Les vaccins COVID-19 offrent-ils une protection au-delà de l'infection?

De plus en plus de données montrent que la vaccination contre la COVID-19 n'offre pas seulement une protection contre l'infection et une réduction des symptômes en cas de primo-infection, mais qu'elle peut également conférer une protection après la guérison. En effet, une étude suggère que la vaccination réduit les marqueurs de l'inflammation qui peuvent être associés à une COVID longue et à d'autres conditions, tandis qu'une autre suggère qu'elle peut réduire le risque de développer un diabète post-infectieux. Dans le Lancet Microbe, les chercheurs affirment que «la vaccination est associée à une réduction à court et à long termes de l'inflammation, ce qui pourrait en partie expliquer la réduction de la gravité de la maladie et de la mortalité chez les personnes vaccinées». L'étude note que l'inflammation joue un rôle clé dans la pathogenèse de la COVID-19 et qu'une tempête de cytokines pendant l'infection peut mettre la vie en danger. Des concentrations élevées de cytokines et de chimiokines pendant la maladie sont associées à un risque accru de gravité de la maladie et de décès. Il a été démontré précédemment que les donneurs de plasma de convalescence qui se sont récemment rétablis d'une infection par la COVID présentent des concentrations élevées de cytokines et de chimiokines. À lire aussi: COVID: le Canada surveillera si les nouveaux vaccins sont efficaces »Des concentrations élevées de cytokines et de chimiokines ainsi qu'une inflammation persistante peuvent également durer des mois et pourraient être liées au développement d'affections post-COVID-19», indique l'étude. Les données concernant les effets des vaccins sur les cytokines et les chimiokines sont mitigées. Certaines données montrent que les vaccins génèrent de fortes concentrations d'anticorps neutralisants qui empêchent le dérèglement des cytokines et réduisent les conséquences graves. D'autres suggèrent que les vaccins peuvent augmenter les biomarqueurs de l'inflammation immédiatement après l'injection. Mais les effets à court et à long terme chez les personnes atteintes de COVID-19 symptomatique n'étaient pas connus. Une étude de cohorte longitudinale et prospective a été réalisée à partir d'échantillons sanguins de participants à l'essai Convalescent Plasma to Limit SARS-CoV-2 Associated Complications (Plasma de convalescence pour limiter les complications associées au SRAS-CoV-2). Cette étude était une analyse secondaire de l'essai visant à évaluer l'effet de la vaccination contre la COVID-19 sur les concentrations et les trajectoires des cytokines et des chimiokines au fil du temps chez les personnes récemment infectées. «Nous avons ajusté le volet de l'essai dans les modèles de régression afin de minimiser l'effet du plasma de convalescence et du plasma de contrôle», a souligné Joshua Xianming Zhu, MHS. Il est biostatisticien au département de pathologie de Johns Hopkins Medicine. Au total, 882 participants, récemment infectés par le SRAS-CoV-2, ont été recrutés entre le 29 juin 2020 et le 30 septembre 2021. Parmi eux, 506 (57%) étaient des femmes et 376 (43%), des hommes. Un nombre important, 688 (78%) des 882 participants n'étaient pas vaccinés, 55 (6%) étaient partiellement vaccinés et 139 (16%) étaient complètement vaccinés au moment de l'inscription à l'étude. Parmi les patients non vaccinés, 252 (37%) étaient âgés de 50 ans ou plus, et 29 (21%) des 139 patients entièrement vaccinés étaient âgés de 50 ans ou plus. Le groupe non vacciné présentait des charges virales plus élevées que les patients vaccinés. Les variants du SRAS-CoV-2 ont été pris en compte. Plusieurs études de suivi ont été menées après l'infection, allant d'une semaine à 90 jours. Il a été constaté qu'un à huit jours après l'infection, le groupe non vacciné présentait les concentrations moyennes les plus élevées de presque toutes les cytokines évaluées, tandis que le groupe partiellement vacciné présentait des concentrations plus faibles et que le