Ottawa refuse d'interdire la version générique de l'OxyContin

Le gouvernement fédéral a rejeté les appels des provinces qui lui demandaient de retarder ou d'interdire l'approbation de la version générique de l'OxyContin, dont le brevet a échu le 25 novembre dernier.L'analgésique peut créer une forte dépendance et cause des ravages dans de petites villes et au sein de communautés autochtones éloignées.La ministre de la Santé fédérale, Leona Aglukkaq, a précisé le 19 novembre dernier qu’elle ne s’ingérerait pas dans le processus d’approbation des nouvelles versions génériques d’oxycontin à libération contrôlée.«Il ne devrait pas revenir aux politiciens de déterminer quels médicaments devraient être approuvés à des fins médicales. Le problème d’abus de médicaments d’ordonnance ne se résume pas à une seule pilule, et je veux m’assurer que les patients légitimes ont un accès à des médicaments que les scientifiques de Santé Canada jugent sûrs et efficaces lorsqu’ils sont utilisés selon les indications», a déclaré la ministre fédérale de la Santé.Santé Canada ne peut révéler si des fabricants lui ont déjà soumis des demandes d’approbation concernant des génériques de l’OxyContin.C'est justement pour contrer le mésusage de l’oxycodone à libération contrôlée que Purdue Pharma a cessé la fabrication de l’OxyContin pour le remplacer par l’OxyNEO.La nouvelle formulation des comprimés devrait moins permettre de les briser, de les écraser ou de les mâcher. De plus, les comprimés se transforment en une masse gélifiée au contact de l’eau.Oxycodone à libération contrôlée: de nouvelles règles fédéralesPlutôt que d'interdire la version générique du médicament, Ottawa compte obliger les distributeurs d'oxycodone à suivre plus étroitement le cheminement du produit.Ils devront dorénavant signaler les variations importantes des ventes ou les changements marqués dans la distribution, tout en continuant à déclarer les pertes et les vols.«Si des preuves d’abus sont mises à jour, des mesures pouvant aller jusqu’à la révocation des licences les habilitant à se livrer à des activités mettant en cause certains types de médicaments seront prises. Au besoin, le dossier pourrait être transmis aux autorités judiciaires», a indiqué Santé Canada par voie de communiqué.Le rôle des provinces et aux professionnels de la santéLa ministre Aglukkaq demande par ailleurs à ses homologues des provinces et des territoires de discuter avec les associations professionnelles — notamment les ordres professionnels des médecins, des pharmaciens et des dentistes — des nouvelles mesures à mettre en place pour contrer l’abus des médicaments d’ordonnance en général.La ministre les invite notamment à «établir les exigences de formation et les champs d’activités des médecins et autres professionnels ainsi qu’à surveiller les pratiques de prescription».Devraient ainsi faire l’objet de discussion les lignes directrices sur la prescription des médicaments, les programmes pilotes de délivrance des médicaments d’ordonnance et les ententes sur l’assurance de produits.La ministre prévient qu’elle envisagera des mesures supplémentaires pour mieux lutter contre le risque de détournement de médicaments si les actions des provinces et des territoires demeuraient insuffisantes.Le Collège des médecins compte sur la sensibilisation et la surveillance de ses membresLe Collège des médecins du Québec (CMQ) entend discuter de la demande de la ministre fédérale lors d’une prochaine rencontre avec le Dr Réjean Hébert.Le CMQ sensibilise déjà régulièrement ses membres sur l’utilisation adéquate des narcotiques et le risque de vols de carnets d’ordonnances. «Nous leur rappelons d’être bien prudents en ce qui concerne la prescription complaisante», indique le Dr Charles Bernard, président-directeur général du CMQ, à ProfessionSanté.ca.De plus, le Collège vérifie les habitudes de prescription de stupéfiants des médecins lors des inspections professionnelles et des enquêtes du syndic.Certains médecins se voient interdire le droit de prescrire des narcotiques. D’autres demandent eux-mêmes que leur droit de prescrire des stupéfiants soit limité afin de contrer les menaces de toxicomanes.Le CMQ invite les autres professionnels de la santé à l’aviser s’ils soupçonnent une mauvaise habitude de prescription d’un médecin dans le domaine des narcotiques. «Nous sommes très réceptifs», déclare le Dr Bernard, qui précise que tous les signalements font l’objet d’une enquête.Aucune nouvelle mesure à court terme de la part du MSSSDu côté du MSSS, on indique que Réjean Hébert s’intéresse à la question de la toxicomanie, et notamment aux abus liés à l’OxyContin, mais on précise qu’il n’est pas prévu que ce dernier fasse prochainement l’annonce de nouvelles mesures visant à contrer l’abus de médicaments d’ordonnance.L’attaché de presse du ministre, Ariane Lareau, souligne que les versions génériques de l’OxyContin ne sont pas encore sur le marché et qu’elles devront être évaluées au préalable par l’INESSS avant d’être inscrites aux listes de médicaments (RGAM et Établissements).Mme Lareau précise par ailleurs que le MSSS a déjà un plan d’action en place pour contrer la toxicomanie en général.

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