L'exercice peut-il améliorer la dysfonction sexuelle due aux traitements du cancer de la prostate?

L'exercice physique semble contribuer à l'amélioration de la dysfonction sexuelle chez les patients atteints d'un cancer de la prostate - avec ou sans thérapie psychosexuelle. C'est du moins la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs australiens dans une affiche présentée lors de la récente conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO). Le dysfonctionnement sexuel est une conséquence fréquente des traitements du cancer de la prostate, et peut être associé à diverses séquelles telles que la dépression. «L'exercice physique apparaît comme une thérapie potentielle dans la prise en charge de la santé sexuelle», indique l'affiche. Mais des questions restent sans réponse quant à l'impact de l'exercice sur la santé sexuelle. Les mêmes chercheurs avaient déjà publié plusieurs études portant sur les effets de l'exercice physique chez les hommes atteints d'un cancer de la prostate. Dans l'une des premières études, publiées en 2006, 10 hommes sous traitement de privation androgénique pour un cancer de la prostate localisé ont suivi un entraînement progressif d'exercices de résistance pendant 20 semaines. L'étude a montré que l'exercice améliorait la force musculaire générale, les performances fonctionnelles et l'équilibre. Depuis, ce groupe ainsi que d'autres ont établi que les exercices d'aérobie et de résistance améliorent de nombreux aspects de la santé physique et mentale, notamment la force, la composition corporelle, la densité minérale osseuse, la diminution du glucose, la fatigue et le déclin cognitif. L'impact de l'exercice sur la santé sexuelle, la libido, les performances et la satisfaction sexuelles est moins clair. À lire aussi: Le traitement du cancer de la prostate peut attendre pour la plupart des hommes Dans une étude exploratoire réalisée en 2022, l'équipe a constaté que l'exercice physique était associé à une augmentation de la production de myokines, des protéines anticancéreuses. L'étude portait sur des patients atteints d'un cancer de la prostate et soumis à une thérapie de privation d'androgènes, mais on ne connaît pas encore la signification clinique potentielle ou d'autres facteurs contributifs. D'autres études soutiennent également l'idée que l'exercice aérobique peut contribuer à améliorer des conditions telles que la dysfonction érectile, probablement grâce à ses effets sur le métabolisme et la santé cardiovasculaire. Mais peu d'entre elles se sont penchées spécifiquement sur le cancer de la prostate. Dans une étude publiée en 2022, un programme d'exercice de 12 semaines n'a pas amélioré la santé sexuelle de 28 patients atteints de métastases osseuses par rapport à 29 patients traités avec les soins habituels, ce qui indique qu'il faut en savoir plus sur le rôle de l'exercice. La présente étude a évalué un programme d'exercice supervisé de six mois et a ajouté une thérapie psychosexuelle autogérée dans un volet, en émettant l'hypothèse que cette combinaison serait bénéfique. Dans cet essai, 112 hommes, tous atteints de dysfonction sexuelle après un traitement contre le cancer de la prostate, ont été répartis au hasard entre un programme d'exercices avec ou sans thérapie psychosexuelle et les soins habituels. Cette étude récente a examiné les effets d'exercices supervisés, de résistance et d'aérobie, avec ou sans thérapie psychosexuelle autogérée, sur la santé sexuelle d'hommes atteints d'un cancer de la prostate. Les chercheurs n'étaient pas disponibles pour des entrevues. L'essai clinique randomisé multicentrique en groupes parallèles, mené entre 2014 et 2018, a inclus 112 participants atteints d'un cancer de la prostate qui étaient en cours de traitement ou qui avaient déjà été traités. Ils présentaient tous des dysfonctionnements sexuels. Ils ont été répartis au hasard dans l'un des trois groupes, et ont bénéficié de six mois d'interventions au total. Le premier groupe était composé de 39 participants qui ont suivi un programme d'exercices de résistance et d'aérobie supervisé en groupe; le deuxième groupe comprenait 36 participants qui ont suivi le même programme d'exercices ainsi qu'une thérapie psychosexuelle; et les 37 participants