Marijuana thérapeutique : les pharmaciens devraient être les distributeurs, plaide l’APhC

Après s’y être opposée pendant plusieurs années, l’Association des pharmaciens du Canada (APhC) estime maintenant que les pharmaciens devraient être les seuls distributeurs de marijuana à des fins thérapeutiques, car ils seraient les mieux placés pour en garantir l’usage approprié.Depuis son élection en octobre 2015, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a entamé des travaux visant à créer un cadre législatif permettant la consommation de marijuana, qu’elle soit à des fins médicales ou récréatives.Présentement, seuls les patients qui ont en main une autorisation de Santé Canada peuvent consommer légalement de la marijuana, mais les tribunaux ont statué à plusieurs reprises que la réglementation canadienne en vigueur ne respectait pas leurs droits.Que ce soit au sein de la population en général et chez les pharmaciens plus spécifiquement, l’APhC a constaté que la marijuana devrait être considérée comme une option thérapeutique valable et que, conséquemment, elle devrait pouvoir être obtenue dans une pharmacie.Sondage et rapportL’APhC a réalisé un sondage auprès de la population qui lui a confirmé le soutien d’un nombre grandissant de Canadiens à la consommation de marijuana à des fins thérapeutiques.Une majorité de répondants (77 %) estime également que la sécurité des patients serait davantage assurée si la marijuana était seulement accessible en pharmacie. Un peu plus de la moitié (56 %) des répondants soutient pour sa part que la marijuana devrait être un produit uniquement remis sous ordonnance médicale.L’APhC a également commandé un rapport à la firme KPMG pour voir quels seraient les bénéfices que la distribution de la marijuana thérapeutique soit confiée aux pharmacies.KPMG estime que l’accessibilité des pharmaciens, la sécurité de leur chaîne de distribution et leurs multiples liens avec d’autres professionnels de la santé sont des atouts à considérer.Considérations cliniquesBien que la marijuana thérapeutique puisse offrir une occasion d’affaires alléchante pour les pharmaciens propriétaires, les chaînes et les bannières de pharmacies, ce point n’est pas à l’origine du changement de position de l’APhC, souligne Phil Emberley, directeur des affaires professionnelles de l’association représentant 20 000 pharmaciens à l’échelle du Canada.« Les pharmaciens sont les mieux placés pour fournir des conseils aux patients, notamment à propos des effets indésirables, des contre-indications, des risques d’abus et des alternatives thérapeutiques également disponibles », explique Phil Emberley.Le directeur des affaires professionnelles de l'APhC reconnaît que le manque de données probantes quant aux indications et au bon dosage à employer à des fins thérapeutiques puisse représenter un obstacle pour les pharmaciens et les médecins, mais il estime néanmoins que la sécurité du public est une considération nécessitant un rôle plus grand des pharmaciens.Pas de changement pour l'OPQEn entrevue au quotidien La Presse, la secrétaire et directrice générale de l'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), Manon Lambert, souligne pour sa part que l'ordre qu'elle représente n'a pas changé de position.« Les données tant sur l'efficacité que sur les effets indésirables et l'innocuité à long terme ne sont pas disponibles, et ça, c'est problématique. [...] On ne pourra donc pas changer notre position tant qu'on n'aura pas davantage de données », a-t-elle déclaré.

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