Les moments sacrés auxquels ces médecins ne renoncent jamais

Lorsque les exigences de la journée s’accumulent, il peut être tentant de laisser tomber certaines choses, en particulier les activités personnelles, «agréables à faire», qui peuvent être délaissées sans conséquences immédiates. Mais elles peuvent souvent avoir des conséquences à long terme sur le bien-être. Nous avons demandé à des médecins ce qui est indispensable dans leur vie, quelle que soit l’intensité de leurs journées.L’exercice et l’alimentation«Je trouve toujours le temps de faire du sport, de m’entraîner ou de pratiquer une activité physique dans le courant de ma journée. Nous passons tout notre temps à utiliser notre énergie mentale pour résoudre des problèmes et aider nos patients, ce qui peut conduire à un mode de vie sédentaire si nous n’y prenons pas garde», observe le Dr Michael Simon, médecin de famille à St John (Nouveau-Brunswick). Pour le Dr Eric Cadesky, médecin de famille à Vancouver, il faut ajouter l’alimentation à ce régime d’exercice. «On ne peut pas donner de conseils de santé honnêtes sans trouver au moins 15 minutes par jour pour être physiquement actif ni acheter des produits frais à l’épicerie au moins une fois par semaine (à ces prix-là, quand même!)», estime le clinicien.La Dre Melanie Bechard, urgentologue pédiatrique à Ottawa, témoigne qu’en plus de se rendre au travail à vélo, elle trouve du temps pour faire du sport car elle a pris cet engagement envers elle-même. «J’assiste à de nombreux cours collectifs de conditionnement physique pour lesquels il faut s’inscrire au préalable. S’engager à l’avance m’aide à réserver ce temps dans mon agenda.»Le Dr John Crosby, médecin généraliste récemment retraité de Cambridge (Ontario), considère quant à lui que faire de l’exercice les jours où l’on est très occupé consiste à «prendre l’habitude d’utiliser les escaliers autant que possible et non l’ascenseur, de se garer loin et de marcher».Plusieurs médecins ont mentionné prendre le temps de déjeuner. Pour le Dr Howard Goldstein, omnipraticien retraité de la région de Toronto, manger correctement pendant les journées très chargées était primordial: «J’apportais toujours un sandwich, une pomme et une bouteille d’eau. Je fermais la porte de mon bureau et je n’étais pas dérangé pendant 15 minutes.»Pour la Dre Sarah Giles, médecin de famille et urgentologue en milieu rural à Kenora (Ontario), il s’agit encore d’un work in progress: «J’essaie de donner l’exemple en mangeant pendant mes gardes à l’urgence. Je suis vraiment mauvaise à ce niveau-là», avoue-t-elle. «Au lieu de cela, j’ai récemment commencé à dire aux étudiants qu’ils doivent manger et boire pendant leurs gardes et que je vais évaluer ce comportement (je ne plaisante qu’à moitié).»La famille«L’heure du dîner, lorsque les enfants étaient jeunes, était un moment sacré», raconte le Dr Goldstein. «Néanmoins, les moments réservés à ces rendez-vous familiaux devaient parfois être modifiés, en particulier lorsque j’étais médecin de famille pratiquant en obstétrique, car le plus souvent, les bébés naissent au petit matin.»L’heure des repas est tout aussi sacrée pour le Dr Eric Grief, médecin de famille et psychothérapeute médical à Thornhill (Ontario). «S’asseoir pour un repas avec ma femme, puis se promener dans le quartier après le repas, c’est un rituel incontournable», explique-t-il. «En vacances, je laisse mon téléphone en mode silencieux. Avant d’aller me coucher, je le mets en mode avion.»Pour le Dr Eric Cadesky, médecin généraliste à Vancouver, la famille est le travail n° 1. «Aucune tâche n’est assez importante pour manquer l’heure du conte au moment du coucher. Et un petit investissement dans du temps non distrait avec son ou sa partenaire permettra d’économiser plus tard sur la thérapie de couple.»Lire aussi: 7 conseils d’expert pour éviter le stress au retour des vacancesLe sommeilSi la Dre Giles a du mal à se nourrir pendant ses gardes, elle est très stricte sur l’heure d’aller au lit. «Fixez-vous une heure de coucher. Pour être un être humain fonctionnel, j’ai besoin de dormir. J’ai une heure de coucher lorsque je travaille de jour aux urgences. Ce n’est pas négociable. Je ne prévois rien les jours où je suis de nuit — car en fait, j’ai déjà travaillé ce jour-là, je ne peux pas en faire plus.»Le Dr Ted Jablonski, qui se consacre à la médecine sexuelle et à la santé des transsexuels dans le sud de l’Alberta, témoigne pour sa part que «la première chose à faire est de dormir. Je me lève tôt et j’ai de longues journées de travail dans une clinique très active. J’essaie de faire de l’exercice au moins six jours par semaine. C’est pourquoi je suis toujours soucieux de bien dormir et je ne fais rien d’inutile (réseaux sociaux, émissions télévisées, lecture) qui pourrait compromettre ce temps à mesure que la soirée avance.»Après une bonne nuit de sommeil, le Dr Duncan Rozario, chef du service de chirurgie du Trafalgar Memorial Hospital à Oakville (Ontario), se consacre au «temps protégé» qu’il se réserve chaque matin de 5h15 à 6h15. «L’auteur Robin Sharma l’appelle l’heure d’or», explique-t-il. «Je dispose d’une heure pour méditer, faire de l’exercice et lire. Cela a changé la donne pour moi. Personne ne me dérange à ce moment-là et j’ai l’impression d’avoir accompli beaucoup de choses avant même de quitter la maison. Je recommande son livre The 5 AM Club, ainsi que son dernier ouvrage, The Wealth Money Can't Buy.» Lire aussi: Garder sa motivation: la santé mentale en priorité absolue!Nouer des liensDans notre monde de plus en plus pressé, centré sur soi et la technologie, le Dr Goldstein rappelle aux médecins qu’il est important de prendre le temps d’établir des liens avec les autres. «Dans ma clinique, les initiatives de formation continue étaient essentielles. Plus importantes encore étaient la collégialité, la camaraderie et la connexion avec mes collègues, la possibilité de compatir et de communiquer. Nombre de ces amitiés perdurent après des décennies de pratique et des années de retraite. Ne vous laissez pas aller à l’isolement, au cloisonnement ou à la solitude. Établissez une base solide de personnes à consulter qui vous soutiennent et vous respectent. Les relations interprofessionnelles fonctionnent en symbiose et non de manière indépendante.»Le Dr Alykhan Abdulla, médecin de famille installé à Manotick (Ontario), résume ce qu’il considère comme sacro-saint: «Quand vous travaillez: mangez votre déjeuner, faites des pauses pour aller aux toilettes, prévoyez du temps pour rattraper le temps perdu et prévoyez du temps pour terminer votre travail chaque jour. Lorsque vous n’êtes pas au travail, faites quelque chose pour votre santé physique, consacrez-vous à un passe-temps, apprenez quelque chose de nouveau, serrez quelqu’un que vous aimez dans vos bras, et ne faites rien pendant 30 minutes chaque jour.»

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