Port de signes religieux: la FMRQ réclame l’exemption pour tous les médecins et employés de la santé

Les restrictions contenues dans le projet de Charte sur la laïcité à l’égard du port de signes religieux ostentatoires sont trop coercitives et pourraient amener des médecins en formation ou en pratique à quitter la province, estime la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ).La fédération réclame que les médecins résidents, omnipraticiens et spécialistes soient exemptés de ces dispositions et que cette exclusion s’étende à tous les employés des établissements publics du réseau de la santé, peu importe leur tâche.La FRMQ s’était déjà objectée à certains aspects du projet de charte à l’automne 2013. Elle a répété sa plus vive opposition dans un mémoire qu’elle a elle-même déposé en commission parlementaire à Québec le 12 février.La Fédération était représentée par son président, le Dr Joseph Dahine, son trésorier, le Dr Maxime Dussault-Laurendeau et la vice-présidente, la Dre Stéphanie Lam, qui est aussi présidente de l’Association des résidents de McGill.Les présidents de l’Association des médecins résidents de Québec, le Dr Julien du Tremblay, de Sherbrooke, le Dr Denis Thériault, et de Montréal, la Dre Manuela Trestaru, avaient tous expédié des lettres d’appui aux positions exprimées par la FMRQ.Directement interpellésLe projet de loi 60 actuellement à l’étude interpelle encore plus directement les médecins résidents que les médecins spécialistes et les médecins de famille car ils sont considérés comme des employés de l’État durant leur formation. Ils ne pourraient donc se soustraire à la charte si elle devait être adoptée dans sa forme actuelle.Les médecins résidents sont au nombre de 3600 et sont répartis dans une centaine d’établissements à travers la province.DiscriminationLa FMRQ se dit en accord avec les principes d’un État laïque, neutre sur le plan religieux, et en faveur d’une claire séparation entre les religions organisées et l’État. Elle est également en accord avec l’obligation pour les personnes qui dispensent des services de le faire le visage découvert. Si elle croit que dans certains cas des demandes d’accommodement peuvent s’avérer nécessaires, elle juge que ces accommodements devraient être balisés dans un établissement de santé.Mais sur d’autres aspects du projet de loi 60, la FMRQ se montre très sévère.«Ce projet de loi ressemble plus à de la discrimination à l’égard de certaines communautés et confessions religieuses qu’à une démarche progressiste d’intégration non seulement des immigrants, mais de toutes les cultures qui se côtoient au Québec et dont certaines ont élu domicile ici il y a plusieurs générations», soutient-elle dans son mémoire.Signe de ports religieuxLa FMRQ est tout particulièrement opposée à l’article 5 sur l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires, qu’elle juge clairement discriminatoire. Elle y voit une restriction à l’endroit de la liberté religieuse et croit que son adoption pourrait constituer une barrière pour des étudiants en médecine et mener au départ de médecins déjà installés ici.«L’adoption du projet de loi 60 aurait pour effet de limiter l’accès au Québec à une formation en médecine à certains groupes de citoyens, en raison de leurs convictions religieuses, ce qui est inacceptable socialement (…), écrit-elle dans son mémoire. On se trouve à entraver l’accès à l’emploi ou le droit aux études à ces individus et on risque ainsi de priver le Québec de médecins nécessaires à l’offre de service médicale. Cela porterait également préjudice à des médecins actuellement en formation ou en exercice, qui pourraient être ainsi contraints de quitter le Québec.»«L’interdiction du port de signes religieux, en plus d’être une mesure clairement discriminatoire, pourrait placer certains de nos membres devant un choix difficile entre la poursuite de leur carrière en médecine au Québec et la renonciation à la pratique de leurs convictions religieuses», ajoute-t-elle.La FMRQ a rappelé au ministre Bernard Drainville que les médecins résidents changent souvent d’établissement pour compléter leurs stages de formation. Advenant l’adoption du projet de loi et l’élaboration de politiques de mise en œuvre par chacun des établissements, ils pourraient être confrontés à des politiques différentes d’un hôpital à l’autre.Comme l’ont fait avant elle le Collège des médecins et la Fédération des médecins omnipraticiens, la FMRQ estime que le port de tels signes ne nuit en rien à la qualité des soins dispensés et souligne à son tour que les médecins sont déjà soumis à un Code de déontologie qui encadre leurs interventions auprès des patients. Elle ne voit donc pas la nécessité de leur imposer un cadre encore plus strict qui brimerait leur liberté religieuse.ExemptionLa FMRQ est d’avis que les médecins, dentistes ou sages-femmes qui œuvrent dans les établissements de santé publics devraient être exemptés de façon totale et permanente des dispositions de la loi qui visent l’interdiction de signes religieux ostentatoires.Elle va même plus loin. Selon elle, tous les employés de l’État au sein du réseau de la santé devraient aussi être exemptés de toute restriction visant le port de signes religieux et cela de façon totale et permanente.

Port de signes religieux: la FMRQ réclame l’exemption pour tous les médecins et employés de la santé

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes