L'interprétation des codes de déontologie doit tenir compte du contexte, estiment les ordres professionnels

Constatant que la capacité du réseau de la santé a atteint un point de saturation, les ordres professionnels des médecins, des infirmières et des pharmaciens admettent que l’interprétation des codes de déontologie «devra tenir compte de la disponibilité des ressources, au moment où les soins auront été prodigués ou les services offerts». Mercredi, le Collège des médecins, l’Ordre des infirmières et infirmiers et l’Ordre des pharmaciens du Québec ont réagi à la présentation du nouveau Guide pour la priorisation et la gestion des hospitalisations en courte durée en contexte de COVID-19 par le ministère de la Santé et des Services sociaux, mardi. À lire aussi: Le système de santé se prépare à une potentielle baisse de l'intensité des soins Ce guide prévoit, pour une période de quatre à six semaines, de «redéfinir la qualité minimale des soins en contexte de pandémie» pour traiter un plus grand nombre de patients. Il prévoit également les trois mesures suivantes: - Ne plus mettre tous les efforts pour empêcher l’intrusion du virus à l’hôpital - Accepter les risques, de freiner les entrées de patients et d'accélérer les sorties de l’hôpital - Mettre à contribution les familles des patients. Selon les trois ordres professionnels, en raison du manque de personnels et des prévisions quant au nombre de patients hospitalisés, il faut «prioriser les situations urgentes et vitales, remettre en question la pertinence de l’hospitalisation ou soigner hors de l’hôpital les patients qui n’ont pas besoin du plateau technique». «Dans un contexte de ressources limitées, certains choix doivent être faits pour répondre de la façon la plus efficiente possible aux problèmes de santé graves et urgents de la population. Il faut explorer toutes les alternatives à l’hôpital, qu’elles soient existantes ou à aménager», ont-ils écrits dans un avis conjoint transmis à leurs membres. Même si les professionnels de la santé doivent adapter les soins en situation d’urgence sanitaire, les ordres professionnels s’attendent à ce que leurs membres continuent d’offrir des soins de qualité et sécuritaires. Le Collège des médecins et l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec n’ont pas voulu nous accorder une entrevue sur le sujet. Les syndicats appuient le nouveau guide De son côté, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) appuie ce nouveau plan. «On ne peut qu’être d’accord avec le fait d’être prévoyant, de planifier et d’être prudent», mentionne le président, le Dr Marc-André Amyot. Selon lui, des mesures de ce guide peuvent déjà être appliquées sans nuire à la qualité des soins. Entre autres, des hôpitaux ont commencé à accélérer les sorties des patients. «À chaque fois qu’on peut sauver une hospitalisation et qu’il y a des alternatives tout aussi sécuritaires, il faut le faire. Par exemple, une personne âgée qui se blesse et a une perte d’autonomie l’empêchant de rester seule à la maison. Est-ce que dans un contexte de pandémie, il n’y aurait pas lieu de solliciter davantage la famille pour maintenir cette personne à la maison?» Le Dr Amyot avance que 13% des personnes hospitalisées n’auraient plus besoin de l’être. Par ailleurs, il affirme que le système de santé n’en est pas encore à diminuer la qualité des soins aux patients. «Ultimement, si la demande dépasse la capacité hospitalière, le plan d’action va être déclenché et nous allons devoir tourner les coins ronds. Nous espérons ne jamais nous rendre là». Tout comme la FMOQ, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) accueille favorablement ce nouveau plan. «Il faut s’adapter au virus […]. Il faut arrêter de faire une médecine à risque zéro pour cette maladie qui a changé. On doit envisager prendre certains risques calculés et arrêter de mettre la médecine en pause pour les autres patients», a-t-il commenté à l’émission D’abord l’info, sur les ondes de RDI. Selon lui, il faut absolument repenser la gestion des patients hospitalisés, comme les personnes âgées qui attendent un transfert vers un centre de soins de longue durée.

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