MedActuel | La télédermatologie

IntroductionMême dans les systèmes de soins de santé les plus performants au monde, l’accès aux soins spécialisés et surspécialisés en temps opportun demeure un défi important. Dans le domaine de la dermatologie, l’ampleur de ce défi est particulièrement ressentie. La peau sert de toile sur laquelle se dessinent et se révèlent ses propres maladies. Cette visibilité à l’œil nu, et cette susceptibilité d’entraîner des séquelles étendues et délétères pour la santé physique et mentale du patient, font de la dermatologie l’une des spécialités médicales les plus demandées. Or, c’est ce même caractère visuel qui fait que la dermatologie est particulièrement bien adaptée à la télémédecine. De nombreuses juridictions internationales ont développé des services en télédermatologie; le Québec ne fait pas exception. Dans le présent texte, nous définissons la télédermatologie à travers une revue de la littérature et des approches mises en œuvre dans des juridictions homologues. Ensuite, nous présentons le projet qui a mené au déploiement du service provincial de télédermatologie au Québec en 2022, y compris le contexte de prédéploiement, les statistiques du service, ainsi qu’un survol de ses bienfaits observés. État des lieux de la pratique de la télédermatologieLa télédermatologie est un service médical qui permet la consultation en mode virtuel entre les omnipraticiens à la première ligne et les dermatologues. La télédermatologie utilise les technologies de l’information et de la communication pour diagnostiquer, surveiller, traiter, prévenir, obtenir un deuxième avis et éduquer à distance1. Elle permet un accès rapide aux dermatologues, réduit le temps d’attente, les déplacements des patients2, la diminution des coûts de soins de santé3, les références inutiles4, tout en améliorant le transfert de connaissances des dermatologues vers les omnipraticiens1. La télédermatologie s’offre en deux principales modalités : synchrone et asynchrone1,5. La télédermatologie synchrone implique une consultation en temps réel par le biais d’un système de visioconférence1. En revanche, la télédermatologie asynchrone implique l’envoi des photographies numériques accompagnées d’une description de l’état de la peau du patient. Le dermatologue qui reçoit la demande fournit un diagnostic, ainsi qu’un plan de traitement1. Cette méthode est moins chère pour le prestataire de soins, offre des diagnostics précis6 et demeure la méthode la plus utilisée dans le monde5.Un état des lieux de la pratique de la télédermatologie à l’international a montré que les pratiques de télédermatologie dans d’autres juridictions sont comparables avec celles du Québec. La télédermatologie s’offre généralement en mode synchrone et asynchrone. En Australie, un intérêt s’est manifesté pour la télédermatologie hybride, où les photographies sont utilisées en combinaison avec la visioconférence7.La pénurie des dermatologues, la gratuité des services de télésanté et les contraintes géographiques sont parmi les principales raisons qui ont plaidé en faveur de la télédermatologie au Canada, en Australie et dans plusieurs pays européens2,8,11.

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