Médecins décédés de la COVID-19: «Ça fait froid dans le dos»

Le président de l’Association des médecins d’urgence du Québec, le Dr Bernard Mathieu.Comme beaucoup de membres du milieu médical sans doute, le président de l’Association des médecins d’urgence du Québec (AMUQ), le Dr Bernard Mathieu, a ressenti fortement le décès d’un urgentologue français âgé de 67 ans infecté par la COVID-19.«Ça fait froid dans le dos», a confié le Dr Mathieu en entrevue à ProfessionSante.ca. Le Dr Jean-Jacques Razafindranazy n’est pas le seul médecin emporté à ce jour par le coronavirus en France. Un omnipraticien de 60 ans est décédé dans un hôpital à la suite de problèmes respiratoires, et un gynécologue-obstétricien de 66 ans a succombé après avoir contracté la COVID-19 auprès de l’une de ses patientes lors d’une consultation.«Le taux de mortalité n’est pas à zéro chez les soignants, a rappelé le Dr Mathieu. Notre rôle, c’est de sauver des vies et on tente de répondre présents à l’appel, mais nous savons que nous faisons une pratique à risque. Ce qui se passe en France rend ce risque plus réel, mais nous sommes au courant depuis le début des dangers que représente la COVID-19.»À lire: «C’est le calme avant la tempête» - Dr Gibert Boucher, président de l’ASMUQIl s’attend à ce qu’au cours des prochaines semaines, jusqu’à 10% des urgentologues du Québec doivent eux-mêmes s’absenter pour des raisons de santé. «C’est quelque chose qui est prévisible», dit-il. Il s’attend à ce que leurs collègues fassent plus d’heures pour les remplacer. Il se dit fier de ses troupes et note la belle solidarité dans leurs rangs. Des médecins d’urgence qui approchent ou ont atteint les 70 ans se sont portés volontaires pour être au front et on a dû leur demander de demeurer chez eux pour leur sécurité personnelle. Mal pris, on vous rappellera, leur a-t-on dit, mais pour l’instant, on n’est pas encore en situation de bris de services en médecine d’urgence, se réjouit le président de l’AMUQ. En outre, les médecins qui s’étaient placés en quarantaine après la semaine de relâche vont bientôt reprendre du service au sein de leurs équipes.Moins de visites dans les urgencesEn date du 23 mars, le président de l’AMUQ traçait un portrait somme toute positif de la situation dans les urgences de la province selon les informations dont il disposait. «C’est relativement calme dans les urgences, a-t-il décrit. L’opération délestage est efficace. Les taux d’occupation sont à des niveaux que l’on n’avait jamais vus. Il y a moins de visites dans les urgences. C’est encourageant.»«Les gens réalisent que ce n’est pas le bon moment pour aller faire vérifier son genou qui est douloureux depuis un mois, ajoute-t-il. Il y a donc un auto tri qui nous aide grandement à garder nos forces fraîches pour des situations plus graves qui pourraient se présenter. Pour l’instant, je n’ai pas d’échos que les urgences se font déborder par des cas de COVID-19 même si nous sommes rendus au niveau 2 du plan de contingentement du plan d’urgence du ministère. Mais on s’attend à ce que le portrait change de façon importante d’ici la fin de la semaine.»D'ailleurs, il se fait du souci concernant la disponibilité des équipements de protection, masques et visières, quand les médecins et infirmières en auront besoin.

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