Patient décédé du cancer: un urologue reconnaît un manque de suivi et de supervision

Les trois chefs d’accusation pour lesquels Jocelyn Bazinet a reconnu sa culpabilité concernent le manque de suivi, le manque de supervision d’un stagiaire et la rédaction de notes incomplètes au dossier du patient. En octobre 2016, le médecin spécialiste suspecte une possible récidive de cancer de la vessie chez son patient après une cystoscopie de contrôle. Or, des examens qui auraient pu être réalisés, dont une tomodensitométrie (TDM), sont retardés puisque le patient doit bientôt s'envoler vers les Açores pour l’hiver. À son retour de voyage, le 31 mai 2017, l’homme est vu par un urologue français qui est supervisé par le Dr Bazinet dans le cadre d'un stage d’observation au Québec. Le stagiaire effectue une cystoscopie sur le patient. Ce dernier quitte l'établissement sans avoir vu le Dr Bazinet, occupé alors par une chirurgie. Le médecin discute par la suite du cas du patient avec le stagiaire, mais sans consulter son dossier. «Si l’intimé avait regardé le dossier, il aurait réalisé d’une part, que la TDM n’a pas été demandée, et d’autre part, que la note qu’il avait antérieurement laissée au dossier n’indiquait pas clairement ce plan de traitement», indique la décision disciplinaire. Quelques mois tard, le patient se présente à l’urgence, car il constate du sang dans son urine. Peu de temps après, une TDM est réalisée. Le rapport fait état d’une récidive du cancer et de la présence de métastases. À ce moment, l’état du patient est incurable. Le médecin lui annonce la mauvaise nouvelle en lui mentionnant qu’il «avait manqué un scan». Le patient est décédé des suites de son cancer le 27 décembre 2018. Manque de rigueur Selon le rapport d'expertise du Dr Paul Perrotte, uro-oncologue, le délai diagnostique (excluant celui lié au voyage du patient) a compromis les chances de traitement avec succès de ce patient. De son côté, le conseil de discipline du Collège des médecins affirme que les omissions reprochées à l’urologue se situent au cœur de la profession médicale. «Celles-ci ont un impact direct sur le patient et sont intimement liées au suivi nécessaire à la préservation de son état de santé», indique le conseil de discipline, ajoutant que le médecin «a manqué de jugement, de vigilance et de rigueur». De son côté, le Dr Jocelyn Bazinet, qui compte 15 ans d’expérience, a admis son erreur dès le début et s’est excusé auprès de son patient. Il reconnaît s’être fié aveuglément sur le stagiaire qu’il supervisait et avoue avoir failli à sa responsabilité. Afin d’éviter que cette situation se reproduise, le nombre de patients qu’il rencontre a été réduit de 30 à 20 et il ne supervise plus d’étudiants. Le Dr Bazinet a également renoncé à son poste de chef de département à l’Hôtel-Dieu de Lévis. La radiation de deux mois, qui est une recommandation conjointe du plaignant et de l’intimé, débutera le 4 mars prochain.

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