Ontario: des médecins décrient les compétences élargies des pharmaciens

Le Collège des pharmaciens de l’Ontario (OCP, pour Ontario College of Pharmacists) s’est adressé au Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario (CPSO, pour College of Physicians and Surgeons of Ontario) pour lui faire part de ses préoccupations concernant les cliniciens qui refusent de remplir les formulaires du programme MedsCheck et font des déclarations sur les médias sociaux qui «dénigrent l’élargissement du champ d’activité des pharmaciens».Dans une lettre adressée au président du conseil d’administration du CPSO, le Dr Ian Preyra, son homologue de l’OCP, James Morrison, indique que son ordre avait connaissance d’«exemples précis» de médecins qui refusent de remplir les formulaires pour MedsChecks ou pour des affections mineures, certains menaçant de faire payer la pharmacie ou le patient pour compléter cette documentation, voire de mettre fin aux services qu’ils offrent aux patients.«Ces exemples particuliers ont eu lieu dans le contexte de déclarations publiques faites par des médecins sur les médias sociaux qui dénigrent le champ d’exercice élargi des pharmaciens», mentionne James Morrison dans la lettre.MedsCheck est un programme du gouvernement de l’Ontario qui permet aux pharmaciens d’offrir une consultation individuelle de 20 à 30 minutes aux patients afin d’examiner leur médication. Toutefois, ce programme suscite des critiques de la part des médecins qui affirment qu’il ajoute de la paperasse inutile à leur charge de travail, étant donné que les formulaires de MedsCheck doivent être signés par le médecin de famille du patient, même si aucune autre intervention de leur part n’est nécessaire. En outre, les pharmacies peuvent facturer 75 dollars au gouvernement pour une consultation MedsCheck, ce qui est manifestement en décalage avec ce qu’un médecin pourrait facturer pour un service similaire en Ontario.James Morrison souligne que son ordre «comprend que les médecins sont des praticiens très occupés», mais il ajoute que l’envoi de documents par les pharmaciens aux médecins est une exigence du programme MedsCheck.«Les consultations de MedsCheck constituent un service de santé précieux et un programme gouvernemental, dont l’une des exigences est que le pharmacien partage ses évaluations avec les prescripteurs», rappelle-t-il.Les médecins se sont également opposés à l’élargissement du champ d’exercice des pharmaciens. Depuis janvier 2023, l’Ontario autorise les pharmaciens à prescrire et à traiter 13 affections courantes et, le mois dernier, la province a déclaré qu’elle envisageait d’ajouter 14 affections supplémentaires à cette liste.Aucune plainte reçue par le CPSO«Dans ce contexte, l’OCP ne s’attend pas à ce que les médecins réagissent à l’élargissement du champ d’action des pharmaciens par des commentaires vindicatifs et des actions visant des pharmaciens ou des patients en particulier, ou par des déclarations publiques désobligeantes qui peuvent saper la valeur perçue de ces services», écrit James Morrison dans sa lettre. Il la conclut en invitant les dirigeants du CPSO à se réunir pour discuter de ces questions «dans un esprit de collaboration interprofessionnelle».Dans un communiqué envoyé par courriel au Canadian Healthcare Network (la publication sœur de ProfessionSanté.ca ailleurs au Canada), le CPSO déclare qu’il est «conscient des préoccupations des différentes parties prenantes concernées pas ces questions», mais qu’il n’avait reçu aucune plainte ou rapport formel visant les activités des médecins décrites dans la lettre. «Tout rapport ou plainte de ce type serait examiné dans le cadre de notre procédure d’enquête interne habituelle», ajoute le Collège.«Le CPSO s’engage à collaborer avec ses partenaires pour répondre aux préoccupations susceptibles d’avoir un impact sur les soins aux patients et pour garantir des solutions complètes et efficaces en cas de besoin.»De son côté, l’OCP indique qu’il espère entamer «un dialogue collaboratif» avec le CPSO, se refusant à d’autres commentaires tant qu’une réunion n’aura pas été organisée. «Nous espérons rencontrer bientôt les dirigeants du CSPO et partagerons ses résultats lors d’une prochaine réunion du conseil d’administration», ajoute le Collège des pharmaciens dans un courriel transmis au Canadian Healthcare Network.

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