Pourquoi les «quiz toxiques» sont-ils néfastes dans la formation médicale?

Bien qu’il s’agisse d’une pratique ancienne dans l’enseignement médical, rien ne prouve que le «pimping» - terme familier utilisé dans le milieu pour désigner les interrogatoires impromptus des étudiants sur des faits médicaux - soit d’une quelconque utilité.C’est ce qui ressort d’un article de la série «Choses que nous faisons sans raison», publiée dans le Journal of Hospital Medicine, qui «passe en revue les pratiques qui sont devenues des éléments courants des soins hospitaliers, mais qui peuvent n’apporter que peu de valeur à nos patients». Les auteurs, qui préfèrent le terme «quiz toxique» à celui de «pimping», expliquent que cette pratique est utilisée depuis des lustres et qu’elle reste très répandue. Elle consiste souvent à poser aux externes et aux résidents des questions difficiles, parfois en rafales, «portant sur la mémorisation des faits plutôt que sur le raisonnement clinique».Cette méthode «établit et renforce une hiérarchie intellectuelle dominante et stresse l’étudiant» dans le but d’induire de la honte, de l’humiliation ou de la détresse, écrivent les auteurs.Dans de nombreuses études qualitatives, les étudiants ont décrit ces interrogatoires toxiques comme étant «démoralisants, vindicatifs, anxiogènes et défaitistes», signalent les auteurs. Certains étudiants ont déclaré avoir regretté leur décision de poursuivre une carrière médicale à la suite d’un «quiz toxique».Cela ne veut pas dire que les professeurs ne devraient pas poser de questions à leurs étudiants, ou que tout stress qui leur est imposé est préjudiciable à l’apprentissage.Répondre à des questions est une forme de «routine de mémorisation», notent les auteurs, ce qui aide à retenir l’information. «Les formateurs peuvent effectivement pousser les apprenants aux limites de leurs capacités, et donc provoquer du stress. Cependant, cela doit se faire dans un environnement d’apprentissage favorable qui favorise un état d’esprit de croissance, ce qui est contraire aux techniques d’intimidation et de renforcement de la hiérarchie», observent les auteurs.Lire aussi: Le PAMQ se soucie du bien-être des étudiants et résidents en médecineIls expliquent que la clé pour rendre les quiz «productifs» dans un contexte d’apprentissage est de créer une sécurité éducative, surtout s’il y a une hiérarchie en place.La sécurité pédagogique est un «état subjectif où l’apprenant se sent libéré du jugement d’autrui, de sorte qu’il peut se concentrer authentiquement et de tout son cœur sur une tâche d’apprentissage sans ressentir le besoin d’autocontrôler l’image qu’il projette», tel que défini dans une étude sur la sécurité psychologique dans l’enseignement médical, selon les références des auteurs. Ces derniers indiquent que les formateurs peuvent favoriser la sécurité de l’enseignement de plusieurs façons:Interagir avec les étudiants de manière amicale, bienveillante et sans porter de jugement.Vérifier fréquemment avec les étudiants s’ils se sentent ou non dans un environnement d’apprentissage sécurisant.Lorsque les élèves révèlent ou démontrent des faiblesses ou des lacunes dans leurs connaissances, ne les utilisez pas comme des «occasions de les souligner à des fins d’humiliation». Il faut au contraire insister sur le fait qu’il s’agit d’opportunités d’apprentissage, «et non de déficits à cacher».Les formateurs peuvent poser à leurs étudiants ou à leurs stagiaires des questions auxquelles ils ne connaissent pas eux-mêmes les réponses, afin de donner l’exemple de la curiosité, de l’apprentissage autodirigé et de l’humilité.

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