Polyarthrite rhumatoïde: le risque d'ECIM est-il plus élevé avec le tofacitinib?

Chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde avec antécédents cardiovasculaires, le risque d'événements cardiovasculaires indésirables majeurs est plus élevé avec le tofacitinib qu’avec les inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale. Tel est le constat d’une étude parue dans Annals of the Rheumatic Diseases. Les chercheurs ont effectué une analyse1 post hoc de ces évènements rapportés lors de l’étude ORAL Surveillance2, un essai de phase III/IV randomisé, ouvert, de non-infériorité, mené de mars 2014 à juillet 2020 chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) active modérée à sévère malgré un traitement par méthotrexate. Les patients âgés de 50 ans et plus présentaient au moins un facteur de risque cardiovasculaire (tabagisme, hypertension, HDL-cholestérol < 40 mg/dl, diabète sucré, antécédents familiaux de maladie coronarienne prématurée, etc.). Les patients ont été randomisés 1:1:1 pour recevoir du tofacitinib oral 5 mg ou 10 mg (bid) ou un inhibiteur du facteur de nécrose tumorale (iFNT) sous-cutané (adalimumab 40 mg toutes les deux semaines ou étanercept 50 mg une fois/semaine). Tous les patients ont continué leur dose stable de méthotrexate avant l’étude. Les antécédents de maladie cardiovasculaire athérosclérotique (MCA), composite de maladie coronarienne, cérébrovasculaire et périphérique, et les événements cardiovasculaires indésirables majeurs (ECIM), définis comme un composite des décès d’origine cardiovasculaire (infarctus du myocarde, AVC, mort subite d’origine cardiaque, insuffisance cardiaque, intervention cardiovasculaire, hémorragie et autres causes cardiovasculaires) ont été répertoriés. Principaux résultats Au total, 4362 patients ont été répartis et traités comme suit: tofacitinib 5 mg (n = 1455), tofacitinib 10 mg (n = 1456) et iFNT (n = 1451). Le suivi médian était de 4 ans et 71,3% des patients ont terminé l’essai. Le risque d’ECIM a augmenté avec les deux doses de tofacitinib par rapport aux iFNT (HR : 1,24 ; IC 95%: 0,81 – 1,91 et HR: 1,49 ; IC 95%: 0,94 – 2,18). Le risque d’infarctus du myocarde non fatal avec le tofacitinib 5 mg était plus élevé qu’avec les iFNT (HR : 2,32; IC 95%: 1,02 – 5,30). Parmi les patients avec antécédents de MCA, 8,3%, 7,7% et 4,2% des patients dans les groupes tofacitinib 5 mg, 10 mg et iFNT respectivement, ont connu un ECIM. Les RR étaient de 1,96 (IC 95% ; 0,87 – 4,40) et 2,01 (IC 95%: 0,89 – 4,50) pour le tofacitinib 5 mg et 10 mg. Par comparaison, chez les patients sans antécédent de MCA, un ECIM a été rapporté chez 2,4%, 2,8% et 2,3% dans les groupes respectifs tofacitinib 5 mg, 10 mg et iFNT. Les courbes de Kaplan-Meier pour les ECIM ont montré une séparation entre les groupes tofacitinib et iFNT au troisième mois chez les patients avec antécédents de MCA. Aucune séparation entre les groupes de traitements n’a été observée chez les patients sans antécédents de MCA. En terminant, près de 15% des patients avaient des antécédents de MCA ou un risque accru d’infarctus du myocarde et d’AVC avec le tofacitinib par rapport aux iFNT. À noter qu’en février 2019, la dose de tofacitinib 10 mg a été réduite à 5 mg bid en raison d’une fréquence accrue d’embolie pulmonaire et d'une augmentation de la mortalité globale.

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