Oncologie: une approche proactive en pharmacie communautaire mène à de meilleurs soins

L’étude rétrospective, publiée dans le Journal of Oncology Pharmacy Practice, a été menée par des pharmaciens de la pharmacie d’expertise Larivière et Massicotte de Montréal. Si les traitements oraux pour le cancer peuvent représenter une approche plus pratique que la chimiothérapie intraveineuse pour les patients ambulatoires, ces derniers doivent assumer une plus grande responsabilité pour leurs propres soins, peut-ont lire dans l’étude. Cela peut ainsi entraîner de nombreux défis pour les cliniciens et les patients, notamment en matière d'adhésion aux médicaments et de résultats de traitement sous-optimaux. «Les patients qui ont des traitements contre le cancer sous forme de pilules à prendre à la maison ont souvent moins de ressources que ceux qui reçoivent la chimiothérapie à l’hôpital. Ils ne savent pas toujours vers qui se tourner s’ils ont besoin d’aide, reconnait Catherine St-Pierre, chercheuse de l’étude. C’est à ce moment que les pharmaciens communautaires peuvent intervenir.» Les chercheurs ont ainsi voulu caractériser la pratique pharmaceutique centrée sur le patient dans le traitement oral (par CDK4/6i) du cancer du sein avancé, en se basant sur les normes de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) et la National Community Oncology Dispensing Association (NCODA). Les deux organisations préconisent une approche centrée sur les patients et sur des suivis serrés et multiples effectués par des pharmaciens communautaires, en plus d'une communication proactive avec les patients et les équipes de soin des autres établissements de santé. «Nous connaissons les standards pratiques des deux organisations et les appliquons, mais nous ne savions pas nécessairement l’impact qu’elles pouvaient avoir dans une pharmacie au Québec ou au Canada», explique Christine Larivière, co-propriétaire de la pharmacie où s’est déroulée l’étude. Sur les 195 patients évalués pour l'éligibilité, 65 ont été inclus dans cette étude rétrospective. Communiquer est la clé Les traitements oraux contre le cancer peuvent nécessiter plusieurs ajustements et requièrent également des tests laboratoires. Il est donc important que tous les professionnels de la santé impliqués dans la trajectoire de soins d’un patient soient en communication, disent les pharmaciennes. Les pharmaciens ont donc communiqué activement avec les équipes d’oncologie des patients, mais aussi avec les autres pharmacies communautaires où ils sont aussi suivis. Ils ont également mis en place un système: ils appellent eux-mêmes les patients pour faire des suivis (en plus d’attendre l'appel des patients), ce qui peut avoir un grand impact sur la prise en charge des effets indésirables du traitement, par exemple, et ultimement sur l’adhésion. «Souvent, si les effets indésirables sont identifiés alors qu’ils sont trop importants, il faut arrêter le traitement quelques jours, ce qui n’est pas du tout l’idéal. De plus, le patient peut se sentir découragé et pourrait être porté à moins bien prendre sa médication», explique la pharmacienne, qui ajoute que d’assurer un suivi régulier avec le patient permet entre autres de déceler et de prendre en charge les effets indésirables dès leur apparition. De plus, cette communication avec le patient permet également aux pharmaciens de s’assurer que la personne prend le traitement comme il le faut et, si ce n’est pas le cas, de s’adapter dans la mesure du possible. L’étude a démontré que l’équipe de pharmaciens avaient en moyenne 7,1 activités cliniques et administratives par cycle de traitement. Parmi elles, 3,1 étaient des communications avec les patients. «Cela démontre que la communication avec les patients va bien plus loin qu'un simple renouvellement du médicament», explique Catherine St-Pierre. La deuxième activité clinique la plus courante était la vérification des résultats des tests de laboratoires, avec une moyenne de 1,9 par cycle de traitement. «Cela nous permet de contacter sans délai l’équipe traitante pour effectuer des ajustements si c'est requis», explique Catherine St-Pierre.», ajoute la pharmacienne. Résultats Les résultats ont été au rendez-vous, confirment les deux pharmaciennes. Pour mesurer l'adhésion au traitement, les chercheurs se sont concentrés sur le PDC (proportion of days covered). Or, l’étude rapporte un PDC assez élevé, à 89,6%. «Cela veut dire que nos taux d’interruptions de traitement sont minimes et que les effets indésirables ont été pris en charge rapidement», se réjouit Catherine St-Pierre. La pharmacienne ajoute que ces résultats s’approchent beaucoup de ceux obtenus lors des études pivot, ou de phase III, précédant l’approbation d’un médicament par les autorités sanitaires. De plus, le délai médian jusqu'à l'arrêt du traitement a été estimé à 44,2 mois chez les patientes traitées par CDK4/6i + létrozole, et à 17 mois chez celles traitées par CDK4/6i + fulvestrant. L'intensité de la dose relative moyenne était de 85% et les bénéfices du traitement ont été maintenus quels que soient les niveaux d'intensité de dose relative. Christine Larivière et Catherine St-Pierre encouragent les pharmaciens communautaires à intégrer une pratique intradisciplinaire à leur quotidien. «Notre étude démontre que cette approche fonctionne. Au final, les vrais gagnants ce sont les patients», ajoute Catherine St-Pierre.

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