On pensait bien être sortis du bois

Puisque la météo n’a pas été au rendez-vous cet été, nous avons oublié rapidement combien cet été a été «normal» par rapport aux trois étés précédents. Pas de masques, presque plus de cloisons de plexiglas, et dans nos hôpitaux, plus de restrictions sanitaires pour les visites sauf pour nos patients vulnérables. Dans cet été de météo variable, de nouveaux nuages s’approchent cependant. Le nouveau variant Eris (EG.5) a fait son apparition dans le monde au printemps et serait jusqu’à 20% plus transmissible. Tout récemment un nouveau variant d’intérêt est apparu, le BA.2.86 qui comporte plus de 30 mutations sur la protéine spicule. Déjà, un premier cas est rapporté au Canada. On se demande quels impacts auront ces variations sur la réponse au vaccin et aux traitements. À lire aussi: Terminés les conseils en pharmacie!? Mine de rien, en date du 28 août, il y avait tout de même 710 personnes hospitalisées avec la COVID dont 15 aux soins intensifs. Ce nombre demeure important; 710 lits c’est deux gros hôpitaux de moins au Québec! Le taux de positivité des tests s’élève maintenant à 14,3% alors qu’il était à environ 4% à la fin de juin. Clairement, il se passe quelque chose. Certains observateurs craignent qu’avec la rentrée des classes, cette tendance s’accélère. Nous croyions que cette pandémie était derrière nous. Or, il est de plus en plus plausible que nous assistions à l’installation d’une nouvelle maladie. Avec les mutations qui se présentent sur ce virus, cela signifie qu’il se réplique et est donc bien actif. Il semble que les récents variants soient plus contagieux mais moins virulents. Nous connaissons mieux la maladie et sommes peut-être mieux armés pour la traiter. Avec le recul et l’expérience, on en apprend plus sur le «syndrome post COVID» ou la COVID longue. Probablement qu’au moins 20% des personnes qui ont eu la COVID garderont des symptômes d’intensité variable par la suite, même ceux asymptomatiques1. Il s’agit probablement d’une des raisons les plus importantes pour prévenir autant que possible l’infection. Une «grosse grippe» qui dure 10 jours est incommodante, mais une «grosse grippe» qui dure plusieurs mois est difficile à accepter et à vivre. À lire aussi: Tant pis pour eux Ce n’est que ce printemps qu’une étude a enfin été publiée pour tenter de définir les séquelles d’une infection à la COVID, appelée la COVID longue2. Il était temps. Les symptômes retenus sont: malaise post-effort, fatigue, brouillard cérébral, étourdissements, symptômes gastro-intestinaux, palpitations, changements dans le désir ou la capacité sexuelle, perte ou changement d’odorat ou de goût, soif, toux chronique, douleur thoracique et transit intestinal anormal. Heureusement, des progrès sont aussi notés dans la prévention de la COVID longue. En effet, dans une prépublication de la revue The Lancet, la bonne vieille metformine a démontré des bénéfices en réduisant de 42% le risque de COVID longue. Bref, nous progressons, mais ce virus aussi. Il nous faut demeurer vigilants, ne pas baisser la garde trop vite. Comme professionnels de la santé, c’est notre devoir. Mais nous sommes comme tout le monde et on se serait bien passés de cette nouvelle maladie qui n’en finit plus d’évoluer. 1. Neurol Neuroimmunol Neuroinflamm Nov 2023, 10 (6) e200159; 2. JAMA. 2023;329(22):1934-1946

Interaxions

On pensait bien être sortis du bois

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Derrière ce blogue:

Marc Parent

Catégories connexes