L'OPQ mise sur une inspection professionnelle plus agile et moins anxiogène

Dix ans après la mise en place du nouveau programme d’inspection professionnelle des pharmaciens, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) a effectué une révision de son Règlement, qui devrait entrer en vigueur en septembre, et invite ses membres à le consulter. Au programme: moins d’étapes dans la prise de décision, des délais raccourcis et de nouvelles attributions pour les inspecteurs. L'Ordre espère ainsi mieux protéger le public tout en rendant le processus moins anxiogène pour les pharmaciens, explique la directrice générale de l’OPQ, Manon Lambert, à ProfessionSanté.ca.Pourquoi avoir voulu réviser le Règlement sur l’inspection professionnelle?Maintenant que notre programme d'inspection est stable et que nos gens sont expérimentés, nous voulions rendre tout cela plus efficace et surtout plus rapide pour la protection du public et aussi pour les pharmaciens qui sont souvent en attente de décision. D’autres ordres importants comme celui des médecins, des infirmières et infirmiers ou encore des avocats ont des mécanismes d’inspection professionnelle déjà bien rodés et des équipes permanentes. Nous avons donc soumis notre projet de règlement à l’Office des professions, qui devait s’assurer que les conditions requises étaient réunies pour le mettre en place. Qu’est-ce qui va changer concrètement?Actuellement, notre programme est une sorte d’entonnoir où on retrouve d’abord l’auto-inspection, puis l'inspection individuelle ou du chef de département de la pharmacie pour le circuit du médicament, et enfin l'inspection particulière sur la compétence, si on rencontre des situations plus problématiques en termes de compétences des pharmaciens. À ce moment-là, des mesures peuvent être demandées, qu’il s’agisse de formation ou de radiation. Tout cela prend un certain temps, jusqu’à un an pour les inspections particulières sur la compétence. Nous nous sommes donc demandé comment diminuer les délais tout en continuant d’assurer la protection du public. Le Code des professions donne la possibilité de changer la structure décisionnelle, et c’est vraiment ce qui bloque, notamment pour les inspections particulières sur la compétence pour lesquelles le processus est assez complexe. Il faut que l’inspecteur présente le dossier au comité d’inspection professionnelle (CIP) qui va l’étudier, puis entendre le pharmacien, et prendre ou pas des mesures. Le CIP fait ensuite une recommandation au comité exécutif (CE) qui prend la décision finale. Plusieurs mois s’écoulent souvent entre les décisions des différents comités. Ce nouveau règlement prévoit donc d’éliminer l’intervention du CE. La décision finale reviendra désormais au CIP. Et les cas qui passaient devant le CIP vont dorénavant être gérés par un comité d'inspecteurs.Combien de temps cette nouvelle structure décisionnelle pourrait-elle permettre de gagner?Avec le nouveau processus, on devrait retrancher deux ou trois mois, soit 25% du temps sur un an. Ce qui va aussi permettre de diminuer le nombre de rencontres du CIP, et donc d’utiliser ces ressources financières économisées pour embaucher un responsable de l’inspection professionnelle (RPI). Sa nomination sera à la charge d’un comité interne, qui s’assurera de garder une cohérence.Les inspecteurs vont donc voir leurs attributions évoluer…Les responsabilités vont en effet changer, car les inspecteurs et le RIP vont jouer un rôle plus important. Avec davantage de prise de décisions, donc, mais aussi moins d’inspections particulières inutiles. Aujourd’hui, on compte environ 1500 à 2000 auto-inspections par année (lorsque les pharmaciens s’auto-évaluent avec une présentation de documentation clinique ou de projets), entre 200 et 250 inspections faites sur place par nos inspecteurs, et ensuite entre 10 et 15 inspections particulières sur la compétence. Nous menons donc autour de 2250 inspections par an au total, pour une équipe d'environ 10 équivalents temps plein, dont un poste en recrutement et un autre poste prévu pour l'entrée en vigueur du nouveau règlement d'inspection. Pour accélérer encore tout cela, nous projetons également d'avoir davantage recours à un mécanisme déjà existant: les engagements, les ententes avec les pharmaciens. Si on se rend compte lors de l’inspection individuelle qu’il y a des soucis, le pharmacien en cause pourrait s’engager à remédier à la situation pour éviter de passer par l’inspection personnelle sur les compétences. Évidemment, cela réclame que le pharmacien soit prêt à reconnaître les problèmes de compétences et qu’il veuille corriger ses lacunes, ce qui n’est pas toujours évident. Les pharmaciens parlent de processus parfois anxiogènes…Et nous les entendons! C'est toujours anxiogène d’être évalué sur son travail, on ne sait pas ce qui va en ressortir. On peut comparer l’inspection à un processus d'appréciation de la profession. C’est pourquoi nous avons beaucoup travaillé avec nos inspecteurs pour simplifier et accélérer l'inspection; cette révision du règlement est la dernière étape. Nous avons formé nos inspecteurs avec des cas pratiques pour qu’ils sachent comment annoncer une inspection particulière aux pharmaciens. Même si ça demeure un moment difficile – nous en sommes conscients et les pharmaciens nous le disent. Or, plus le processus prend du temps, plus il peut créer d’angoisse, même chez les excellents pharmaciens qui n’ont pas de raison de s’inquiéter. Ce qu’on veut, c’est bien sûr identifier des situations problématiques pour la protection du public, mais elles restent minoritaires. On veut surtout travailler avec les pharmaciens sur la modification de leur pratique quand c’est nécessaire, les soutenir, car on sait que la profession est transformée, et les encourager à continuer leur bonne pratique! Moins on va générer d’anxiété, mieux l’inspection sera reçue et plus elle sera efficace. Outre ce nouveau Règlement sur l’inspection professionnelle, l’Ordre est aussi engagé dans une révision de sa gouvernance générale…En effet, notamment sur le rôle et la pertinence de certains comités non obligatoires, comme le comité exécutif. Ce dernier va rester en place cette année, mais s’il était amené à disparaître, il faudrait confier ses autres responsabilités, comme le fait de traiter une poursuite contre un pharmacien ou une infraction criminelle. Tous ces comités sont-ils nécessaires? Ne pourrait-on pas fusionner certains mandats? Il est sûr que, plus on a de comités, moins l’Ordre est agile dans ses actions.

L'OPQ mise sur une inspection professionnelle plus agile et moins anxiogène

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