance est prolongée, lorsque les circonstances le justifient. Avant de rédiger l’ordonnance initiale, de la renouveler ou de modifier la dose d’opioïdes, le prescripteur (médecin ou IPS) doit évaluer le patient. Cette évaluation inclut une histoire de cas, généralement un examen physique et, si requis, des examens complémentaires. Collaboration interprofessionnelle «Le prescripteur doit demeurer disponible pour discuter, au besoin, avec le pharmacien et les autres professionnels de la santé gravitant autour du patient. Une bonne collaboration est primordiale», peut-on lire dans le document. Le prescripteur ne doit pas hésiter à demander une consultation au pharmacien pour connaître son opinion, notamment sur l’utilisation d’un opioïde, avec l’accord du patient. Lors de cette consultation, le prescripteur doit fournir l’ensemble des informations pertinentes, incluant les détails de la maladie actuelle, les antécédents personnels, y compris les tentatives de suicide et les habitudes de vie pertinentes, comme la consommation d’alcool, en plus des médicaments consommés. Les ordres professionnels rappellent aussi aux pharmaciens de ne pas hésiter à communiquer avec le prescripteur lorsqu’ils voient l’opportunité d’améliorer la prise en charge du patient en modifiant le médicament ou s’ils «soupçonnent un mésusage ou des comportements d’abus tels que des demandes trop précoces de remise de médicament». Finalement, le prescripteur a le devoir d’exercer une surveillance rigoureuse de ses ordonnances pour éviter les situations où une accumulation de médicament est possible par le patient, rappellent les ordres professionnels. Ces derniers recommandent aussi de préciser une période de validité pour toute prescription d’opioïdes. Prévention du suicide Le CMQ a également publié un avis concernant la prévention du suicide par les médecins. Celui-ci fait état de recommandations découlant de rapports de coroner. On conseille notamment, lors de l’évaluation d’une personne présentant un problème de santé mentale, de vérifier la présence d’idées suicidaires ou d’agressivité à l’égard des autres et la possibilité que le patient commette un acte impulsif. Si c’est le cas, le risque suicidaire ou homicidaire doit être évalué. À lire aussi: Crise chez les jeunes filles: on doit prendre leur santé mentale au sérieux S’il y a présence d’idées suicidaires, le CMQ rappelle que le médecin doit évaluer la pertinence de fractionner les quantités de médicaments qu’il prescrit en demandant au pharmacien de remettre au patient une plus petite quantité à la fois.

Prescription d’opioïdes: le CMQ et l’OPQ font un rappel important à leurs membres

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