Négociations salariales: l’APES perd patience

Les négociations relatives au renouvellement de l’entente de travail des pharmaciens d’établissement, qui ont débuté depuis son échéance en mars 2020, «tournent en rond», déplore l’APES en indiquant que la patience de ses membres «a atteint sa limite». Le point d’achoppement concerne la pérennisation des mesures de rémunération dites «temporaires», dont certaines sont reconduites depuis 2006. «C’est notre demande principale et on a vraiment de la difficulté à comprendre pourquoi on doit se battre pour ça», explique la directrice générale de l’APES, Linda Vaillant, en entrevue avec ProfessionSanté.ca. «Alors que leur efficacité et leur pertinence ont été démontrées, ces mesures ne font même pas partie du mandat des représentants de la partie patronale», déplore-t-elle en soulignant que les pharmaciens d’établissement «ne demandent pas de hausse de salaire. Ça fait 15 ans que ces primes-là sont versées, on veut juste qu’elles deviennent permanentes pour stabiliser la situation et intéresser la relève». Lesdites mesures peuvent aujourd’hui représenter de 20% à 50% du salaire des pharmaciens d’établissements. Mises en place en 2006 et 2009, elles ont ensuite été intégrées à l’entente collective 2012-2015, en conservant leur caractère temporaire, puis elles ont été reconduites jusqu’ici. Primes de recrutement et de maintien en emploi pour favoriser l’installation en région, boni pour l’encadrement des résidents, horaire de travail majoré à 40 heures par semaine avec salaire revalorisé, ces dispositions visaient, et visent toujours, à rehausser la rémunération des pharmaciens d’établissements pour qu’elle soit compétitive par rapport à celle des pharmaciens communautaires, l’idée étant d’enrayer la pénurie d’effectifs en pharmacie d’établissement qui perdure depuis le début des années 2000. «La temporalité des primes est particulièrement nuisible à l’attraction de la relève.» - Linda Vaillant, DG de l’APES 20% des postes à combler Si ces mesures ont permis le recrutement de 300 pharmaciens additionnels entre 2008 et 2018, un poste de pharmacien d’établissement sur cinq reste actuellement non comblé à l’échelle du Québec, selon l’APES. Plus de la moitié des salles d’urgence et plus du tiers des CHSLD sont ainsi dépourvus de soins pharmaceutiques. «Les faits démontrent qu’il est temps que le ministre de la Santé et des Services sociaux prenne cette situation au sérieux. Le manque de pharmaciens dans le réseau est majeur et de très longue date, et il nuit à la sécurité et à l’efficacité des soins», affirme Linda Vaillant. Elle en appelle à Christian Dubé pour que les représentants de la partie patronale à la table de négociations reçoivent le mandat de pérenniser les mesures en place. La directrice générale de l’APES souligne que celles-ci «ont fait leurs preuves. Le ministère a lui-même reconnu leur efficacité et leur pertinence dans un rapport conjoint avec l’APES déposé à l’automne 2019». Celui-ci recommandait d’ailleurs que ces mesures soient toutes reconduites, car «elles ont atteint une bonne partie des objectifs d’attraction et de rétention visés». Sollicité par ProfessionSanté.ca, le ministère de la Santé et des Services sociaux ne souhaite pas réagir aux critiques de l’APES: «Considérant les discussions qui ont cours actuellement à la table de négociation entre les représentants des parties, le MSSS n’émettra aucun autre commentaire pour le moment.»

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