groupe entièrement vacciné présentait les concentrations les plus faibles. D'autres marqueurs inflammatoires présentaient des profils similaires. Les analyses d'échantillons de sérum prélevés 90 jours après l'infection ont encore montré les avantages de la vaccination. «Les personnes entièrement vaccinées présentaient des concentrations plus faibles de presque toutes les cytokines et chimiokines que les personnes non vaccinées, à court et à long termes, après une infection symptomatique par le SRAS-CoV-2», écrivent les auteurs. Les patients qui n'avaient pas été vaccinés et qui s'étaient remis de la COVID-19 présentaient des concentrations plus élevées de marqueurs inflammatoires IL-7, IL-8 et VEGF-A que les personnes entièrement vaccinées. Cela suggère que «les personnes non vaccinées mettent plus de temps à se remettre de l'inflammation causée par le COVID-19», selon l'article. À lire aussi: Paxlovid: un plus grand bénéfice chez les patients gravement immunodéprimés Les vaccins adénovirus et ARNm ont eu des effets similaires sur les profils de cytokines «bien que les vaccins ARNm puissent réduire les concentrations d'IL-8 et de VEGF-A et que des données supplémentaires soient nécessaires pour confirmer ce résultat», a précisé le Dr Zhu. «Des études ont montré que la sévérité et la durée de l'inflammation sont associées à une COVID longue. Notre étude suggère que la vaccination a des effets bénéfiques sur la réduction de l'inflammation depuis le début de l'infection jusqu'à trois mois après l'infection, ce qui explique mécaniquement pourquoi la vaccination pourrait prévenir la morbidité et la mortalité initiales, ainsi que la COVID longue», a-t-il commenté en entrevue. Une deuxième étude, publiée sur le site medRxiv, suggère que la vaccination contre la COVID-19 pourrait réduire l'incidence du diabète post-infectieux. L'article n'a pas encore été révisé par des pairs. Les auteurs ont étudié une cohorte de 15 millions de personnes en Angleterre. L'étude a révélé une augmentation de 30 à 50% de l'incidence du diabète de type 2 (DT2) après une infection par la Covid, «mais nous rapportons une nouvelle découverte selon laquelle l'incidence est élevée plus d'un an après le diagnostic», ont écrit les auteurs. L'étude indique que l'incidence élevée du DT2 après la COVID-19 était plus importante et persistait plus longtemps chez les patients hospitalisés que chez les patients non hospitalisés, et que ce phénomène était «nettement moins apparent après la vaccination». Il a également été constaté que l'incidence élevée du DT1 ne semblait pas persister au-delà d'un an. «Nous démontrons que la vaccination contre la COVID-19 réduit, mais n'améliore pas entièrement, l'incidence excessive du diabète après la vaccination COVID-19», indique l'étude. À lire aussi: Un Nobel pour les pionniers de l’ARN messager, Katalin Kariko et Drew Weissman Toutefois, selon le Dr Sumon Chakrabarti, médecin canadien spécialiste des maladies infectieuses, si de nombreux rapports suggèrent un lien entre le diabète et la COVID, de nombreux cas peuvent être dus à un diabète préexistant non détecté. «Le diabète est généralement détecté par des analyses de sang, et les personnes qui tombent malades à cause de la Covid se font souvent faire des analyses de sang, ce qui entraîne un biais de vérification», a-t-il indiqué en entrevue. Le Dr Chakrabarti est professeur adjoint de médecine à l'Université de Toronto. «Les personnes qui sont suffisamment malades pour consulter un médecin en raison de la Covid ont généralement d'autres problèmes de santé qui les exposent à un risque plus élevé de diabète, ce qui constitue un autre facteur de confusion. Cela ne veut pas dire que ce n'est pas concevable. Nous soupçonnons depuis longtemps que le diabète de type 1 pourrait être déclenché par un virus. Mais il ne faut pas voir la Covid comme étant un facteur de causalité, par exemple, il s’agirait plutôt de la goutte d'eau qui a fait déborder le vase», a-t-il soutenu.

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