Mesures temporaires de rémunération: l’APES toujours dans l’incertitude

Linda VaillantAlors que les mesures temporaires appliquées à la rémunération de ses membres viennent à échéance le 30 septembre, l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) n’a toujours aucune information de la part du gouvernement quant à la reconduite de celles-ci.La semaine dernière, l’Association a pressé le gouvernement de reconduire ces mesures, mais elle n'a toujours pas obtenu de réponse. « Nous sommes toujours au même point. Le ministère de la Santé nous dit que ce dossier chemine du côté du Conseil du Trésor. S’il n’y a pas de mouvement dans les prochaines heures, le 1er octobre au matin, ces mesures ne seront plus là », s'inquiète Linda Vaillant, directrice générale de l’APES.Ces mesures, mises en place depuis plus de dix ans, devaient arriver à échéance avec l’entente de travail des pharmaciens d’établissement. Toutefois, en mars dernier, dans le contexte de la pandémie, le gouvernement les a prolongées jusqu’au 30 septembre. Or, le début des négociations avec le gouvernement n’est prévu que pour le 7 octobre prochain.En plus de représenter de 20 à 50 % de la rémunération des pharmaciens d’établissements de santé, selon les régions, les mesures temporaires allongent également la semaine de travail des pharmaciens d’établissement, aidant à pallier la pénurie de main-d’œuvre, rappelle l’APES.En effet, à l’heure actuelle, un poste de pharmacien en établissement sur cinq dans le réseau de la santé est vacant. Les mesures ont fait passer les heures travaillées de 36 heures et quart à 40 heures par semaine.« Il y a des inquiétudes chez nos membres quant à la prestation des soins aux patients. Si, du jour au lendemain, on retourne aux nombres d’heures hebdomadaires travaillées initiales, nous n’aurons pas le temps de tout faire, surtout dans un contexte de pandémie », ajoute Linda Vaillant.Elle prévoit également que les heures d’ouverture des pharmacies dans les établissements devront probablement être réduites, ce qui aurait un impact non seulement sur les soins aux patients, mais sur les équipes de soins qui travaillent le soir et la nuit.Rapport unanimePourtant, à l’automne 2019, un comité composé de représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux et de l’APES a déposé un rapport unanime quant à la pertinence des mesures et à leur reconduction.« Le Conseil du Trésor a ce rapport en main et il indique clairement que les mesures sont nécessaires. Qu’est-ce qu’on attend pour dire qu’elles vont être prolongées ? » s’interroge Linda Vaillant. « Après plus de dix ans, je ne pense pas qu’on puisse encore dire qu’il s’agisse de mesures temporaires. »Impact sur la relèveLa pharmacienne craint également que la situation actuelle ait un effet négatif sur le recrutement de futurs pharmaciens en établissements.« Ça fait des années que l’on essaie d’amener les jeunes dans le programme de maîtrise en pharmacothérapie avancée. Est-ce qu’ils vont vouloir aller dans le réseau de la santé si le salaire est remis en question tous les quatre ans ? Bien que pas encore suffisant, on commençait à avoir de la relève en nombre intéressant. J'ai peur que l'on répète les erreurs du passé », déplore Linda Vaillant.

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