Obligation vaccinale en pharmacie sauf pour les employés de la boutique

Les commis, caissiers et autres salariés de la boutique adjacente à la pharmacie pourront toutefois éviter la vaccination, s'ils n'ont aucun contact avec l'équipe du laboratoire. Dans le décret, Québec indique quels sont les nombreux lieux visés par la vaccination obligatoire, dont les pharmacies. Il précise aussi que les intervenants du secteur de la santé et des services sociaux qui ont des contacts directs avec les usagers, ainsi que les personnes qui ont des contacts avec ces intervenants, sont visés par cette obligation. «Ce n’est pas clair si cela inclut juste le laboratoire ou tout le reste de la pharmacie», observe à juste titre le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ). Questionné par ProfessionSanté.ca, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a précisé que «dans les cas où les employés de laboratoire d’une pharmacie sont isolés du reste du personnel de la pharmacie, ces derniers n’ont pas à être adéquatement protégés. Dans le cas contraire, par exemple s’ils partagent des espaces communs, comme une salle à dîner, les employés de la pharmacie doivent être adéquatement protégés». Bref, selon le MSSS, il serait possible pour les pharmaciens propriétaires de mettre en place des mesures temporaires permettant d'éviter que les employés de la boutique aient à se faire vacciner. À lire aussi: La vaccination obligatoire pour les ATP aussi? Cette décision réjouit le président de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires, Benoit Morin, qui estime que l’obligation vaccinale n’a pas à être imposée aux employés à l’extérieur du laboratoire dans le contexte actuel. «Dans un monde idéal, il faudrait que cette obligation soit partout. Nous sommes en faveur de cette vaccination, mais ce serait inéquitable que ce soit exigé dans la boutique des pharmacies alors qu’à l’épicerie et dans d’autres boutiques ce ne l’est pas. Les personnes non vaccinées vont aller travailler ailleurs où ce n’est pas obligatoire», explique-t-il. Pour sa part, la présidente de l’Association québécoise des assistants techniques en pharmacie (AQATP), Marylène Lévesque, croit que ce décret peut semer la confusion. «Dans le réseau public, le principe veut qu’une personne qui n’est pas en contact avec les patients peut être en contact avec le personnel qui lui, est en contact avec les patients. L’application du décret ne semble pas la même dans le privé que dans le public», affirme-t-elle, sous-entendant que le personnel en boutique peut souvent être en contact avec celui du laboratoire en pharmacie communautaire. Une liste de questions En plus de la question liée aux employés en boutique, l’OPQ a plusieurs interrogations sur ce décret. «Nous avons envoyé beaucoup beaucoup de questions au Ministère et on attend des réponses. Actuellement, j’ai plus de questions que de réponses», souligne le président, Bertrand Bolduc. Par exemple, l’Ordre qui aura la responsabilité de vérifier si le pharmacien a reçu ses deux doses de vaccin contre la COVID-19 devra-t-il faire cette vérification avant ou après l’inscription d’un pharmacien? À lire aussi: Les pharmaciens salariés encore préoccupés par la surcharge de travail «Tous les jours, nous inscrivons et désinscrivons des pharmaciens. Il y en a qui partent en congé de maternité, d’autres qui reviennent. C’est un flux quotidien. De plus, comment nous allons opérer tout cela. Notre système informatique de membership n’est pas fait pour contrôler les codes QR. Ce n’est pas simple. Tous les ordres sont dans le même bateau». L’ordre professionnel se questionne également à savoir si les étudiants en pharmacie vont devoir se faire vacciner. Un problème de date Par ailleurs, l’AQPP et l’AQATP, soulèvent un problème susceptible de causer un bris de service en pharmacie: la date limite pour se faire vacciner fixée au 15 octobre. «Le personnel du réseau de la santé est au courant depuis longtemps de l’obligation vaccinale alors que dans le cas du communautaire, il restait encore des doutes en particulier pour les ATP (assistants techniques en pharmacie). Les gens n’auront pas suffisamment de temps pour se conformer à la loi, même s’ils se sont fait vacciner au moment de la publication du décret», affirme Marylène Lévesque, de l’AQATP. Le président de l’AQPP dit suivre la situation de proche et fera des représentations auprès du gouvernement si nécessaire. Il constate toutefois que le gouvernement est «assez ferme» sur la date du 15 octobre. À l’heure actuelle, seulement 4% des pharmaciens n’ont pas reçu les deux doses alors que ce pourcentage semble beaucoup plus élevé chez les ATP. Selon un sondage effectué par l’AQATP, 14% de leurs membres n’avaient pas été vaccinés en date du 20 septembre. De plus, 80% de ces non-vaccinés n’avaient pas l’intention de recevoir le vaccin. Cette situation pourrait causer des maux de tête aux pharmaciens propriétaires déjà aux prises avec un manque de main-d’œuvre. Notons que ce sont les pharmaciens propriétaires qui auront la responsabilité de vérifier que leur personnel est adéquatement vacciné. «Si les employés ne sont pas vaccinés, ils seront suspendus sans solde ou réaffectés dans la boutique», affirme Benoit Morin. Une exception? Selon lui, il pourrait exister une situation où l’obligation vaccinale ne serait pas obligatoire pour l’équipe technique. «Si cette équipe travaille dans une centrale de préparations d’ordonnances (CPO) non accessibles au public et qu’aucun des membres de cette équipe n’est en contact avec la clientèle, le vaccin ne sera pas obligatoire». Par contre, pour le pharmacien le vaccin demeure toujours obligatoire, peu importe son milieu de travail sans quoi l’OPQ suspendra son permis de pratique.

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