Liraglutide, sémaglutide: leur action coupe-faim élucidée

Si l'effet sur la perte de poids des traitements à base de sémaglutide ou de liraglutide ne fait aucun doute, on ignorait jusqu'alors par quel mécanisme sous-jacent ils y parvenaient. Des chercheurs de l’Université Laval ont trouvé la clé de l'énigme: une famille de neurones serait responsable d'envoyer un signal de satiété dans le cerveau.L’étude menée par l’équipe d’Alexandre Caron, professeur à la Faculté de pharmacie de l'Université Laval, chercheur à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en pharmacologie neurométabolique, vient d’être publiée par la revue Neuroendocrinology. Une famille de neurones sensible à l'état métaboliqueLe sémaglutide, un analogue de l'hormone GLP-1 produite naturellement par l'intestin après un repas contenant des glucides, circule dans le sang jusqu’à une région du cerveau appelée le noyau arqué de l'hypothalamus, explique le professeur Caron à ULaval nouvelles.«En raison de leur emplacement anatomique privilégié, les neurones du noyau arqué de l'hypothalamus (ARC) jouent un rôle essentiel dans la détection et la réponse aux signaux métaboliques tels que la leptine et le peptide 1 de type glucagon (GLP-1)», induisant la sensation de satiété, écrivent les chercheurs. À lire aussi: Ozempic: «On a créé un monstre»Jusqu'à présent, deux familles de neurones étaient connues des scientifiques: les neurones prototypiques de la pro-opiomélanocortine (POMC) et du peptide apparenté à l'agouti (AgRP). En plus de ces deux populations, l'ARC abrite aussi des neurones GABAergiques à l'origine de ces effets sur l'équilibre énergétique. Mais leur identité restait inconnue.En observant le cerveau de souris adultes, l'équipe du professeur Caron a donc découvert l'identité de cette nouvelle population: il s'agit de neurones Crabp1ARC (exprimant la protéine 1 de liaison à l'acide rétinoïque cellulaire) distincts des neurones POMC et AgRP et sensibles à l'état métabolique, précise l'étude. Ils se distinguent par l'abondance de leurs récepteurs membranaires pouvant se lier à l'hormone GLP-1 ou à des molécules analogues comme le sémaglutide.Les expériences montrent que «l'activité de ces neurones est réduite après un repas de même qu'après l'injection de liraglutide, une molécule similaire au sémaglutide, détaille Alexandre Caron. La liaison entre cette molécule et les récepteurs GLP-1 “ferait croire” à ces neurones qu'il y a eu ingestion d'un repas, ce qui conduirait à la production de signaux de satiété dans le cerveau.» Un mode d’action aussi employé par les médicaments à base de sémaglutide comme Ozempic, Rybelsus, Wegovy ou encore Mounjaro. À lire aussi: Arrêter un traitement amaigrissant à long terme comme le Wegovy, une illusion?«Notre étude nous permet d'avoir un meilleur portrait de la mécanique fine de ces médicaments coupe-faim. De plus, elle met en lumière l'existence d'une nouvelle population de neurones qui pourrait servir de cible pour améliorer les molécules coupe-faim existantes, en réduisant notamment leurs effets indésirables, ou pour développer de nouvelles molécules», se félicite le chercheur.

Liraglutide, sémaglutide: leur action coupe-faim élucidée

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes