Migraine: les triptans augmentent-ils le risque d’AVC ou d’infarctus du myocarde?

Les monographies des différents triptans disponibles (sumatriptan, rizatriptan) précisent qu'ils sont contre-indiqués chez les patients souffrant d’une cardiopathie ischémique ou ayant déjà subi un infarctus du myocarde, car leurs propriétés vasoconstrictrices peuvent entraîner des accidents vasculaires ischémiques. La prudence est également de mise lorsque ces médicaments sont prescrits à des patients présentant des facteurs de risque vasculaire. Des études observationnelles contrôlées ont toutefois montré qu’il n’existait pas d’association entre les triptans et les événements ischémiques ou que le risque était apparemment plus faible, ce, possiblement en raison du fait que les triptans sont prescrits à des personnes présentant un faible risque d’événements cardiovasculaires.Afin de déterminer s’il existe un lien entre les triptans et les accidents ischémiques, une nouvelle étude a examiné la survenue d’accidents ischémiques chez les patients nouvellement traités. L’étude, menée de janvier 1995 à août 2022, a ainsi identifié dans un registre national danois toutes les personnes ayant initié un traitement à base de triptans pour la première fois. Ceux ayant subi au moins un des trois événements ischémiques prédéfinis (infarctus aigu du myocarde, accident vasculaire cérébral ischémique ou accident vasculaire cérébral non spécifié) ont été inclus dans l’étude.Un modèle cas-croisé a été utilisé afin d’estimer les rapports de cotes (RC) pour les associations entre une première utilisation de triptans et les résultats ischémiques. Pour chaque personne, on a comparé l’exposition aux triptans au cours des deux semaines précédant l’accident ischémique à quatre périodes de référence de deux semaines. RésultatsL’étude a porté sur 429 612 personnes (âge médian de 38 ans; 75,8% de femmes) ayant obtenu une première ordonnance de triptans.Parmi les participants:11 (0,003%) ont subi un infarctus du myocarde lors de la première prescription de triptans (OR, 3,3; IC à 95%, 1,0-10,9). L’association avec l’infarctus du myocarde était la plus forte chez les patients de moins de 60 ans et chez ceux ayant déjà présenté un syndrome coronarien aigu.18 (0,004%) ont subi un accident vasculaire cérébral ischémique lors de la première prescription de triptans (OR, 3,2; IC à 95%, 1,3-8,1). L’association avec l’accident vasculaire cérébral ischémique était la plus forte chez les hommes et chez les patients de moins de 60 ans.35 (0,008%) ont subi un accident vasculaire cérébral ischémique/non spécifié lors de la première prescription de triptans (OR, 3,0; IC à 95%, 1,5-5,9). Dans l’ensemble, les patients qui ont présenté un événement ischémique avaient un âge médian d’environ 60 ans et présentaient un profil cardiovasculaire à haut risque. Ces résultats suggèrent que la prise de triptans est associée à un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral ischémique et d’infarctus du myocarde. Les auteurs concluent que leurs résultats soutiennent les recommandations actuelles d’éviter les triptans chez les patients ayant des antécédents de maladie coronarienne, d’accident ischémique transitoire ou d’accident vasculaire cérébral. Toutefois, chez les individus présentant un faible risque cardiovasculaire, le risque d’accident ischémique après l’initiation d’un triptan est très faible et l’utilisation de triptans pour ces personnes-là ne devrait pas susciter d’inquiétudes.

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