MedActuel | Neuromodulation psychiatrique: une nouvelle ère dans le traitement de la dépression médico-réfractaire

Mise en contexteLa dépression majeure affecte environ 5 % de la population canadienne chaque année. Elle représente un enjeu de santé publique majeur1. Bien que les traitements standards, tels que les médicaments antidépresseurs et la psychothérapie comportementale, soient efficaces pour certains, de 30 à 40 % des patients ne trouvent pas de soulagement et développent une dépression médico-réfractaire2. Cette condition, caractérisée par l’absence de réponse à deux traitements pharmacologiques différents, affecte non seulement la santé mentale, mais aussi la capacité fonctionnelle, cognitive et physique, aggravant ainsi le fardeau économique et social, marqué par une augmentation des arrêts maladie et du chômage, ainsi qu’une probabilité accrue d’hospitalisation3.Dans ce contexte difficile, la psychiatrie interventionnelle offre de nouvelles perspectives en introduisant des traitements innovants. Ces approches émergentes visent à offrir de nouvelles options thérapeutiques pour les patients souffrant de symptômes qui résistent aux traitements standards, marquant ainsi une avancée significative dans le domaine de la santé mentale.De l’électrophysiologie à la neuromodulationL’évolution des traitements de la dépression reflète les progrès en neurosciences et en électrophysiologie, débutant avec les travaux pionniers de Galvani et Faraday. L’introduction de l’électrothérapie par Jacques-Arsène d’Arsonval au 19e siècle a marqué le début des approches électriques dans le traitement des troubles mentaux. Une avancée majeure s’est produite dans les années 1930 avec l’électroconvulsivothérapie (ECT), développée par Cerletti et Bini, qui a prouvé son efficacité contre les formes sévères de dépression, mais a également suscité la recherche d’alternatives en raison de ses effets indésirables4.L’intérêt pour la stimulation cérébrale s’est renouvelé dans les années 1960 avec la stimulation transcrânienne à courant direct (STCD/tDCS), quoique cette méthode ait été temporairement éclipsée par les avancées pharmacologiques. La recherche a rebondi dans les années 1990, menant au développement de nouvelles techniques comme la stimulation cérébrale profonde (SCP/DBS) et la stimulation du nerf vague (SNV/VNS). La stimulation magnétique transcrânienne (SMT/TMS), développée en 1985, a particulièrement transformé le traitement de la dépression majeure dans les années 1990 avec l’introduction de la SMT, ciblant notamment le cortex préfrontal gauche pour son potentiel thérapeutique5.

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