L'initiation d’antihypertenseurs accroît le risque de chute chez les aînés en résidence

Les résidents des établissements de soins de longue durée constituent une population très vulnérable, caractérisée par une multimorbidité, une polypharmacie et une fragilité importantes. La majorité des résidents font une chute au cours d'une année donnée. Plus d'un quart des chutes entraînent une blessure grave, et 10 à 15 % engendrent des fractures, une hospitalisation ou le décès.L'hypertension est diagnostiquée chez plus de 70% des personnes âgées et les antihypertenseurs sont les médicaments les plus fréquemment utilisés dans ce groupe d'âge. Cependant, ils entraînent fréquemment de l'hypotension orthostatique, une complication qui est à l'origine de nombreuses chutes. Le risque le plus élevé survient dans la période qui suit immédiatement l'instauration du traitement.On ne dispose que de peu de données sur l'association entre l'instauration d'un traitement antihypertenseur et le risque de fractures chez les personnes âgées résidant dans des maisons de soins de longue durée. En effet, la plupart des essais cliniques et des données d'observation ont été obtenus auprès de patients vivant dans la communauté.À lire aussi: La médication contre l’ostéoporose est-elle pertinente après 70 ans?Pour étudier cette question, des chercheurs américains ont évalué l'association entre l'instauration d'un traitement antihypertenseur et le risque de fracture chez des personnes âgées résidant dans des maisons de soins de longue durée. Leur étude de cohorte rétrospective a utilisé des données provenant de résidents de maisons de soins infirmiers de longue durée (97,7 % d'hommes) de la Veterans Health Administration entre 2006 et 2019. Les chercheurs ont ensuite identifié les épisodes d'instauration de la médication antihypertensive et ceux-ci ont été appariés avec des témoins comparables qui n'ont pas initié de traitement.Le résultat principal était la fracture non traumatique de l'humérus, de la hanche, du bassin, du radius ou du cubitus dans les 30 jours suivant l'instauration du traitement antihypertenseur. Les résultats ont été compilés parmi des sous-groupes de résidents atteints de démence, en fonction des seuils de pression artérielle systolique et diastolique de 140 et 80 mm Hg, respectivement, et en fonction de l'utilisation antérieure de traitements antihypertenseurs. Les analyses ont été ajustées pour plus de 50 covariables de départ en utilisant l'appariement du score de propension 1:4.À lire aussi: Le diltiazem augmente le risque d’hémorragie chez les aînés traités à l’apixaban ou au rivaroxabanVoici les principaux résultats:Dans la cohorte de 64 710 résidents appariés par score de propension (âge moyen de 77,9 ans), le taux d'incidence des fractures pour 100 personnes-années chez les résidents ayant commencé un traitement antihypertenseur était de 5,4, contre 2,2 dans le groupe témoin. Cela correspond à un rapport de risque (HR) ajusté de 2,42 (IC à 95%, 1,43-4,08) et à une augmentation du risque ajusté pour 100 personnes-années de 3,12 (IC à 95%, 0,95-6,78).L'instauration d'un traitement antihypertenseur a également été associée à un risque plus élevé de chutes graves nécessitant une hospitalisation ou une visite aux urgences (HR, 1,80 [IC à 95%, 1,53-2,13]), et de syncopes (HR, 1,69 [IC à 95%, 1,30-2,19]). L'ampleur du risque de fracture était quantativement plus élevée dans les sous-groupes de résidents atteints de démence (HR, 3,28 [IC à 95%, 1,76-6,10]), avec une pression artérielle systolique ≥ 140 mmHg (HR, 3. 12 [IC à 95%, 1,71-5,69]) au départ, une pression artérielle diastolique ≥ 80 mmHg (HR, 4,41 [IC à 95%, 1,67-11,68]) au départ, et n'ayant pas pris de médicaments antihypertenseurs récemment (HR, 4,77 [IC à 95%, 1,49-15,32]).Selon les auteurs, l'instauration d'un traitement antihypertenseur est ainsi associée à des risques élevés de fractures et de chutes. Ces risques étaient numériquement plus élevés chez les résidents atteints de démence, dont la tension artérielle au départ était plus élevée et qui n'avaient pas pris d'antihypertenseurs récemment. Les traitements antihypertenseurs devraient être initiés «avec prudence et sous étroite surveillance» chez les résidents de soins de longue durée, conseillent les chercheurs. Ces derniers soulignent que leur étude portait principalement sur des patients masculins, ce qui pourrait limiter la généralisation de leurs résultats à d'autres populations de maisons de retraite. Par ailleurs, l'étude n'a pas évalué les différences du risque de fracture en fonction de la classe de médicaments antihypertenseurs.

L'initiation d’antihypertenseurs accroît le risque de chute chez les aînés en résidence

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