«Pas de consensus au sein de la profession infirmière» – Dr Pierre Durand

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert, a rendu public mercredi le rapport qu’il avait commandé en décembre 2012 pour évaluer si un rehaussement de la norme d’entrée à la profession infirmière est nécessaire.Le rapport est issu des travaux d’un groupe présidé par le Dr Pierre Durand, ancien doyen de la Faculté de médecine de l’Université Laval, qui comptait des représentants du réseau de la santé, du milieu collégial et universitaire, ainsi que des représentants des milieux syndicaux.« Nous tenons à réitérer l’importance de rehausser la formation des infirmières de la relève au niveau universitaire, explique Pierre Durand dans la conclusion du rapport. Ce rehaussement nous apparaît comme un incontournable pour répondre aux besoins évolutifs de la population et pour améliorer la performance du système de santé. »Or, le président du groupe de travail a constaté qu’il n’y avait pas de consensus qui se dégageait sur l’importance de mettre en place prochainement des mesures pour rehausser la norme d’entrée à la profession, tel que le demandait notamment l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).« L’absence de consensus au sein de la profession infirmière est un obstacle majeur pour réaliser ce rehaussement, souligne Pierre Durand. Les leaders de la profession du Québec devront convenir de ce qu’ils souhaitent pour l’avenir de leur profession. »Le président du groupe de travail suggère donc au ministre Hébert de réaliser « une étude sectorielle prospective » qui permettrait de « rallier les experts de la profession autour d’une vision commune ».Réjean Hébert réagitLors d’une entrevue avec Profession Santé, le ministre Hébert a appuyé les conclusions du président du groupe de travail. « Nous sommes devant une situation où il n’y a pas de consensus sur la question du baccalauréat, constate-t-il. Le seul consensus qui ressort du groupe de travail est sur l’importance de maintenir un diplôme collégial qualifiant. »« Sans consensus, je crois donc qu’il serait malvenu d’aller de l’avant vers le baccalauréat obligatoire comme le demandait l’Ordre », poursuit le ministre.Tel que le propose Pierre Durand, Réjean Hébert a demandé que son ministère, en partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, réalise une analyse afin de confirmer les besoins du réseau par rapport à la main-d’œuvre infirmière.« Nous allons notamment clarifier quelles sont les compétences requises pour les infirmières formées au collégial et celles formées à l’université, explique-t-il. Nous allons également établir quels sont les postes où une formation universitaire est nécessaire. »Selon lui, cette analyse se traduira notamment par une meilleure compréhension des distinctions qui devraient exister dans les tâches réalisées par les infirmières possédant un diplôme collégial et celles possédant un baccalauréat.« C’est aberrant que quelqu’un qui a une formation plus longue occupe le même poste qu’une personne ayant un diplôme collégial. Il faut mieux utiliser les compétences de celles qui ont obtenu des compétences supplémentaires », souligne-t-il.« Après avoir établi les compétences, nous allons pouvoir réviser les programmes au collégial et à l’université », poursuit le ministre.Le ministre souligne par ailleurs que son gouvernement reste préoccupé par l’accès à la formation collégiale dans l’ensemble du Québec. « Nous voulons nous assurer que le DEC-BAC soit accessible dans tout le Québec, notamment dans des régions comme la Côte-Nord. »Comparer le Québec aux autres provinces ?Dans son argumentaire, l’Ordre a souvent mis l’accent sur le fait que le Québec était l’une des rares provinces à ne pas avoir fait du baccalauréat une norme d’entrée à la profession infirmière. Le Québec ferait également figure d’exception si on le compare à plusieurs pays européens.D’autres intervenants du groupe de travail ont cependant rejeté ce point de vue défendu par l’Ordre, soulignant que le Québec était dans une situation différente puisque c’est la seule province à disposer de cégeps.Bien qu’il ne désire pas reprendre à son compte les arguments mis de l’avant par le groupe de travail, Réjean Hébert estime que le Québec est bel et bien dans une situation différente des autres pays ou provinces. « Pour avoir travaillé en France, je peux le dire : nos infirmières sont mieux formées ici que là-bas. »D'autres réactionsDans la foulée de l’annonce du ministre, la Fédération des cégeps, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ) et les trois fédérations du collégial de la CSQ ont émis des communiqués pour souligner qu’ils accueillaient favorablement la décision du ministre.L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a pour sa part fait valoir sa « déception » et son « incompréhension » à l'égard de la décision du ministre. Selon la présidente et directrice générale de l’Ordre, Lucie Tremblay, l'OIIQ a produit une documentation rigoureuse et abondante traitant de tous les aspects pour étayer la décision de rehausser la norme d’entrée.« Le gouvernement du Québec disposait de tous les éléments pour prendre la décision maintenant de fixer la norme d'entrée à la profession infirmière au niveau du baccalauréat et amorcer immédiatement les travaux de transition », souligne-t-elle.Pour consulter le rapport.

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