Les partenaires d'hommes atteints d'arthrite inflammatoire présentent un risque plus élevé de fausse couche

L'arthrite inflammatoire (AI) peut être ajoutée à la liste des maladies préoccupantes qui affectent à la fois la santé du père avant la conception et l'issue de la grossesse - en particulier le risque accru de fausse couche. «Si nous nous concentrons sur les patients de sexe masculin, et en particulier sur les jeunes patients, il est très important qu'ils reçoivent au préalable des informations et des conseils sur ce sujet... Nous devrions informer ces patients de l'effet potentiel de l'arthrite inflammatoire et des médicaments sur la fertilité masculine et l'issue de la grossesse», a affirmé le Dr Luis Perez-Garcia, du département de rhumatologie de l'Université Erasmus aux Pays-Bas. Il est coauteur d'une étude qui décrit l'issue des grossesses des partenaires d'hommes atteints d'AI. Les résultats d'une sous-analyse de l'étude iFAME ont été publiés dans la revue Rheumatology. iFAME est un projet de recherche basé aux Pays-Bas qui vise à comprendre les effets des maladies à médiation immunitaire et de l'exposition aux médicaments immunosuppresseurs sur la fertilité et la reproduction masculines. «Sur la base de l'expérience que nous avons avec les femmes diagnostiquées avec l'AI, je recommanderais aux patients et aux médecins de viser une faible activité de la maladie et de choisir une stratégie de traitement “sécuritaire” qui soit compatible avec une grossesse - du point de vue paternel», a-t-il commenté dans un courriel. D'autres études ont montré que différents problèmes de santé paternelle peuvent entraîner divers problèmes de fertilité, notamment une augmentation des anomalies de l'ADN des spermatozoïdes, une faible qualité du sperme, un stress oxydatif et des changements épigénétiques dans le sperme - ce sont tous des mécanismes potentiels qui pourraient conduire à de moins bons résultats de grossesse, selon l'étude. Il est également prouvé que les grossesses conçues par des hommes atteints de maladies chroniques présentent un risque plus élevé de fausse couche, de grossesse extra-utérine ou de mortinatalité. Une étude rétrospective transversale multicentrique a été menée qui a inclus des hommes diagnostiqués avec l'AI, âgés de plus de 40 ans et qui ont signalé au moins un test de grossesse positif chez leur partenaire. Les sujets ont été recrutés entre septembre 2019 et janvier 2021, et un total de 628 participants masculins diagnostiqués avec l'AI ont été inclus. Parmi eux, 408 hommes ont rapporté au moins un test de grossesse positif. Au total, ces hommes ont déclaré 897 grossesses uniques qui ont donné lieu à 794 naissances vivantes. Les grossesses ont été divisées en deux groupes afin d'évaluer l'impact de l'AI paternelle sur les résultats: les grossesses survenues après le diagnostic de l'AI, et celles survenues avant. Au total, 220 grossesses ont eu lieu après le diagnostic d'AI, et 667 avant. Les analyses ont révélé que les hommes ayant reçu un diagnostic d'AI ont mis plus de temps, de manière statistiquement significative, à obtenir une grossesse. En outre, les partenaires des hommes ayant reçu un diagnostic d'AI ont été plus susceptibles de concevoir par le biais de techniques de procréation assistée: 20 (9,09%) hommes après le diagnostic d'AI, contre 23 (3,40%) avant le diagnostic d'AI. L'âge paternel et maternel à la conception était significativement plus élevé dans les grossesses survenues après le diagnostic d'AI. Dans le groupe après le diagnostic, l'âge moyen était de 34,27 ans chez les hommes et de 30,49 ans chez les femmes. Avant le diagnostic, l'âge moyen était de 30,69 ans chez les hommes et de 28,45 ans chez les femmes. Bien que l'âge seul puisse être un facteur affectant la fertilité masculine et l'issue des grossesses, ce facteur a été pris en compte dans les analyses, a précisé le Dr Perez-Garcia. Une étude précédente menée par les mêmes chercheurs a révélé que les hommes diagnostiqués avec l'AI étaient plus susceptibles de déclarer avoir été évalués pour des problèmes de fertilité et une faible qualité de sperme, a-t-il ajouté. Cette même étude a également révélé que les hommes diagnostiqués à un plus jeune âge ont moins d'enfants que ceux diagnostiqués après avoir atteint l’âge de procréation, et que les hommes de la population générale. Le pourcentage de grossesses avec exposition paternelle à des médicaments anti-rhumatismaux trois mois avant la conception était statistiquement plus élevé chez les grossesses survenant après le diagnostic de l’AI: 110 (50,23%) contre 40 (5,91%). Le taux de fausses couches était statistiquement plus élevé chez les grossesses survenant après le diagnostic de l'AI (27 ou 12,27%) par rapport aux grossesses avant le diagnostic de l'AI (51 ou 7,53%), selon l'étude. Les taux de fausses couches étaient les plus élevés dans les grossesses après le diagnostic de rhumatisme psoriasique ou de polyarthrite rhumatoïde. Le taux de naissances vivantes était légèrement inférieur dans les grossesses précédant le diagnostic de l'AI - mais cela n'était pas statistiquement significatif. Globalement, les taux d'avortements provoqués, de mortinatalité et de naissances prématurées étaient statistiquement similaires entre les deux groupes Pourquoi ces hommes sont-ils à risque? C'est probablement multifactoriel, a indiqué le Dr Perez-Garcia. Il se pourrait que l'inflammation systémique et les comorbidités andrologiques, telles que l'hypogonadisme ou la varicocèle, souvent présentes chez les hommes atteints d'AI, entraînent une anomalie de l'ADN des spermatozoïdes et une faible qualité du sperme. Quant aux médicaments, on ne sait pas si l'utilisation paternelle d'antirhumatismaux a un effet sur l'issue de la grossesse. Certaines études suggèrent que d'autres affections inflammatoires, telles que les maladies inflammatoires de l'intestin et le psoriasis, pourraient également avoir un impact sur l'issue de la grossesse. Un éditorial paru dans The Lancet Rheumatology et traitant des résultats d'une précédente étude iFAME en 2021 a déclaré que «les discussions sur la planification familiale devraient être prioritaires pour les patients atteints de maladies rhumatismales, quel que soit leur sexe, en particulier lorsque le diagnostic est posé relativement tôt dans la vie». Il a noté que les rhumatologues disposent de peu de directives en matière de fertilité masculine. «Jusqu'à présent, l'accent a été mis sur la sécurité des ARMM pour les hommes qui essaient de concevoir. Par exemple, les dernières directives de l'American College of Rheumatologist (ACR) sur la santé reproductive soulignent le risque d'infertilité et de dommages gonadiques à long terme chez les hommes associés au cyclophosphamide. Des cas de toxicité testiculaire ont également été signalés avec le filgotinib, un inhibiteur de JAK, qui s'est vu refuser l'autorisation de la FDA pour cette raison», a-t-il signalé. L’éditorial conclut que d'autres études sont nécessaires.

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