Nos infirmières avaient-elles de bonnes connaissances avant le programme de vaccination contre le VPH ?

Une étude réalisée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) (Sauvageau C. et Kiely M. Perspective infirmière, juillet-août 2010 : 50-2) a cherché à répondre à cette question. La Dre Chantal Sauvageau, médecin-conseil à l’INSPQ, professeure de clinique à la faculté de médecine de l’Université Laval et chercheuse au centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Québec, nous en trace les grandes lignes.«Cette étude visait à savoir principalement si la formation donnée aux infirmières permettrait d’améliorer leurs connaissances. L’objectif secondaire, peut-être aussi important, était de savoir, au moment où le programme du VPH était implanté, quel était le niveau de connaissances de ces infirmières qui allaient répondre aux questions des jeunes filles en milieu scolaire, en matière de vaccination contre le VPH. »« Les formations d’une demi-journée à une journée destinées principalement aux infirmières pouvant être appelées en milieu scolaire ainsi qu’ à celles travaillant en CLSC ont été organisées par les directions de santé publique (DSP) du Québec, maîtres d’œuvre du programme de vaccination contre le VPH. » Précisons ici que ces formations se sont déroulées en mai et juin 2008, dans les régions de la Capitale-Nationale, de l’Estrie, de l’Abitibi-Témiscamingue et de Laval. Pour évaluer le niveau de connaissances des infirmières, un questionnaire de préformation, commun aux quatre régions, a été distribué au début de chacune des formations. Plus de 95 % des participantes y ont répondu. Un questionnaire de postformation anonyme leur a été adressé trois mois plus tard.« Nous pouvions donc comparer les niveaux de connaissances avant et après la formation. Pour ce dernier questionnaire, le taux moyen de participation a été de 60 % (40 % à 80 % selon les régions). On ne peut exclure que ce sont peut-être celles qui étaient davantage intéressées ou mieux informées qui ont répondu, mais on peut espérer que quelques-unes d’entre elles ont été représentatives de la moyenne des infirmières. Nous aurions aimé avoir la région de Montréal et d’autres régions parce que nous savons que toutes les régions ont donné une certaine formation. Ne pas les avoir toutes constitue donc une limite à cette étude. Par contre, nous savons que les quatre régions incluses dans l’analyse se ressemblaient beaucoup en matière de contenu de formation et qu’elles utilisaient le même questionnaire. »Au regard de la longueur de ce dernier – une quinzaine de questions –, la Dre Sauvageau explique qu’une analyse de besoins avait été faite auprès des médecins quelques mois auparavant, soit fin 2007-début 2008. Cette analyse, non spécifique aux infirmières, avait révélé qu’il y avait beaucoup de connaissances à acquérir sur le thème du VPH.« Nous sommes donc allés de l’avant avec les éléments qui nous paraissaient centraux pour le programme du Québec. Nous aurions pu, bien sûr, poser de nombreuses questions, mais c’est le côté pratique que nous avons privilégié. Par exemple, une femme qui a déjà fait une infection, peut-elle être vaccinée ? Une femme qui a été vaccinée, peut-elle arrêter le dépistage ? Si le nombre de questions avait été plus élevé, nous aurions probablement eu un taux de participation moins fort. »La proportion de bonnes réponses, qui variait entre 29 % et 99 % avant la formation, a été de 48 % à 100 % après la formation. Globalement, le pourcentage moyen de bonnes réponses a été de 74 % avant la formation (n = 221) et de 87 % après la formation (n = 124). L’une des questions importantes de ce questionnaire concernait le calendrier de vaccination. Le pourcentage de bonnes réponses pour la question du calendrier vaccinal en troisième secondaire est passé de 82 % avant la formation à 93 % après celle-ci. Même constat pour la vaccination en quatrième année du primaire (76 % avant, 88 % après).Enfin, la Dre Sauvageau rappelle qu’au Québec le taux de couverture avec le vaccin a été de 80 % dès la première année – le vaccin Gardasil (comprend les types de VPH 6, 11, 16 et 18) est offert gratuitement aux jeunes filles de moins de 18 ans. Il est administré principalement en milieu scolaire aux jeunes filles de quatrième année du primaire et de troisième année du secondaire. « Pour certains vaccins, on peut atteindre 85 % à 90 %. Mais dans ce cas-ci, 80 % est un excellent résultat si l’on considère que ce vaccin, en 3e secondaire, requiert trois doses. Et cela implique que les jeunes filles doivent revenir trois fois. Le fait que les infirmières étaient bien formées a-t-il alors pu aider ? On peut du moins penser que cela n’a pas nui. »Lire la suite du dossier

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