Manger du raisin augmente la protection de la peau contre les UV et réduit le risque de mélanome

Manger du raisin chaque jour aide-t-il à éloigner le mélanome? La réponse est oui, du moins chez les personnes présentant des caractéristiques spécifiques, selon une étude parue dans la revue Antioxidants. Les chercheurs y ont analysé les changements cutanés chez les personnes qui mangent quotidiennement du raisin. Sa consommation semble réduire le risque de mélanome en modifiant une partie du microbiome intestinal et en augmentant la résistance de la peau aux rayons ultraviolets (UV). L’étude spécifique du raisin était intéressante pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le raisin est une source connue de resvératrol — un agent chimiopréventif du cancer que l’on trouve dans le vin et le jus de raisin — ainsi que de centaines de substances phytochimiques. En général, les recherches antérieures suggèrent que la consommation de raisin a des effets sur le système nerveux central ainsi qu’une influence sur l’athérosclérose, l’inflammation, le cancer, la santé gastro-intestinale, l’ostéoarthrite, la fonction urinaire et la vision, écrivent les auteurs. Certaines études (principalement chez la souris, mais aussi quelques essais à petite échelle sur l’homme) ont montré une activité de photoprotection de la peau résultant de la consommation de poudre de raisin. Une étude a par exemple constaté «une meilleure réparation des dommages causés à l’ADN, une réduction de la prolifération, une augmentation de l’apoptose et une modulation des marqueurs du stress oxydatif», indique le document. Partant de là, l’étude croisée menée par le Dr John Pezzuto et ses collègues de la Western New England University, dans le Massachusetts, a été conduite dans le but d’étudier le potentiel de la consommation de raisin pour moduler l’érythème cutané induit par les UV. Au total, 29 personnes ont participé à l’étude. Elles avaient un âge moyen de 41,6 ans; 13 étaient des femmes (45%) et 16 des hommes (55%). La plupart étaient de race blanche (huit étaient hispaniques ou latinos), avaient un poids sain et une peau en santé, n’utilisaient pas d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et consommaient peu ou pas d’alcool. Les sujets devaient éviter certains aliments et suppléments spécifiques, susceptibles d’augmenter ou de diminuer la sensibilité au soleil. Ils ont commencé cette diète deux semaines avant l’introduction des raisins. Des échantillons de selles, de sang et d’urine ont été prélevés à différents moments. Pour des raisons de cohérence, les sujets ont reçu de la poudre de raisin à consommer, avec pour instruction d’en mélanger une partie dans de l’eau et d’en boire deux fois par jour. La poudre était composée de raisins rouges, verts et noirs frais, avec ou sans pépins, broyés et lyophilisés, ce qui permettait de conserver leurs composés bioactifs. Au début de l’étude et aux jours 15, 30 et 60, les sujets ont été exposés à un test d’irradiation à dose érythémale minimale (MED) sur le milieu et le bas du dos afin de déterminer leur sensibilité aux UV et la réaction aux coups de soleil. D’autres mesures connexes ont été effectuées. Neuf participants plus résistants aux UV «Après avoir effectué les tests MED, on a découvert que 9 des 29 participants ont manifesté une résistance accrue à l’irradiation UV au jour 30», indiquent les chercheurs. Trois d’entre eux ont continué à présenter une résistance accrue au 60e jour (mais pas 6 des 9). Les 20 autres sujets n’ont présenté aucun changement. Alors, qu’est-ce qui rendait ces neuf personnes différentes? Il s’est avéré que les neuf sujets présentaient tous des changements similaires dans leur microbiome intestinal, changements qui n’ont pas été observés chez les 20 autres, et que les trois sujets présentaient des différences spécifiques, même au départ. Lire aussi: Mélanomes: y-a-t-il un surdiagnostic au Canada? «Les neuf sujets réagissant à la consommation de raisin et résistant à l’irradiation UV se sont clairement distingués des 20 autres volontaires dans les analyses métabolomiques ainsi que dans les analyses microbiomiques», peut-on lire dans l’étude. «Nous concluons que la consommation alimentaire de raisin améliore effectivement la résistance de la peau aux rayons UV parmi une frange significative de la population», ajoutent ses auteurs. Des aliments bénéfiques, d’autres nuisibles D’autres études dans la littérature médicale montrent que divers aliments peuvent augmenter la photoprotection, tandis que certains peuvent conduire à une augmentation des photodommages. Une étude sur les aliments d’origine végétale et la santé de la peau a identifié plusieurs fruits et légumes bénéfiques. Les chercheurs ont noté que «chaque aliment possède un profil nutritionnel unique qui fournit un éventail de composés bioactifs qui, seuls ou en synergie, peuvent protéger la peau». De plus, «les régimes alimentaires composés principalement de viande, de céréales raffinées, de snacks, de boissons gazeuses, de café et de boissons alcoolisées étaient associés à une augmentation des rides chez les femmes». Lire aussi: Nouvel espoir pour les patients atteints d'un mélanome résistant au traitement «Dans l’ensemble, nous avons constaté que la consommation de fruits et légumes colorés — abondants en vitamines, caroténoïdes, anthocyanes et polyphénols — est indiquée pour la santé et l’esthétique de la peau. En général, les fruits jaune, orange et rouge comme les mangues, les melons, les agrumes, les tomates et les légumes tels les poivrons rouges et le chou frisé vert foncé sont de bonne source de caroténoïdes. Les fruits de couleur rouge foncé ou violette comme le raisin, la grenade et le fruit de la passion sont riches en anthocyanines et en polyphénols», précise le document. Une étude parue dans la revue Experimental Dermatology fait état des effets protecteurs de la grenade. En laboratoire, les chercheurs ont utilisé des produits à base de grenade sur des échantillons de peau exposés aux UVB et ils ont trouvé des marqueurs de photoprotection. Toutefois, deux recherches récentes, l’une provenant de l’étude NIH-AARP Diet and Healthy Study et l’autre de la UK Biobank, ont toutes deux révélé un risque accru de mélanome chez certaines personnes ayant une consommation élevée d’agrumes. L’étude britannique mentionne notamment que «la consommation d’agrumes était significativement associée au risque de mélanome, les participants mangeant le plus d’agrumes présentaient un risque significativement plus élevé de mélanome». Les grands consommateurs d’agrumes avaient également tendance à s’exposer davantage au soleil. Lire aussi: Une baie amazonienne est appelée en renfort pour combattre le cancer L’étude du NIH a trouvé une association globalement plus faible, sauf pour les personnes ayant une exposition plus élevée aux UV, âgées de plus de 60 ans et grandes consommatrices d’agrumes (l’équivalent 2 à 3 tasses par semaine); celles-ci ont montré des tendances significatives vers un risque accru de mélanome. Les deux études ont cité comme coupable possible la présence de furocoumarines dans les agrumes, une classe de composés photocarcinogènes et phototoxiques. Quid du poisson? Une autre étude NIH-AARP sur le régime alimentaire et la santé a révélé qu’une consommation élevée de poisson est associée à un risque accru de mélanome. Les chercheurs ont signalé une association positive entre une consommation élevée de poisson et le risque de mélanome malin. Son incidence était 22% plus élevée chez les personnes dont la consommation quotidienne médiane de poisson était de 42,8 grammes que chez celles qui en mangeaient 3,2 grammes par jour. Ils ont conclu qu’«une consommation de poisson plus élevée, une consommation de thon et une consommation de poisson non frit étaient positivement associées au risque de mélanome malin et de mélanome in situ».

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