Parkinson: une intervention téléphonique qui évite de nombreuses visites à l’urgence

Un service d'intervention téléphonique mis sur pied par une pharmacienne a considérablement réduit le nombre de visites aux urgences des patients atteints de la maladie de Parkinson. L’intervention téléphonique fait partie des activités de la clinique gériatrique spécialisée du North York General Hospital de Toronto pour les patients atteints de la maladie de Parkinson. Ce programme d'intervention a évolué naturellement, car les patients appelaient directement à la clinique et Greta Mah, pharmacienne clinicienne, répondait aux appels puisque les patients la connaissaient déjà du fait de leurs consultations régulières. «Je me suis dit que, puisque je répondais à tous ces appels téléphoniques, je voulais voir si ce travail faisait une différence», a-t-elle expliqué. Greta Mah est également pharmacienne clinicienne à l'hôpital de jour en gériatrie. Greta Mah et ses collègues ont examiné les données de tous les appels à la clinique en 2016. Il y a eu un total de 337 appels concernant 114 patients, la majorité des appels provenant de soignants. Vingt-quatre pour cent des appels étaient des appels de crise, où l'appelant envisageait de se rendre au service d'urgence. Plus de 93% de ces appels ont permis d'éviter un déplacement aux urgences. «Très souvent, nous pouvons résoudre le problème en ajustant la médication», a expliqué Greta Mah. Le programme d'intervention téléphonique dessert les patients ayant des besoins complexes, dont l'âge moyen est de 80 ans. Les patients prenaient en moyenne dix médicaments, dont 44% prenaient plus de 11 médicaments. Greta Mah a indiqué que si trois de ces médicaments pouvaient être utilisés contre les symptômes de la maladie de Parkinson, les autres traitaient généralement d'autres symptômes ou maladies tels que le diabète, l'hypertrophie de la prostate ou l'hypertension. Plus de la moitié des patients avaient une ou plusieurs comorbidités et 43% avaient plus de 10 comorbidités. Alors que 18% des appels concernaient les symptômes moteurs, 27% concernaient les symptômes non moteurs et 21% les effets indésirables des médicaments. Les autres appelants cherchaient de l'information ou des conseils sur les médicaments, une orientation vers des services ou des renouvellements d’ordonnance. Greta Mah explique qu'en écoutant les symptômes rapportés, elle juge s’ils peuvent être causés par des médicaments ou s’ils peuvent être améliorés par un changement de médication. Les patients atteints de la maladie de Parkinson ont souvent une pression artérielle fluctuante, une fonction intestinale altérée, un contrôle de la vessie affaibli ou des mictions fréquentes. Dans de nombreux cas, «si ce n’est pas pris en charge plus tôt, ça peut devenir une urgence médicale», a ajouté la pharmacienne. Les troubles du sommeil tels que l'insomnie ou les réveils fréquents sont une autre plainte courante. Il y a souvent un risque de démence qui peut entraîner des hallucinations visuelles ou de l'agitation. «Nous voulons empêcher ce type d'hallucination avant qu'il ne devienne trop grave», a-t-elle expliqué. Greta Mah a affirmé que les soignants ne savent pas toujours quoi faire, ils appellent donc le 911. Par exemple, les patients peuvent s'évanouir le matin en raison d'une hypotension orthostatique. Si les soignants appellent la clinique avant le 911, l'hypotension peut être prise en charge et prévenir d’autres épisodes dans le futur. La pharmacienne et ses collègues ont fait circuler un sondage sur la satisfaction des utilisateurs. Ils ont constaté que 97,4% des patients étaient satisfaits du service d'intervention téléphonique et 92% des appelants étaient d'accord ou fortement d'accord pour dire qu'ils avaient suffisamment confiance dans le service d'intervention téléphonique pour toujours contacter la clinique avant de se rendre à l'urgence. «Il est très encourageant de savoir que les patients nous ont donné un classement aussi élevé après que nous leur avons fait remplir le sondage anonyme. C'est très rassurant», a-t-elle dit. La pharmacienne est impliquée dans la clinique gériatrique pour la maladie de Parkinson depuis sa création, en 2007. Elle a une formation en pharmacie gériatrique et a suivi un cours de l'American Parkinson's Foundation. Elle a expliqué qu'elle pourrait même être la seule pharmacienne canadienne ayant une formation en médecine gériatrique à se spécialiser dans les soins de la maladie de Parkinson. Tous les pharmaciens peuvent postuler et obtenir une certification auprès de la Fondation Parkinson, a-t-elle précisé. Greta Mah a également suivi des neurologues dans le cadre de sa formation. «Dans ce contexte clinique, j'ai beaucoup de contacts avec les neurologues», a-t-elle ajouté. Elle est également coordonnatrice du programme d'éducation et d'exercice Fanny Bernstein Living Well with Parkinson's. «Au cours des 15 dernières années, j'ai vu des milliers de personnes atteintes de la maladie de Parkinson», a-t-elle souligné. Certaines cliniques demandent aux pharmaciens de dresser un historique des médicaments, mais Greta Mah croit que les pharmaciens peuvent faire plus. «J'ai l'impression que la formation des pharmaciens est sous-utilisée.» Statistique Canada et l'Agence de la santé publique du Canada estiment que le nombre de personnes atteintes de la maladie de Parkinson doublera pour atteindre plus de 163 700 entre 2011 et 2031. L'incidence de la maladie augmente avec l'âge, et 85% des personnes diagnostiquées avec la maladie de Parkinson ont plus de 65 ans. À mesure que le nombre de patients âgés atteints de la maladie de Parkinson augmente, il est de plus en plus nécessaire de se concentrer sur ces patients, en particulier en cas de polypharmacie, a indiqué Greta Mah. «Nous voyons la nécessité d'encourager l'adoption de ce modèle dans d'autres centres de santé ou centres de troubles du mouvement. Ils doivent accorder une attention particulière à la population âgée, car nous ne traitons pas seulement une maladie, nous traitons beaucoup de soi-disant symptômes non physiques», a-t-elle expliqué. Elle a noté que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ont des taux élevés d'hospitalisation et de réadmission. Des études ont montré que l'une des principales raisons de l'hospitalisation est l'effet indésirable des médicaments. «Si l'hôpital veut investir de l'argent dans un groupe de patients pour les empêcher de revenir, je dirais que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson et les personnes âgées méritent certainement cette attention particulière», a affirmé Greta Mah. L'étude a été publiée dans un numéro récent du Canadian Journal of Neurological Sciences

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