Pharmacie: les syndicats accueillent favorablement le plan du ministre Dubé

«Le diagnostic de la situation actuelle est bon et les solutions envisagées me semblent bonnes aussi. Reste à voir comment ça va être mis en place», affirme le président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), Benoit Morin, en entrevue à ProfessionSanté.ca. Le plan de 80 pages présenté mardi matin par Christian Dubé rapporte qu’il faut continuer à aller de l’avant avec l’adoption de lois et règlements donnant plus de pouvoirs et d’autonomie aux pharmaciens. «Facilement accessibles et bénéficiant désormais d’une autonomie accrue, ils sont efficaces pour assurer une continuité dans les soins donnés aux patients», indique le document. Tout comme le gouvernement Legault, Benoit Morin souhaite que les pharmaciens communautaires aient plus d’autonomie. «Nous pourrions par exemple avoir le droit d’ajuster la dose de plus de médicaments que ce qui est actuellement prescrit, prescrire des médicaments contre la douleur aux patients atteints de zona, ou encore nous donner plus d’autonomie d’intervention dans les conditions mineures», a-t-il ajouté. Le but de cette autonomie serait, au final, d’éviter l’intervention d’un médecin dans un cas où la prise en charge pourrait se faire par un pharmacien. «L’avantage d’utiliser l’expertise d’un pharmacien, c’est que ça ne cannibalise pas les ressources du réseau public. Il faut toutefois s’assurer d’avoir les ressources nécessaires en pharmacie pour que ce soit possible», précise Benoit Morin, en mentionnant entre autres la pénurie de personnel actuelle en pharmacie. Par ailleurs, Benoit Morin salue la création du guichet d’accès à la première ligne (GAP), mais souhaite que les pharmaciens puissent plus facilement diriger les patients vers un autre professionnel de la santé. Il souhaite également que toutes les pharmacies communautaires de la province soient impliquées dans le GAP et pas seulement certaines pharmacies désignées. «Il faut laisser la chance au coureur» De son côté, le président de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), François Paradis, constate que ce plan de refondation est ambitieux, mais qu’«il faut laisser la chance au coureur». «C’est un ministre qui a une nouvelle vision des choses et qui propose un plan de match très concret», affirme-t-il. Celui-ci souhaite que les pharmaciens d’établissement fassent partie de la solution pour contribuer à diminuer les durées d’hospitalisation et les réhospitalisations. Par contre, pour contribuer à leur juste valeur dans le réseau de la santé, les pharmaciens d’établissements doivent être plus nombreux, estime François Paradis. «Avec le nombre de postes actuellement, nous ne sommes pas en mesure d’être présents partout dans les établissements du Québec.» Selon lui, il faut augmenter le nombre de places à la maîtrise en pharmacie. À l’heure actuelle, de 90 à 100 étudiants graduent chaque année alors qu’il en faudrait environ un peu plus de 130, calcule l’APES. Pour attirer ces étudiants, il faut avant tout valoriser la profession, croit François Paradis. En conférence de presse, mardi, le ministre de la Santé a promis de valoriser les professions de la santé. Établir des trajectoires Finalement, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) s’est réjoui de la volonté du gouvernement de mettre à contribution l’expertise des pharmaciens pour assurer une meilleure prise en charge des patients en première ligne. «La pandémie a démontré la capacité des pharmaciens à mettre à contribution leurs nouvelles activités professionnelles comme la vaccination, l’ajustement et la prolongation d’ordonnances, mentionne le président de l’OPQ, Bertrand Bolduc. Maintenant, il faut travailler à établir des trajectoires pour que chaque patient sache où se diriger lorsqu’il a un besoin de santé. En d’autres termes, savoir qui fait quoi, quand!» Selon lui, le guichet d’accès à la première ligne a fait la démonstration que les pharmaciens peuvent contribuer à désengorger la première ligne. Cela est possible pourvu qu’une réflexion soit menée sur la façon de diriger chacun des patients, en fonction des besoins. L’ordre professionnel profite de la publication du plan de refondation du système de santé pour rappeler les solutions pour soulager la première ligne: éviter le dédoublement des responsabilités, prévoir des corridors de traitements, préciser le rôle et la place de chaque professionnel et assurer un système de tri solide pour offrir de meilleurs soins et services. «Il n'est pas normal qu'un patient se retrouve à l'urgence pour un renouvellement d'ordonnances, ou qu'une patiente engorge la clinique pour une infection urinaire récurrente», soutient Bertrand Bolduc.

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