Moustiques: survol des maladies transmises par cet organisme meurtrier

Plus d’un million de personnes contractent une maladie infectieuse après avoir été piquées par un moustique.1 Ces insectes préfèrent les environnements chauds et humides des pays équatoriaux. Cependant, les changements climatiques rendent le Québec et le reste du Canada plus favorables à la prolifération de ces insectes.2 Non seulement les saisons chaudes durent plus longtemps, prolongeant la saison de reproduction pour les moustiques, mais les températures sont à la hausse dans un grand nombre de régions. Cela permet à de nouvelles espèces de s’y installer.Conséquemment, les maladies transmises par les moustiques (MTM) ont augmenté de 10% au Canada depuis les deux dernières décennies.2 Il n’y a pas de vaccin pour toutes ces maladies, et certaines n’ont pas de traitement spécifique, une fois le patient infecté.Pour faire simple, ne pas se faire piquer reste le moyen le plus sûr d’éviter de contracter une MTM. Par exemple, porter des vêtements de couleur claire recouvrant la peau pendant les périodes d’activités des moustiques (lever et coucher du soleil), utiliser un chasse-moustique et installer des moustiquaires dans les maisons peuvent réduire le risque de se faire piquer.3 Voici certaines des maladies les plus communes transmises par des moustiques qui semblent réapparaître au Québec cet été. Fièvre d’OropoucheCausée par le virus Oropouche (VORO), cette maladie à déclaration obligatoire est transmise par la piqûre d’un moustique ou d’un moucheron (Culicoides paraensis). Depuis le 1er août 2024, plus de 8000 cas ont été rapportés dans les Amériques. Deux individus en sont décédés.4Bien que plus de 90% des cas ont été signalés au Brésil, quelques cas ont été déclarés au Québec. Ces individus québécois ont été infectés lors de vacances à Cuba. Le Directeur national de la santé publique a mis en place une enquête épidémiologique le 14 août 2024, en raison de l’émergence de ce virus.4 Il n’y a aucun vaccin pour prévenir d'être infecté par ce virus.Les symptômes peuvent apparaître après une période d’incubation de 3 à 12 jours.4 Ils peuvent se manifester sous forme de nausées, fièvre et frissons, vomissements, maux de tête (souvent sévères), arthralgie, myalgie, photophobie, douleurs rétro-orbitaires et, moins fréquemment, d'éruptions cutanées.4Dans de rares cas, l’infection peut mener à une méningite aseptique. Un cas de mort fœtale a été rapporté au Brésil, à la suite d'une transmission du virus au fœtus via la mère infectée.5Encéphalite équine de l’Est (EEE)Avec un taux de mortalité de 50% à 75%, cette pathologie à déclaration obligatoire est la plus grave de toutes les encéphalites arbovirales.6 Dans la majorité des cas, elle est transmise par le moustique Culista melanura, une espèce de moustique présente au Québec. Cette maladie demeure cependant très rare, avec une seule infection humaine signalée dans la province, en 2016. L’EEE peut infecter d’autres espèces que l’humain: un troupeau d’émeus et 53 chevaux dans la région de Lanaudière ont été déclarés infectés depuis 2016. Depuis, des analyses de 89 pools de moustiques ont été effectuées. Seulement quatre de ces pools étaient infectés.7 À lire aussi: Changements climatiques: les risques de maladies infectieuses s'étendent vers le nordLa période d’incubation pour le virus varie entre 4 à 10 jours et la majorité des individus infectés ne présenteront aucun symptôme. Les symptômes les plus communs ressemblent à ceux d’une grippe: fièvre, frissons et douleurs musculaires.4 Certains cas peuvent développer des symptômes plus rares, qui peuvent affecter le système nerveux central. Ces symptômes prennent alors la forme de maux de tête, vomissements, diarrhées, désorientation, convulsions, somnolence, photophobie, ataxie, rigidité de la nuque et, rarement, un coma.4 Il est possible d’en décéder dans les 3 à 5 jours après l’apparition des symptômes – une personne en est décédée récemment au New Hampshire, aux États-Unis.8 Près de la moitié de ceux qui survivent à cette infection auront des séquelles neurologiques. Les personnes âgées de moins de 15 ans et de plus de 50 ans présentent un plus haut risque de développer une forme plus grave de la maladie.7 Virus du Nil occidental (VNO)Ce virus a été identifié au pays pour la première fois en Ontario en 2002 et s’est depuis répandu à travers plusieurs régions, notamment au sud du Québec. Cette maladie est transmise par un moustique, lui-même porteur. Les transmissions par transfusion de sang sont extrêmement rares, grâce au contrôle vigoureux d’Héma-Québec.9 Tout cas doit obligatoirement être déclaré. Environ 80% des individus infectés sont asymptomatiques. En cas de symptômes, ceux-ci apparaissent 2 à 14 jours après la piqûre. Aucun vaccin ni traitement spécifique n’existent à ce jour pour cette infection.4,10 Dans de rares cas (moins de 1%), l’individu infecté développera une forme plus grave de la maladie et présentera des troubles neurologiques tels qu’une méningite ou une encéphalite. Ces patients peuvent avoir besoin d’être hospitalisés. Très rarement, l'infection peut mener au décès du patient. 