PL67: l'OPQ salue «une avancée extraordinaire»

Sans surprise, le président de l'Ordre des pharmaciens (OPQ) Jean-François Desgagné n'a pas tari d'éloges sur les élargissements du champ de pratique prévus par le PL67. En levant les contraintes administratives et les freins qui limitent actuellement les interventions des pharmaciens, mais aussi en ouvrant la possibilité de poser un diagnostic en santé mentale à davantage de professionnels, «ce projet de loi constitue une avancée extraordinaire pour le domaine de la pharmacie et pour les patient(e)s», peut-on lire dans le mémoire de l'Ordre publié un peu plus tôt sur son site. Égrenant quelques chiffres, le président de l'OPQ a ainsi mentionné les plus de 5 millions de nouvelles ordonnances émises par des pharmaciens en 2022 (soit 17,6% du total), mais aussi l'augmentation de 424% du nombre traitements pour des conditions mineures initiés en pharmacie et de 1080% pour les modifications de thérapies médicamenteuses depuis l'adoption de la précédente Loi sur la pharmacie. Le titre de spécialiste pour assurer un accès aux soins équitableJean-François Desgagné est ensuite rapidement passé à la principale, si ce n'est l'unique, doléance de l'Ordre concernant le projet de loi: la non-reconnaissance de la spécialisation des pharmaciens détenant une maîtrise en pharmacothérapie avancée (MPA). «Créer un titre de spécialiste permettrait d’octroyer des droits de pratique similaires pour l’ensemble des détenteurs et détentrices de la maîtrise en pharmacothérapie avancée, ce qui assurerait un accès équitable à des soins à travers le Québec», a-t-il ainsi expliqué.À lire aussi: «Une confiance bien méritée»Le Président de l’Ordre a pris l’exemple de l’Angleterre, où les pharmaciens ont acquis le droit de prescrire depuis le début de l’année: ils traitent désormais 4% des consultations à l’urgence des hôpitaux. «Ramené à l’échelle du Québec, cela correspondrait à 150 000 consultations chaque année.» La plupart des interrogations soulevées par la présidente du Conseil du Trésor Sonia LeBel ainsi que les députés de l’opposition ont concerné les ententes de pratique avancée en pharmacothérapie (EPAP), qui permettent déjà aux pharmaciens de prescrire via un accord signé avec d’autres équipes médicales. Un superbe projet-pilote qui montre aujourd’hui ses limites, a argué Patrick Boudreault, directeur principal de la Direction de la qualité de l’exercice et des relations partenaires de l'OPQ, illustrant son propos: «un pharmacien en oncologie ne pourra pas agir de la même manière auprès de son patient si celui-ci va à l’urgence et sort du cadre de l'EPAP. Il va devoir soumettre des suggestions à l’urgentiste, et sera moins efficace.» En outre, les 900 EPAP du Québec génèrent aujourd’hui beaucoup de paperasse, rendant in fine le corridor de services inéquitable et moins efficace, selon les représentants de l'Ordre. À lire aussi: L'APPSQ exprime «certaines réserves» sur le PL67Pour y remédier, l’Ordre souhaiterait donc donner aux 1500 pharmaciens détenteurs d’une MPA le droit de prescrire pour tous les patients, pas seulement les patients stables comme le mentionne aujourd’hui le PL67. Sonia LeBel préfèrerait «ouvrir les services» plutôt que de créer un titreEn plus de faciliter l’accès en identifiant mieux les corridors de service et de soutenir les pharmaciens communautaires, ce titre de spécialiste permettrait à l’Ordre de garder un contrôle sur la pertinence de la formation et de reconnaître des équivalences pour les pharmaciens étrangers. «Ces pharmaciens [titulaires d’une MPA] sont dans tous les établissements de santé et les GMF, a ajouté Jean-François Desgagné. L’Université de Montréal développe une maîtrise en pharmacothérapie avancée en ambulatoire, donc il va y en avoir de plus en plus.» À lire aussi: GMF: renforcer la collaboration en amont de la consultation médicale pour améliorer l’accèsSi l’idée a semblé faire son chemin chez les députés de l’opposition, la présidente du Conseil du Trésor est apparue plus dubitative, en proposant de faire passer ce pouvoir accru de prescription par règlement. «Je suis plutôt dans une mouvance d’ouvrir les services professionnels plutôt que de créer un autre titre qui amènerait un effet de carcan.» Plusieurs autres recommandations ont été formulées par l’Ordre dans son mémoire: Modifier l’article 27 de la Loi sur la pharmacie afin d’y ajouter les notions d’administrateur(rice), de fondateur(rice) et de membre pour mieux encadrer les personnes morales sans but lucratif.Simplifier le processus d’approbation d’un projet pilote.Abroger l’article 21 de la Loi sur la pharmacie concernant la substitution des médicaments, déjà inscrit dans l’article 17 et les règlements.Fait rare, l’une des recommandations de l’Ordre a été immédiatement approuvée par la présidente du Conseil du Trésor, soit l’ajout d’un article à la Loi sur la pharmacie concernant l’interdiction des entraves aux enquêtes réalisées au sein des établissements de santé.

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