Mastectomie: un traitement antibiotique oral n'est pas nécessaire après une reconstruction mammaire

Selon une étude parue dans Plastic and Reconstructive Surgery, les antibiotiques oraux n'améliorent pas les résultats des patientes qui subissent une reconstruction mammaire post-mastectomie à l'aide d’implants. «Notre étude suggère que l'interruption du traitement antibiotique oral de routine après une reconstruction mammaire par implant n'entraîne pas une augmentation des infections du site chirurgical et élimine un risque faible, mais significatif, d'allergie et d'autres complications liées aux antibiotiques», a déclaré dans un communiqué de presse le co-auteur de l'étude, le Dr Mark Sisco du NorthShore University Health System, à Evanston, en Illinois. Les complications infectieuses après une reconstruction mammaire post-mastectomie par implant sont une cause importante de morbidité, bien que des efforts soient déployés pour réduire l'utilisation d'antibiotiques prophylactiques en postopératoire afin de lutter contre la résistance aux antibiotiques et les événements indésirables. «Cependant, les données concernant l'utilité d'une prophylaxie antibiotique prolongée après la reconstruction mammaire post-mastectomie sont contradictoires, et de nombreux chirurgiens continuent de les prescrire», indique l’étude. Une étude rétrospective a utilisé les informations d’une base de données où une cohorte de 1077 femmes (1687 seins traités) a été identifiée. Ces dernières ont subi une reconstruction mammaire post-mastectomie prothétique immédiate avec un implant ou un expanseur tissulaire entre janvier 2008 et mai 2020. Elles avaient un âge moyen de 51 ans. Toutes les patientes ont reçu une dose d'antibiotiques par voie intraveineuse (IV) avant l'opération. Les patientes, mises sous observation pour la nuit, ont reçu des antibiotiques par voie intraveineuse jusqu'à 24 heures après l'opération. Avant octobre 2016, les patients se voyaient également prescrire des antibiotiques par voie orale jusqu'au retrait du drain. Les résultats à 99 jours ont été comparés entre le groupe ayant reçu l’antibiotique oral par prophylaxie (1004 patientes) et celui qui n’en a pas reçu (683 patientes). L'antibiotique oral postopératoire le plus utilisé dans le groupe ayant reçu la prophylaxie était la céphalexine (71,8%), suivie de la doxycycline (16,6%), de la clindamycine (5,7%) et du triméthoprime-sulfaméthoxazole (4,3%). Les chercheurs ont noté que les femmes du groupe ayant reçu la prophylaxie antibiotique prolongée avaient subi une intervention chirurgicale avant octobre 2016, date à partir de laquelle l’antibiotique oral a cessé d'être utilisé. Après avoir comparé les groupes, l'étude a révélé que «l’utilisation de l’antibiotique oral par prophylaxie n'a pas réduit l'incidence de l'infection ou de l'échec de la reconstruction. Elle a cependant modifié la microbiologie des infections et a entraîné un nombre faible, mais significatif, d'effets indésirables». Des infections ont été observées chez 65 des 79 (82,3%) patientes ayant pris la prophylaxie antibiotique prolongée, et chez 36 des 62 (58,1%) patientes n’en prenant pas. Les femmes ayant pris la prophylaxie antibiotique prolongée ont été significativement plus susceptibles d'avoir des pathogènes à Gram négatif que le groupe qui n’en a pas pris (65,5% contre 29,0%). De plus, dans le groupe prenant la prophylaxie antibiotique prolongée, le Pseudomonas a été l'agent pathogène le plus souvent isolé, alors que le Staphylococcus aureus sensible à la méthicilline était le plus fréquent dans le groupe de celles n’en ayant pas pris.

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