Les professionnels de la santé affectés aux soins à domicile passent la majorité de leur temps au bureau

Les professionnels affectés aux services à domicile passent la majorité de leur temps au bureau, et les établissements vérifiés n’incitent pas suffisamment leurs employés à optimiser leur productivité, dénonce le vérificateur général du Québec dans un rapport très critique consacré aux soins à domicile pour les personnes en perte d’autonomie.Le vérificateur relève que le pourcentage des heures passées aux résidences des personnes âgées que les professionnels sont chargés de desservir est parfois peu important en regard du temps qu’ils passent à leur bureau. En outre, le nombre d’heures varie grandement d’une catégorie d’employés à un autre. Le personnel infirmier chargé d’assurer des soins à domicile y consacre en moyenne 29% de son temps.Chez les physiothérapeutes, cette proportion est de 31% -- un sommet -- et pour les services psychosociaux, elle est seulement de 11%. Cette proportion est très variable d’un CSSS à l’autre.Budget des soins à domicileEn 2011-2012, le ministère de la Santé et des Services sociaux a consacré 599 millions $ aux services à domicile offerts aux personnes âgées en perte d’autonomie. Une tranche de 100 millions $ va aux frais généraux liés à l’administration, au soutien aux services et à la gestion des bâtiments.La plus grande partie de l’enveloppe, soit 499 millions $, sert à rencontrer les dépenses directes provenant du programme-services Perte d’autonomie liée au vieillissement (PALV). À la lumière des observations du vérificateur, on comprend qu’une grande partie de cet argent ne se traduit pas en services à domicile directs.«Bien que certaines tâches importantes soient réalisées au bureau, telles que les suivis avec le médecin traitant ou le pharmacien, ou les démarches pour obtenir l’équipement nécessaire à la dispensation des soins, d’autres tâches pourraient être éliminées, automatisées ou déléguées afin d’augmenter les services directs aux usagers», estime le vérificateur.Amélioration de la productivitéLe vérificateur affirme qu’une amélioration de la productivité serait possible.«En 2011-2012, si tous les établissements qui n’atteignaient pas la moyenne provinciale quant au pourcentage d’heures de services effectuées à domicile l’avaient atteinte pour chaque type de services, des gains de plus de 328 000 heures de soins directs aux usagers auraient été observés, soit une augmentation de 18% des heures totales annuelles passées à domicile», précise-t-il.Nombre d’interventionsLe vérificateur s’est aussi arrêté à un autre indicateur de la productivité du personnel affecté aux soins à domicile : le nombre d’interventions faites en faveur de l’usager. Une intervention n’est pas forcément une visite à domicile. Elle peut correspondre à un appel téléphonique, une visite ou une discussion relative à un cas, etc.Or, pour le même type de services, le vérificateur a observé que le nombre d’interventions pouvait varier du simple au double, selon les CSSS. Dans les soins infirmiers, la moyenne provinciale s’établit de trois à sept interventions par jour, ce qui lui fait dire que si, dans une région donnée, l’ensemble des employés des CSSS effectuait le même nombre d’interventions que celles qui ont été réalisées dans le CSSS le plus performant de la région, le pourcentage d’interventions augmenterait de façon notable. Par exemple, dans la région de Montréal, l’augmentation serait de l’ordre de 32%.Pas de repérageCe sont les CSSS qui doivent déterminer quels sont les besoins des personnes âgées en perte d’autonomie de leur territoire et, selon cette évaluation, leur offrir une prestation de services continue.Dans les trois CSSS vérifiés, ceux de Montréal, de l’Outaouais et de Lanaudière, le repérage des personnes âgées vulnérables ou en perte d’autonomie est peu effectué, a observé le vérificateur. Il est principalement fait à l’urgence. Ces CSSS n’ont pas mis en place de mécanismes de repérage formels et systématiques dans les milieux ayant une concentration significative de personnes âgées, tels que les GMF, les cliniques de vaccination, les organismes communautaires ou les résidences privées pour aînés.Dans un des établissements vérifiés, l’état de santé de 60 à 70% des personnes âgées qui se présentent à l’urgence est méconnu du réseau. De plus, celles-ci sont souvent déjà en perte d’autonomie.Réactions du ministreDésorganisation, services insuffisants et inadéquats, iniquités régionales dans l'accès aux services, listes d'attente incomplètes, absence de standards nationaux, le portrait dévastateur des soins à domicile réalisé par le vérificateur général a confirmé au ministre de la Santé, le Dr Réjean Hébert, qu’il était nécessaire de changer les façons de faire en ce domaine. Le Ministre y voit un motif additionnel à l’appui du régime d’assurance autonomie pour les aînés, qu’il a dévoilé la semaine dernière.«Ce constat vient confirmer que le modèle actuel doit être repensé dès maintenant et c'est ce qu'on souhaite faire avec l'assurance autonomie», a-t-il commenté.À ne pas manquer dans le numéro du 12 juin de L'actualité médicale, notre dossier:Recentrer la rémunération sur les soins vraiment nécessaires -- l'exemple des soins à domicile

Les professionnels de la santé affectés aux soins à domicile passent la majorité de leur temps au bureau

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