restants ont reçu les soins habituels. À lire aussi: Quiz: Le cancer de la prostate Les sujets des groupes d'exercice ont participé à des séances trois jours par semaine. La thérapie psychosexuelle consistait en une intervention d'autogestion portant sur le bien-être psychologique et sexuel. Les chercheurs n'ont pas répondu aux demandes d'entrevue. Le résultat principal était la santé sexuelle, évaluée à l'aide de l'indice international de la fonction érectile. Dans l'ensemble, la fonction érectile a augmenté de 5,1 points avec l'exercice et de 1,0 point avec les soins habituels. La satisfaction des rapports sexuels a augmenté de 2,2 points avec l'exercice et de 0,2 point avec les soins habituels. L'ajout d'une thérapie psychosexuelle autogérée n'a pas entraîné d'améliorations supplémentaires. L'étude a montré que l'exercice physique permettait également de prévenir l'augmentation de la masse graisseuse, d'améliorer les résultats en matière de fonction physique et d'accroître la force musculaire du haut et du bas du corps. «Bien que l'exercice soit un "médicament" puissant pour les patients atteints de cancer de la prostate et qu'il doive être fortement encouragé, une évaluation plus poussée est justifiée en ce qui concerne les avantages pour la santé sexuelle», selon la Dre Celestia Higano. Elle n'a pas participé à l'étude, mais a été membre d'un groupe indépendant qui a publié des lignes directrices internationales sur les soins de santé sexuelle des patients atteints d'un cancer de la prostate. Elle est professeure adjointe de médecine au Département des sciences urologiques de l'Université de Colombie-Britannique et directrice médicale du programme de soins de soutien pour le cancer de la prostate (PCSC). «L'attention portée à la santé sexuelle devrait être au cœur des soins prodigués aux patients atteints d'un cancer de la prostate, mais elle fait cruellement défaut, non seulement au Canada, mais dans le monde entier, a-t-elle lancé en entrevue. Il faut davantage de ressources et de formation pour les professionnels de la santé dans ce domaine, ainsi qu'une aide accessible aux patients, quel que soit leur lieu de résidence.» «Il y a un énorme besoin non satisfait», a-t-elle ajouté. À lire aussi: Vers de nouvelles appellations pour le cancer de la prostate de bas grade? En effet, de 81 à 93% des patients déclarent que le traitement du cancer de la prostate a un impact négatif sur leur vie sexuelle, et de 20 à 58% des hommes affirment qu'en conséquence, l'activité sexuelle avec leur partenaire a cessé - la chirurgie et la radiothérapie ont toutes deux un impact sur le dysfonctionnement sexuel. Et il y a des conséquences liées à la dysfonction sexuelle. L'estime de soi, la masculinité, l'image corporelle et l'intimité avec le ou la partenaire sont toutes affectées négativement. «Ces changements sont extrêmement pénibles», a affirmé la Dre Higano. Les lignes directrices précisent que «l’origine, l'appartenance ethnique et la race peuvent affecter les perspectives sur les rôles liés au genre, l'orientation sexuelle, les relations et les croyances en matière de santé. De plus, le chagrin et le deuil associés à la perte de la sexualité affectent le rétablissement de l'intimité sexuelle des couples». Les lignes directrices recommandent l'évaluation de la dysfonction et de la détresse sexuelles, le dépistage, le rôle du conseil psychosexuel, l'aide aux patients et à leurs partenaires pour qu'ils aient des attentes réalistes en matière de rétablissement, la modification du mode de vie, les traitements, et bien d'autres choses encore. En Colombie-Britannique, le programme PCSC a soutenu avec succès les patients atteints de cancer de la prostate dans la province, mais aussi dans tout le Canada, a souligné la Dre Higano. Il propose des modules en ligne et d'autres informations pour aider les patients et leur famille à en savoir plus sur la maladie, son traitement et les interventions. Il existe notamment des modules sur la santé sexuelle et l'exercice physique. «L'exercice physique devrait être fortement recommandé à tous les patients atteints d'un cancer de la prostate, qu'il améliore ou non la dysfonction sexuelle», a-t-elle conclu.

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