Les traitements oncologiques continuent de dominer le marché des médicaments émergents

La recherche pharmaceutique ne cesse de s’accélérer. L’an dernier, plus de 9000 nouveaux médicaments étaient en cours d’évaluation clinique, contre un peu moins de 8500 en 2021. «Le nombre de médicaments émergents augmente en moyenne de 11% par année depuis 2018», signale le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) dans l’édition 2022 de l'Observateur des médicaments émergents, un volumineux rapport (disponible en pied de page) qui recense 1257 nouvelles thérapies faisant l’objet d’essais cliniques de phase III ou en attente d’homologation au Canada, aux États-Unis et en Europe. À travers cette recension, l’objectif du CEPMB est «de mettre en évidence celles qui pourraient avoir une incidence sur le système de soins de santé canadien». Soit parce qu’elles pourraient «permettre une percée en ce qui concerne la réponse à des besoins jusqu'ici non comblés ou de traiter de grandes populations de patients», mais aussi car ces traitements souvent coûteux auront des répercussions sur l’équilibre financier des régimes d’assurance-médicament publics et privés au pays. Parmi les 1257 médicaments sélectionnés, le CEPMB a ainsi calculé que neuf d’entre eux devraient générer des revenus annuels mondiaux de plus d’un milliard de dollars américains d’ici 2028. Comme les années précédentes, les traitements oncologiques dominent toujours le paysage des médicaments émergents. Les thérapies contre le cancer représentant ainsi près du tiers (30%) des médicaments à toutes les phases des essais cliniques. Dans le détail, 131 sont voués à traiter le cancer du poumon non à petites cellules; 64, les tumeurs solides; 63, le cancer du sein; 45, le cancer colorectal métastatique; 43, le carcinome hépatocellulaire; 40, la leucémie myélocytaire aiguë; 38, le glioblastome multiforme; et, enfin, 32 visent une indication pour le lymphome diffus à grandes cellules B. La deuxième place est occupée par les traitements contre les maladies infectieuses (15% des médicaments émergents). Ce résultat s'explique par le nombre accru de médicaments pour le traitement de la COVID-19. En septembre 2022, 550 vaccins et traitements étaient en cours d’évaluation clinique à l’échelle mondiale pour la prévention et le traitement du SARS-CoV-2. Santé Canada est pour sa part en train d’en examiner 14 nouveaux. Viennent ensuite les traitements novateurs pour les affections du système nerveux central (maladie d’Alzheimer, sclérose latérale amyotrophique, maladie de Parkinson, douleur arthrosique, etc.), et ceux pour la prise en charge des troubles métaboliques (diabète de type 1 et 2, dyslipidémie et hyperlipidémie, obésité). Les thérapies dans le domaine de l’immunologie (polyarthrite rhumatoïde, psoriasis en plaques, etc.), celles qui concernent le tube digestif (colite ulcéreuse, maladie de Crohn, etc.), le système cardiovasculaire et l’appareil respiratoire complètent le tableau. Prévalence en hausse des médicaments orphelins L’Observateur des médicaments émergents mentionne que près du tiers (31%) des médicaments en cours d’essais cliniques de phase III ou en attente d’homologation avaient une désignation rapide de médicament orphelin approuvée par la Food and Drug Administration (FDA) ou par l’Agence européenne des médicaments (EMA). Cela «concorde avec la tendance à la hausse de la prévalence des médicaments orphelins entrant sur le marché pharmaceutique», souligne le rapport du CEPMB en rapportant que ces médicaments dits orphelins ont représenté 58% des médicaments approuvés en 2020 au Canada. À lire aussi: L’industrie pharmaceutique ou l’éléphant dans la pièce Autre tendance mise en lumière, la recherche pharmaceutique s’intéresse de près aux thérapies géniques et cellulaires qui sont étendues à des groupes élargis de patients, par exemple pour le traitement de la myopathie de Duchenne. Le rapport du CEPMB note également que les produits émergents biosimilaires s’étendent à de nouveaux domaines thérapeutiques comme l’asthme (omalizumab), la santé osseuse (dénosumab) et l’infarctus du myocarde (ténectéplase). Par ailleurs, parmi les 21 médicaments biosimilaires en cours d’essais de phase III répertoriés en 2022, 14 seraient les premiers à être commercialisés en référence à un médicament biologique, si et seulement si ils sont approuvés. L’Observateur mentionne ainsi à titre d’exemples le cétuximab (pour le traitement de certains cancers), le dénosumab (pour la prise en charge de l’ostéoporose postménopausique), l’éculizumab (pour le traitement de l’hémoglobinurie paroxystique nocturne) ou encore l’ocrélizumab (indiqué pour la sclérose en plaques récurrente-rémittente). «L’accès à ces produits biosimilaires pourrait avoir une incidence de taille sur les coûts dans un large éventail de domaines thérapeutiques», souligne le rapport en précisant qu’au 30 mars 2023, un produit biosimilaire de l’éculizumab et un de l’ustékinumab étaient en cours d’examen par Santé Canada.

Les traitements oncologiques continuent de dominer le marché des médicaments émergents

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes