Pratique médicale et technologies de l’information: le Canada toujours à la traîne, malgré des progrès

Il y a du mieux, mais il reste encore du chemin à parcourir. La dernière enquête du Fonds du Commonwealth (FCMW) réalisée auprès des médecins de première ligne revèle que les omnipraticiens canadiens utilisent davantage les technologies de l’information dans leur pratique. Cependant, le fossé à combler avec les neuf autres pays étudiés - Allemagne, Australie, États-Unis, France, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède et Suisse - reste profond. Si 93% des médecins de famille canadiens se servent aujourd’hui d’un dossier médical électronique (DMÉ), ce qui correspond à la moyenne du FCMW, ils ne tirent «pas encore pleinement parti du DMÉ», observe l’Institut canadien d’informations sur la santé (ICIS) qui a analysé les données de cette enquête internationale menée auprès de 9500 cliniciens sondés par questionnaire entre février et septembre 2022. Un peu moins de 40% des omnipraticiens canadiens interrogés ont déclaré qu’ils pouvaient se servir de leur DMÉ pour échanger électroniquement les résumés cliniques de leurs patients avec les autres professionnels de la santé en première ligne. Un chiffre en hausse (de 13 points de pourcentage) comparé à 2019, mais qui reste largement en dessous de la moyenne des pays du Fonds du Commonwealth (67% en 2022). La palme revenant aux médecins hollandais (90%), tandis que leurs homologues allemands se classent bon derniers (22%). Concernant les tests diagnostiques et de laboratoires, 55% des médecins de famille canadiens peuvent dorénavant les recevoir ou les transmettre depuis leur DMÉ (contre 36% en 2019), la moyenne du FCMV s’établissant à 72%. S’agissant des médicaments pris par leurs patients, leur liste peut être transmise par voie électronique par 51% des omnipraticiens au pays (33% en 2019). Leurs confrères des 9 autres pays sont 68% à pouvoir le faire. «Un meilleur accès aux données sur la santé et aux dossiers médicaux grâce à des systèmes de données sur la santé intégrés contribuerait à améliorer la coordination des soins entre les médecins de première ligne et les autres dispensateurs de soins», souligne l’ICIS en ajoutant qu’avec de meilleurs données «les médecins de famille peuvent fournir des soins de meilleure qualité axés sur le patient». Lire aussi: La chronique du King du DMÉ Interactions numériques avec les patients Justement, le Canada a également des progrès à faire en matière de communications électroniques avec les patients. En 2022, 38% des omnipraticiens au pays déclaraient que leur clinique permettait la prise de rendez-vous en ligne - ils étaient 22% en 2019. La moyenne du FCMV s’établissait à 57% l’an dernier, les cliniques australiennes étant les plus nombreuses à offrir cette option (84% des médecins concernés), alors que les cabinets suisses se classent en dernière position (16%). Seuls 12% des omnipraticiens canadiens permettaient à leurs patients de consulter le résumé de leur visite en ligne; la moyenne du FCMV étant de 42%. Un quart des patients canadiens pouvaient par ailleurs demander le renouvellement de leurs ordonnances en ligne, contre 58% des patients du FCMW. Enfin, si deux fois plus de médecins de famille canadiens ont permis à leurs patients de leur poser des questions ou de partager leurs inquiétudes par courriel ou via un site web sécurisé en 2022 qu’en 2019 (50% contre 23%), la moyenne du Fonds du Commonwealth est quant à elle passée de 65% en 2019 à 75% en 2022. Dans tous ces cas de figure, «un pourcentage élevé est souhaitable», estime l’ICIS qui souligne que ces communications électroniques entre médecins et patients contribuent à faciliter l’accès aux soins, qui demeure problématique au Canada. Les médecins de famille canadiens font certes plus d’heures de travail que leurs confrères du FCMV (50 heures par semaine contre 44), mais ils voient moins de patients qu’eux (90 patients par semaine contre 97). Lire aussi: Quel est le degré de confidentialité de votre dossier médical? Relations avec les spécialistes L’enquête 2022 du Fonds du Commonwealth révèle également des enjeux de communication entre omnipraticiens et médecins spécialistes. La moitié des médecins de famille canadiens considèrent ainsi que «la coordination des orientations avec les spécialistes est un problème majeur». Ils sont les plus insatisfaits dans les 10 pays étudiés, la moyenne du FCMV atteignant 33%. Dans le détail, 53% des médecins de famille canadiens reçoivent généralement des informations au sujet des changements apportés à la médication ou au plan de soins des patients qu’ils ont orientés vers un spécialiste. Un résultat semblable à la moyenne du FCMV (52%). En revanche, seul un sur cinq reçoit un rapport de consultation dans la semaine suivant la visite de leur patient chez le spécialiste, un chiffre là encore similaire à la moyenne du FCMW. Lorsqu’un de leur patient obtient une consultation en sans-rendez en dehors des heures d’ouverture de la clinique de leur omnipraticien traitant, ce dernier n’est avisé que dans 24% cas (contre 40% selon la moyenne du FCMW). En revanche, la moitié des médecins de famille canadiens sont habituellement informés lorsqu’un de leurs patients est vu aux urgences. Ce résultat est semblable à la moyenne du Fonds du Commonwealth de 47%. Et 53% d’entre eux sont habituellement avisés lorsqu’un de leurs patients est admis à l’hôpital. Des résultats cette fois-ci équivalents à la moyenne du Fonds du Commonwealth.

Pratique médicale et technologies de l’information: le Canada toujours à la traîne, malgré des progrès

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes