Plantes toxiques du Québec: savez-vous quoi faire en cas de contact avec la peau?

Avec le temps chaud, les risques de contact avec certaines plantes urticantes ou autrement néfastes augmentent. Savez-vous les reconnaître ? Pourriez-vous enseigner à vos patients comment s’en prémunir ? Les produits de santé naturels peuvent-ils être utiles en traitement ?Berce du Caucase(Heracleum mantegazzianum)Cette herbacée a été introduite au Canada comme plante ornementale dans les années 1990. Sa toxicité est très réelle. Par contre, elle est relativement rare et assez facile à identifier.DescriptionLa berce du Caucase est une immense plante verte qui peut atteindre 4 mètres et plus (13 pieds) de haut. Elle fait partie des ombellifères, c’est-à-dire que ses petites fleurs blanches apparaissent au bout de tiges ramifiées formant une sorte de parasol ou d’ombrelle. Cette famille de plantes comporte aussi la carotte, le panais, le céleri, le persil, l’angélique, etc.Pour l’identifier, rappelez-vous que tout dans la berce est démesuré. Outre sa taille, ses très grandes feuilles sont fortement dentelées. Sa tige creuse est recouverte de poils durs et piquants et comporte des taches rougeâtres. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs a fait une fiche descriptive et un tableau comparatif très instructifs1,2.On retrouve la berce du Caucase surtout sur les terrains perturbés et humides, dans les terrains vagues et au bord des cours d’eau.ToxicitéLa sève de la berce du Caucase contient des molécules toxiques pour la peau qui provoquent des dermatites potentiellement très sévères. Ces molécules sont activées par le soleil (phototoxicité). Sans soleil, la dermatite peut être retardée jusqu’à 48 heures. Le délai entre le contact avec la plante (sa sève, ses poils, etc.) et l’apparition des symptômes (urticaire, rougeur, enflure) rend l’identification difficile.DistinguerNe pas confondre la berce du Caucase avec la berce laineuse, plus petite (2 mètres de haut) et ne comportant pas de taches rougeâtres sur ses tiges2. Pour le novice, la berce du Caucase peut aussi être confondue avec l’angélique, quoique la ressemblance soit plus lointaine.Malencontreuse rencontreSi vous ou vos patients voyez une plante qui ressemble à la berce du Caucase, sachez qu’il ne faut pas y toucher. À moins d’être aguerri aux méthodes de destruction sécuritaires, le risque de toxicité est trop grand.Considérez cette berce comme une herbe à la puce géante ! Le mieux est de contacter le Réseau de surveillance communautaire de plantes exotiques envahissantes (www.rspee.glu.org/autres/index.php) ou de communiquer avec sa municipalité ou le Centre d’information du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (1-800-561-1616).Herbe à la puce(Toxicodendron radicans ou Rhus radicans, parfois Rhus toxicodendron)Cette plante, aussi appelée « sumac vénéneux ou grimpant », est l’une des plus tristement connues. Elle aime le soleil et pousse aux abords des chemins, chemins de fer et fossés. On la reconnaît à ses trois feuilles pendantes plutôt oblongues et légèrement pointues, et dont le bout est occasionnellement dentelé. Ses fruits blanchâtres, parfois rayés de rouge, poussent en grappes. Attention, il suffit de la toucher pour que sa sève, qui contient une substance extrêmement urticante, crée des urticaires et des dermatites chez 85 à 95 % des gens.Vous trouverez de très belles fiches descriptives sur le site d’Agriculture Canada (www.mapaq.gouv.qc.ca/dgpar/arico/herbierv/anacherbier toxry.htm) et sur celui du Jardin Botanique de Montréal (http://espa cepourlavie.ca/herbe-la-puce).PréventionÉvitez tout contact. La sève contient une substance huileuse urticante et allergisante : le toxicodendrol. Comme il s’agit d’une huile, cette substance colle et n’est pas soluble dans l’eau.Attention aux vêtements, gants et autres, qui sont entrés en contact avec la plante ! Le mieux est de les jeter. Sinon, il faut les laver à l’eau chaude savonneuse, deux fois plutôt qu’une.Lorsqu’il y a eu contact avec l’herbe à la puce et que s’ensuit une réaction allergique, le liquide qui s’écoule des vésicules pourrait aussi contenir la substance urticante. Ceci est controversé, mais dans le doute…Le Jardin botanique de Montréal (http://espacepourlavie.ca/herbe-la-puce) offre