Plan de santé de Dubé: Les syndicats de médecins réagissent

«On salue le changement de ton du gouvernement qui souhaite travailler en collaboration avec un mode non coercitif et non pénalisant. On salue aussi le fait que le gouvernement a agi avec lucidité en ne promettant plus un médecin de famille pour chaque québécois en réalisant que c’était une mission impossible», a affirmé le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot, en entrevue à ProfessionSanté.ca. Selon lui, la pression de la première ligne ne peut plus être mise uniquement sur les médecins de famille en raison du manque criant de ressources. «Il y a environ 1000 médecins de famille de moins que de médecins spécialistes au Québec, alors qu’ailleurs au Canada, 51% des médecins sont des médecins de famille. Les omnipraticiens font plus de deuxième ligne qu’ailleurs dans le pays et nous avons donc moins d’effectifs pour offrir des services aux patients», ajoute-t-il, soulignant l’importance de la collaboration interprofessionnelle dans l’accès aux soins. Le Dr Amyot se réjouit du projet de guichet d’accès à la première ligne (GAP) qui permettra à plusieurs autres professionnels de la santé, comme les ergothérapeutes, les pharmaciens ou les travailleurs sociaux, d’être la porte d’entrée du système de soins. Selon lui, le GAP diminuera la surcharge des médecins de famille. «Nous pouvons faire partie de la solution pour un meilleur accès aux soins de première ligne, mais nous ne pouvons pas être l’unique solution. Lorsque le GAP va juger que le patient a besoin d’une consultation médicale, les médecins de famille vont répondre présents», ajoute-t-il. Le patient doit avoir accès au bon professionnel au bon moment, soutient la FMOQ. Valorisation de la médecine familiale Valoriser la médecine familiale est un autre objectif du ministre Dubé mentionné dans son plan de «refondation» du système. En effet, depuis 2013, 400 postes de résidence en médecine familiale n’ont pas été pourvus, rapporte la FMOQ. Pour la Fédération, cet élément est crucial puisqu'avoir 400 médecins de famille de plus dans le réseau aurait pu avoir un impact positif important sur le système de santé. «Il est temps que l’on fasse comme on fait avec un patient: il faut poser un diagnostic et se demander pourquoi la médecine familiale n’est plus attractive pour les étudiants en médecine. Une fois le diagnostic fait, nous pourrons faire un plan», explique le Dr Amyot. Il avance toutefois qu’il croit que le climat politique et le climat médiatique ont un impact négatif sur la vision de la population envers les médecins de famille. «Quand on entend partout dans les médias que les médecins de famille auront des pénalités s’ils ne prennent pas plus de patients, comme ça a été le cas avec la loi 20, ce n’est pas très attirant pour les étudiants», avance le président de la FMOQ. Changer le mode de rémunération? Le plan du ministre Dubé stipule également avoir comme objectif de changer le mode de rémunération des médecins de famille pour avoir une plus grande part de capitation. La FMOQ se dit ouverte à cette proposition. «Nous étions en discussion avec le gouvernement jusqu’en novembre 2019 sur le sujet et étions sur le bord d’une entente, mais la pandémie est arrivée», explique le président de la FMOQ. Il ajoute que la Fédération est toujours en train d’évaluer la proposition. «Nous pensons que la portion de rémunération à l’acte doit être plus importante que par capitation. On est toutefois prêt à retourner à la table des négociations.» Le Dr Amyot précise néanmoins que s’il y a un changement du mode de rémunération, il faudra prendre en considération les médecins de famille qui font aussi des quarts de travail à l’urgence ou en obstétrique, par exemple, qui pourraient avoir moins de patients inscrits à leur nom qu’un médecin de famille qui fait uniquement de la prise en charge. Changement de culture De son côté, dans un communiqué, le Dr Vincent Oliva, président de la FMSQ, a salué le plan proposé par Christian Dubé et sa volonté de «colmater les brèches d’un réseau affaibli». Il note néanmoins «qu’à chaque fois, les réformes ont échoué à l’étape du déploiement» et estime que le succès du plan nécessite «la priorisation d'un changement de culture en faisant confiance au terrain et en lui donnant l’autonomie nécessaire». «Nous prenons l’engagement de joindre notre voix à cette refondation et nous proposerons dans les prochaines semaines des approches innovantes pour soutenir le gouvernement dans la réalisation de son plan», a assuré le Dr Oliva. Des conclusions similaires Sur le réseau social Twitter, le Collège des médecins s’est réjoui de voir le ministre Dubé vouloir «élargir la première ligne à d’autres professionnels de la santé», ce qui «permet un accès plus rapide aux soins pertinents». De plus, l’ordre professionnel a souligné que plusieurs aspects de ce plan de refondation vont dans le sens de ses conclusions sur son chantier sur l’accès aux soins, notamment le décloisonnement de champs de pratique, la modernisation technologique des plateformes, l’élargissement de la télésanté et la revalorisation de la médecine familiale.

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