4,10Symptômes communsSymptômes rares (moins de 1%)Maux de têteFièvreDouleurs musculairesNausées et vomissementsDiarrhée Perte d'appetit Rougeurs cutanées et boutonsGonflement des ganglions lymphatiquesMaux de tête intenses ou hors-normeFièvre élevéeRaideur de la nuqueNausées et vomissementsConfusion ou désorientationTroubles de coordinationFaiblesse musculaireParalysieLes personnes de plus de 50 ans, atteintes de maladies chroniques (par exemple, le diabète ou une maladie cardiovasculaire) ou immunodéprimées présentent un plus haut risque de développer la forme grave de la maladie.10 DengueCe virus est généralement transmis par deux espèces de moustiques: le moustique tigre (Aedes Albopictus) et le moustique Aedes aegypti. Il peut également être transmis verticalement, par le sang ou par don d'organes.Il n’y a actuellement aucun vaccin contre la dengue disponible au Canada (bien que deux vaccins soient approuvés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)), ni traitement spécifique.11 Il est donc crucial de prévenir les piqûres de moustiques lors de déplacement dans des régions tropicales et subtropicales, où le risque de transmission est élevé. À lire aussi: L'OMS autorise un deuxième vaccin contre la dengueAu Québec, 186 cas de dengue ont été signalés cette année – soit 21 cas de plus qu’en 2023 – tous associés à des voyages. Aucun décès n’a été rapporté.11 La période d’incubation de ce virus est de 3 à 14 jours.4 La plupart des individus infectés ne présenteront aucun symptôme. Lorsque des symptômes surviennent, ceux-ci suivent deux modes de présentation: la fièvre dengue classique (plus commune) ou la dengue hémorragique (plus rare et plus sévère). La fièvre dengue classique débute de manière soudaine dans les 24h à 48h après l’infection. Cette fièvre peut atteindre 41˚C. D’autres symptômes, comme des myalgies, arthralgies intenses, douleurs rétro-orbitaires et du flushing. S’ensuivent possiblement une grande lassitude, une hyperesthésie cutanée, de la toux et des malaises gastro-intestinaux.11 Après 6 à 8 jours, les symptômes évoluent en défervescence et en éruption maculopapulaire scarlatiniforme au tronc et aux extrémités. Souvent, la fièvre reprend à ce stade. Il arrive aussi, bien que moins fréquemment, que certaines hémorragies (souvent mineures) se manifestent.11 La convalescence de la fièvre dengue classique est souvent associée à une fatigue intense qui peut durer jusqu’à un an. Moins de 1% des cas sont létaux.11 La dengue hémorragique, quant à elle, plus rare et plus sévère. Elle se manifeste généralement lorsqu’un individu est infecté pour une deuxième fois, mais avec un sérotype différent. Les symptômes sont, au début, similaires à ceux de la fièvre classique. Éventuellement, des phénomènes hémorragiques, douleurs abdominales sévères, vomissements persistants peuvent survenir. Additionnellement, une hépatomégalie, de l’ascite et des épanchements pleuraux peuvent se manifester.11 La fièvre disparaît après 2 à 7 jours. Par la suite, le patient récupérera ou entrera en choc hypovolémique et son état se détériorera rapidement. Si l’individu n’est pas traité adéquatement, le risque de mortalité grimpe à 20%. Environ 5% des cas nécessiteront des soins intensifs.11 PaludismeAussi connue sous le nom de malaria, cette maladie affecte plus de 190 millions de personnes à travers le monde. En 2022, l’OMS a recensé 249 millions de cas et 608 000 décès dus à cette maladie. Plus de 90% des cas sont répertoriés en Afrique subsaharienne, et plus de 90% des décès sont dans la même région.12 Au Canada, 488 cas sont rapportés annuellement.13Cette maladie est causée par le plasmodium, un virus généralement transmis par une piqûre de moustique infecté. Dans de rares cas, il peut être transmis verticalement, par transfusion sanguine ou par échange d’aiguilles. À lire aussi: Un traitement par anticorps testé en tant que nouvel outil contre le paludismeAucun vaccin contre le paludisme n’est disponible au Canada, mais il est possible de se procurer des médicaments antipaludiques (chimioprophylaxie) avant un voyage dans une région à haut risque de transmission. Dans la plupart des cas, les premiers symptômes apparaissent entre une et quatre semaines après la piqûre. Toutefois, dépendant du type du parasite contracté par l’individu, les symptômes peuvent prendre jusqu’à un an avant de se manifester.14Les premiers symptômes sont similaires à ceux de l’influenza: fièvre, maux de tête, diarrhée, sueurs et frissons, nausées et vomissements, douleurs musculaires et douleurs d’estomac. Lorsque l’infection est traitée tôt, la majorité des cas peuvent être guéris sans séquelles.14 Si l’infection n’est pas traitée, elle peut évoluer, les symptômes s’aggraver et s’avérer mortels. Les symptômes graves incluent des convulsions, un coma, une insuffisance cardiaque et une insuffisance rénale (ou fièvre bilieuse hémoglobinurique).14Références:Vector-borne Diseases [Internet]. American Mosquito Control Association. [cité 30 août 2024]. Disponible à: https://www.mosquito.org/vector-borne-diseases/ Ludwig A, Zheng H, Vrbova L, Drebot M, Iranpour M, Lindsay L. 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