des conseils pour éradiquer cette plante.MytheLa dermatite revient tous les ans… pour 7 ans (7-year itch). C’est faux !Traitement des dermatites urticantesPremièrement, bien laver à l’eau chaude courante avec du savon aussitôt que possible après le contact avec la plante. Pour l’herbe à la puce, il ne se passe que 10 minutes environ entre le contact et le début de la réaction.Solutions pharmacologiques Certains auteurs suggèrent de nettoyer à l’alcool pour « dissoudre et éliminer » la toxine. Ceci est loin d’être prouvé; Application de compresses Buro-SolMD; Onguent de zinc (d’une efficacité douteuse);Calamine pour soulager et absorber;Crème de cortisone pour diminuer l’inflammation;Antihistaminiques parfois utilisés, mais ne soulagent que partiellement la démangeaison.Solution de rechange Gel d’aloès, pour son pouvoir rafraîchissant et cicatrisant;L’argile peut faire le même travail que le Buro-SolMD ou la calamine;Pommade ou compresse à la consoude;Si vos patients demandent un produit homéopathique, Rhus tox 15 CH serait efficace selon les homéopathes.Néprun cathartique(Rhamnus cathartica)Le néprun est une plante adventice potentiellement dangereuse, mais tellement jolie ! C’est un arbuste qui peut atteindre 6 mètres (20 pieds) de hauteur. Ses feuilles ovales d’un vert foncé très attrayant sont nervurées et relativement lustrées. Ses fruits ressemblent à de petites cerises noires.Le néprun a été introduit aux 18e et 19e siècles. Utilisé comme plante de haie, il s’est disséminé un peu partout parce qu’il est très résistant et s’adapte à toutes sortes de milieux. De plus, certains oiseaux participent à sa propagation.Le néprun pousse souvent en ville, dans les haies et les terrains vagues. Ses fruits sont très attirants, surtout pour les enfants, mais attention : ils sont non seulement laxatifs, mais aussi violemment purgatifs !Il ne faut pas confondre le néprun avec le merisier, ou cerise sauvage, qui donne des fruits plus pâles, ni avec la cerise à grappes (qui pousse en grappes).Morelle noire(Solanum nigrum)La morelle noire est une petite plante annuelle vert foncé, de la même famille que la tomate (solanacée), et qui ne dépasse pas 60 cm de haut. Elle atteint habituellement quelques pouces à peine. Ses fruits noirs succèdent à de jolies fleurs blanches en forme d’étoiles qui poussent sous les tiges.La plante entière (surtout les fruits non mûrs) contient des substances de la famille de la belladone (solanine) qui, lorsque consommées, provoquent divers symptômes comme une vision brouillée, des maux de ventre, etc. Elle peut être mortelle. En cas de consommation, faites appel au Centre antipoison du Québec.Douce-amère(Solanum dulcamara)Cette plante est aussi connue sous le nom de morelle douce-amère. Sa tige ligneuse est très souple et peut atteindre 3 mètres de haut. Ses fruits sont rouges et très attirants et sa fleur est violette avec un cœur jaune.La toxicité de la douce-amère est moindre que celle de la morelle noire, mais elle contient les mêmes substances et peut occasionner des maux de ventre. D’ailleurs, les tiges de toutes les plantes de la famille des solanacées (tomate, patate, piment, aubergine, etc.) sont toxiques et peuvent contenir diverses concentrations de ces substances. En cas de consommation importante, faites appel au Centre antipoison du Québec.Herbe à poux(Ambrosia artemisiifolia L.)L’herbe à poux est responsable d’une grande partie des allergies et des rhumes des foins du mois de juillet jusqu’aux gelées (en octobre ou novembre et, avec le réchauffement, peut-être jusqu’en décembre). C’est une mauvaise herbe très répandue. Elle est originaire des prairies et suit les peuplements humains. Cette plante annuelle est inoffensive au toucher; c’est son pollen qui dérange.Ses feuilles fortement dentelées peuvent rappeler celles des fougères ou des carottes. On la distingue facilement grâce à sa tige qui comporte des fleurs ressemblant à une série de petits chapeaux sans véritable pétale. Sa taille varie de quelques centimètres à près d’un mètre.L’herbe à poux est un problème sérieux qui pourrait être assez facilement résolu si tout le monde le prenait au sérieux. La solution : l’arracher ! Encouragez vos patients à le faire.

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