Obligation vaccinale : l’AQPP demande un délai de grâce

L’Association des pharmaciens propriétaires du Québec (AQPP) demande de faire cette exception pour les pharmaciens et les assistants techniques en pharmacie (ATP) qui ont déjà reçu une dose et même pour ceux qui ont pris un rendez-vous pour recevoir une première injection. «Nous comprenons que la date du 15 octobre doit être ferme pour quelqu’un qui n’est pas dans le processus de vaccination. Mais quelqu’un dont le rendez-vous est pris et qui attend sa dose, il me semble qu’il faudrait plus de souplesse», déclare le président de l’AQPP, Benoit Morin. Selon le coup de sonde récemment effectué par l’AQPP auprès des pharmacies communautaires, 50% des non-vaccinés seraient dans le processus de vaccination. Ceux-ci devront attendre environ quatre semaines entre les deux doses de vaccin, tel que le recommande le Comité de l’immunisation du Québec. La vice-présidente de la Fédération des pharmaciens du Québec, Nirvishi Jawaheer, appuie la démarche de l’AQPP. «Nous avons pris connaissance de l’obligation vaccinale à la dernière minute. Cela ne nous donnait pas le temps de faire vacciner tout le monde. Au début septembre, il n’y avait pas eu de confirmation. Il y avait eu des discussions et nous n’étions pas à 100% sûrs des modalités», explique-t-elle. À lire aussi: Obligation vaccinale en pharmacie sauf pour les employés de la boutique Rappelons que le 8 septembre, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a confirmé à ProfessionSanté.ca que les pharmaciens seront tenus d’avoir reçu les deux doses vaccinales d’ici le 15 octobre. Or, le décret visant l’obligation vaccinale pour les professionnels de la santé n’a été publié que le 24 septembre dernier. Pour sa part, le président de l’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ), Patrick Hemery, estime plutôt que les pharmaciens savaient très bien qu’ils devaient se faire vacciner dès le début septembre. Pour cette raison, il croit que le gouvernement n’a pas à accorder de délai supplémentaire. La situation était moins évidente pour les assistants techniques en pharmacie. «Il y a eu une confusion dans notre dossier. C’était plus ambigu et les informations qui circulaient étaient contradictoires», affirme la présidente de l’Association québécoise des assistants techniques en pharmacie, Marylène Lévesque, qui souhaite également qu’un délai de grâce soit accordé à ses membres. Québec maintient la ligne dure Malgré les démarches de l’AQPP, Québec semble vouloir maintenir la ligne dure quant à la date prévue pour la vaccination obligatoire. Mercredi, le Parti québécois et différents syndicats de travailleurs de la santé ont fait front commun pour demander au gouvernement Legault de repousser l’imposition obligatoire dans le réseau de la santé. Or, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a refusé. Il a également refusé de permettre aux travailleurs de la santé de se prévaloir d’un motif religieux pour justifier leur non-vaccination. «Ce sera difficile» En date du 5 octobre, 96,9% des pharmaciens avaient reçu leurs deux doses, alors que 98% en avaient reçu au moins une, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Même si seulement 4% des pharmaciens ne sont pas vaccinés adéquatement, l’impact sur les services offerts pourrait être important dans certaines pharmacies. «Nos sondages internes révèlent que ce sera difficile avec des gens qui ne veulent pas se faire vacciner, mais que ce sera encore plus compliqué si on ne peut pas avoir de délai pour ceux qui sont dans le processus vaccinal», affirme Benoit Morin. Ce dernier ne veut toutefois pas être alarmiste. «Il n’y a pas une pharmacie qui ne va pas servir de médicaments. Toutefois, certaines d’entre elles vont offrir moins de vaccination et vont effectuer moins d’activités cliniques parce qu’elles vont avoir moins de ressources.» En plus d’une surcharge de travail à prévoir pour les pharmaciens et les ATP, il ne faut pas oublier l’impact psychologique lié aux départs de collègues, croit Nirvishi Jawaheer. «Nous sommes comme une grande famille à la pharmacie, donc lorsqu’on perd des employés, c’est un deuil. Cela rend les gens plus sensibles et l’ambiance devient un peu lourde.» Pour sa part, Patrick Hemery, estime qu'il faut davantage s’inquiéter du manque d’assistants techniques en pharmacie que du manque de pharmaciens. «On me rapporte qu’il y a une centaine de pharmaciens qui ne sont pas vaccinés alors que, pour les ATP, ce sont 10% d’entre eux qui n’ont pas reçu le vaccin.» En fait, un sondage effectué par l’Association québécoise des assistants techniques en pharmacie montrait que 14% de leurs membres n’avaient pas été vaccinés en date du 20 septembre. Ce chiffre a sans doute baissé depuis, mais le sondage révélait une statistique préoccupante: 80% de ces non-vaccinés n’avaient pas l’intention de recevoir le vaccin. Droit d’exercer limité? À compter du 15 octobre, les pharmaciens non vaccinés verront leur droit d’exercer la profession limité ou suspendu, selon le décret du gouvernement. L’Ordre des pharmaciens du Québec ne sait toutefois pas ce qui se cache derrière cette limitation et affirme avoir demandé des précisions au MSSS. De son côté, le président de l’APPSQ avance que le gouvernement pourrait accorder le droit aux pharmaciens de travailler dans les centrales de préparations d’ordonnance non accessibles au public ou encore la possibilité de travailler de la maison. Benoit Morin, de l’AQPP, dit toutefois n’avoir eu aucune information en ce sens. Rappelons que les médecins non vaccinés, eux, verront leur permis de pratique être suspendu. Ils ne pourront pas effectuer de téléconsultations ni faire le suivi de résultats d’examens ou de tests de laboratoire.

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