Parkinson: des signes avant-coureurs moins connus à l’étude

Les manifestations précoces et non-motrices de la maladie de Parkinson passent parfois sous le radar des médecins de famille, alors qu’elles sont cruciales pour établir un diagnostic tôt, selon le Dr Ronald Postuma, professeur de neurologie à l’Université McGill, médecin clinicien et chercheur au Neuro . Le Dr Postuma est à la tête de la section montréalaise du projet de recherche sur les marqueurs de progression de la maladie (PPMI). Né aux États-Unis en 2010, le PPMI vient d’être officiellement élargi à trois hôpitaux canadiens: le Western de Toronto, l’hôpital d’Ottawa et le Neuro. Le PPMI a pour mandat de parfaire la recherche sur l’évolution des signes annonciateurs de la maladie afin d’améliorer son diagnostic, son traitement et sa prévention. Un article montrant l'efficacité d'un test pour identifier le biomarqueur alpha-synucléine dans le liquide céphalo-rachidien des patients vient d’ailleurs de paraître dans The Lancet Neurology et a aussi été financé dans le cadre du PPMI. Symptômes à surveiller Bien que les pertes de mémoire et de concentration soient les signes avant-coureurs les plus connus de la maladie, d’autres signes sont aussi à surveiller, souligne le Dr Postuma. Jusqu’à 5% des personnes souffrant de Parkinson présenteraient des symptômes avant-coureurs, note le chercheur. «On réalise maintenant que Parkinson est plus grande que [la forme plus connue de la maladie]», explique-t-il. La perte d’odorat, le trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) et les troubles de l’humeur, peuvent s’avérer être des symptômes précoces lors de la phase prodromique de la maladie. À titre d’exemple, 80% des personnes atteintes par le TCSP développeront la maladie, illustre le chercheur qui se spécialise également dans l’étude des liens entre troubles du sommeil et Parkinson. Graduelles et souvent imperceptibles, les pertes de l’odorat inexpliquées peuvent aussi être associées à Parkinson dans 10 à 15% des cas, poursuit-il. Pour mieux dépister ce signe avant-coureur, la Fondation Michael J. Fox vient d’ailleurs de rendre disponible au Canada sa trousse d’autotest «grattez et sentez», distribuée gratuitement par la poste et bientôt disponible en français. 100 participants recherchés Dans le cadre de ce nouveau projet de recherche, le Neuro concentre ses efforts pour trouver des volontaires parmi trois groupes cibles: les personnes affectées par un TCSP, présentant une perte olfactive permanente, ou ayant un membre de leur famille vivant avec Parkinson. Les Canadiens avec un diagnostic confirmé de Parkinson mais ne prenant pas de traitements sont aussi les bienvenus. «Les médicaments sont si efficaces que cela devient presque impossible de mesurer la maladie», précise cependant le Dr Postuma. Chaque participant sera suivi sur cinq ans, mais le chercheur espère pouvoir continuer le plus longtemps possible. «On veut mesurer Parkinson du commencement à la fin», indique-t-il. Au niveau mondial, la Fondation Michael J. Fox espère dénicher 6000 participants. La grande majorité des sites de recherche du PPMI se situent aux États-Unis, mais certains se trouvent dans d’autres pays comme Israël, le Nigeria, l’Allemagne ou le Canada. «Les gênes sont différents autour du monde», ce qui pourrait avoir un impact sur les résultats de la recherche, explique le neurologue. Bien que Parkinson se manifeste généralement chez les 60-70 ans, elle peut aussi se développer chez les plus jeunes. Michael J. Fox, l’acteur canado-américain ayant créé la fondation éponyme en l’an 2000, a été diagnostiqué à l’âge de 29 ans. Au fil des ans, sa Fondation a investi 1,75 milliard de dollars américains dans la recherche. Le Dr Postuma, engagé dans la lutte contre la maladie de Parkinson depuis une vingtaine d’années, voit désormais une lumière au bout du tunnel. «Je pense qu’on aura une solution dans 15 ans», espère-t-il.

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