Les médecins souffraient-ils d’épuisement professionnel autrefois?

J'ai été médecin pendant 50 ans. Je ne sais pas si l’épuisement professionnel existait autrefois. On faisait face à l’adversité en silence. La plupart des médecins, des hommes, avaient une femme à la maison; ils n'avaient donc pas de «deuxième shift» à assurer comme les jeunes médecins d'aujourd'hui. Il y avait peu de paperasse. Il n'y avait pas de Dr Google pour mettre en doute vos avis médicaux. Les patients et la société avaient plus de respect pour les médecins. Si quelqu'un mourait à 90 ans, c'était «la volonté de Dieu», tout simplement. La pratique familiale était plus variée. Vous vous rendiez à l'hôpital le matin et pouviez discuter avec vos pairs dans le salon des médecins - un excellent moyen de réduire le stress. Vous appreniez à connaître les spécialistes et inversement, et vous résolviez les problèmes ensemble. Il n'y avait pas de médecins urgentistes (j'étais l'un des premiers). Il n'y avait pas de médecins d'hôpital. Vous vous occupiez de vos patients et vous assistiez aux opérations. Vous pratiquiez les accouchements de vos patientes. À lire aussi: Nous devons apprendre aux médecins fraîchement diplômés à se ménager Il n'y avait pas d’aile psychiatrique dans notre hôpital. Les patients psychiatriques étaient à l'étage médical, sauf s'ils étaient suicidaires. Ils allaient alors à l'hôpital psychiatrique. Vous vous occupiez des enfants avec l'aide des pédiatres. Les patients n'appelaient pas pour des problèmes mineurs en dehors des heures de travail. Les frais généraux étaient peu élevés avec des dossiers papier et de vieux téléphones à cadran. Vous voyiez les patients dans votre bureau l'après-midi et n'étiez plus de garde à 17 heures. Vous n'aviez pas à faire huit heures pour résoudre les problèmes du monde développé. Les maisons étaient bon marché. Mais les taux d'intérêt atteignaient 20 %, tout n'était donc pas rose. Je suppose que beaucoup de médecins ont souffert en silence, mais il n'était pas nécessaire de s'occuper de 30 patients par jour pour bien gagner sa vie. Il y avait moins de réunions, mais vous étiez plus souvent de garde. Et vous aviez aussi moins de succès dans le traitement des patients. À lire aussi: Recette d'une interniste pour survivre à sa résidence Il n'y avait pas de VIH, d'IRM, de CT, de produits biologiques ni de chirurgie laparoscopique. Il n'y avait pas de quinolones ni de paramédicaux. Juste des ambulanciers qui chargeaient, transportaient et déchargeaient les malades. Il y avait peu de surdoses d'opioïdes ou de sans-abris. Il était facile d'obtenir un lit d'hôpital et les patients n'étaient pas expulsés trois jours après une opération. Il y avait moins d'administrateurs. Je suis heureux d'avoir connu cette époque, mais je suis également content maintenant. Nous faisons beaucoup plus pour les gens aujourd'hui, mais ils ne l'apprécient pas et en veulent toujours plus. Comme les humains l'ont toujours fait. Les gens sont encore heureux et tristes, bons et mauvais. On ne s'ennuie jamais. Et vous, que pensez-vous du bon vieux temps? Vous souhaitez vous aussi faire valoir votre point de vue sur un enjeu du système de santé? Apporter une réflexion vis-à-vis de votre profession? Envoyez-nous un texte d'opinion à titre de professionnel de la santé ou d'association en santé, afin qu'il soit relayé sur le site. Plus d'infos >

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