Les erreurs courantes à éviter avec les nouvelles classes de médicaments contre le diabète

La prise en charge du diabète nécessite de fréquents ajustements afin d’atteindre les cibles glycémiques, ce qui favorise le risque d’erreurs. Si des efforts ont été faits pour améliorer la sécurité des traitements comme l’insuline et les hypoglycémiants traditionnels, des erreurs liées aux nouvelles classes de médicaments oraux et injectables sous-cutanés sont désormais signalées. L’Institut pour la sécurité des médicaments du Canada (ISMP) s'est donc penché sur les incidents liés à ces nouveaux agents (génériques et de marques) commercialisés au Canada: inhibiteurs de la DPP-4, inhibiteurs du SGLT2 et agonistes du récepteur du GLP-1. Il a ainsi analysé 441 incidents survenus dans des pharmacies communautaires au pays entre novembre 2019 et octobre 2022 (les incidents reliés au liraglutide, indiqué pour la perte de poids, et au sémaglutide, lorsqu’utilisé hors indication pour la perte de poids ont été exclus). L’empagliflozine (Jardiance) était la plus fréquemment mentionnée dans ces incidents, suivie par le sémaglutide (Ozempic), la sitagliptine/metformine (Janumet), la sitagliptine/metformine à libération modifiée (Janumet XR) et la dapagliflozine (Forxiga). (À noter que seuls 3,6% des événements ont entraîné un préjudice pour le patient; les autres événements ont été évités de justesse ou n’ont pas entraîné de préjudice). Les erreurs rapportées ont été réparties en trois grandes catégories: les régimes posologiques complexes, les noms semblables ou à consonance similaire, et l'emballage et le stockage des produits. Régimes posologiques complexes Que ce soit pour modifier la dose, changer de médicament ou ajouter un agent appartenant à une autre classe, les régimes posologiques sont parfois complexes et peuvent conduire à des erreurs. L’analyse de l’ISMP Canada mentionne la pratique du copier-coller comme source d’erreur courante, soit le fait de copier un fichier de prescription existant dans le système de la pharmacie pour créer une entrée pour une nouvelle prescription. L'ISMP recommande donc de n'utiliser la fonction «copie» que s’il n’y a pas de changement à l’ordonnance. Il conseille également aux prescripteurs d'indiquer «de manière visible» les changements de doses et de médicament sur les ordonnances, par exemple: CESSER [médicament précédent]; AUGMENTER la dose). Il conseille en outre aux pharmaciens de toujours interroger le patient sur sa gestion de la glycémie et les médicaments antidiabétiques et les doses qu'il prend. Ils devraient ensuite mettre à jour le dossier du patient et désactiver les ordonnances pour les anciens médicaments ou les doses antérieures. À lire aussi: Médicaments potentiellement inappropriés chez les aînés: mise à jour 2023 des critères de Beers L’ajustement des doses peut également s'avérer complexe. L'analyse de l’ISMP mentionne le cas d’un patient ayant apporté une ordonnance pour une dose de titrage de sémaglutide à exécuter à une date ultérieure. Or, le personnel de la pharmacie n'a saisi que la première partie du régime de titrage dans son système, sans réaliser que celui-ci comprenait plusieurs étapes et plusieurs médicaments. D'autres rapports font mention de patients ayant continué à prendre la dose initiale de leur traitement de sémaglutide (0,25 mg/semaine) au lieu de 0,5 m /semaine, car l'étiquette de renouvellement incluait toujours les instructions avec la dose initiale. À lire aussi: Un nouveau laboratoire montréalais veut paver la voie à une cure au diabète de type 1 Pour aider les patients à comprendre les calendriers de titrage de la dose, l'ISMP recommande d’entrer chaque titrage comme une ordonnance distincte afin que les patients puissent être guidés dès qu’un changement intervient. Si la pharmacie opte tout de même pour une prescription unique qui peut être renouvelée, le système devrait alors inclure une alerte pour s'assurer que le pharmacien parle au patient à chaque changement de dose. L’Institut recommande également de numéroter chaque étape du titrage pour plus de clarté. Les pharmaciens peuvent aussi élaborer un calendrier pour le patient pour l’aider à mieux comprendre l'ajustement des doses, et ajouter une copie numérisée de celui-ci dans le dossier d'ordonnance. Plusieurs erreurs concernant la fréquence d’administration selon les doses étaient également fréquemment relevées dans les incidents, notamment pour les préparations à libération immédiate et à libération modifiée (deux fois par jour ou une fois par jour) et pour les médicaments injectables de la classe des agonistes des récepteurs du GLP-1 (par exemple, administration hebdomadaire du sémaglutide et administration quotidienne du liraglutide). Pour contrer ce risque d’erreurs, l'Institut suggère aux pharmacies de créer du matériel de référence, avec des tableaux comparatifs comprenant les schémas posologiques et la fréquence d’administration des différents agents de traitement. Noms semblables ou à consonance similaire Parmi les déclarations d’incidents, nombre d’entre elles impliquaient de la confusion lors de la prescription, de la saisie de l'ordonnance et de la préparation des médicaments en raison de noms semblables ou à consonance similaire. Les noms de marque tels que Janumet, Januvia et Jardiance, et les noms génériques tels que canagliflozine, dapagliflozine et empagliflozine étaient souvent confondus, par exemple. L'ISMP recommande ainsi d'encourager les prescripteurs à noter le nom de marque et le nom générique sur les ordonnances, et les pharmaciens à souligner les distinctions entre les produits sur la copie papier de l'ordonnance lors de la vérification (par exemple: Janumet XR), et à travailler avec les fournisseurs de logiciels ou les services informatiques pour rendre les informations critiques plus visibles dans les logiciels (Janumet XR [sitagliptine/ metformine, libération modifiée] par exemple). Formats d'emballage multiples et options d'administration des doses Le tiers des déclarations d’incidents impliquaient des médicaments avec des emballages similaires. L’ISMP conseille donc de séparer physiquement les produits ayant des emballages similaires et d’intégrer la lecture des codes-barres dans le processus de délivrance de médicaments pour éviter les erreurs. La délivrance d’un produit de la bonne marque mais dans une taille différente que celle prescrite constitue un autre risque d’erreur. Par exemple, une prescription de liraglutide (Victoza) 1,2 mg une fois par jour pendant 90 jours a été remplie avec une boîte de trois stylos. Or, comme chaque stylo délivre 15 doses de 1,2 mg, le patient avait besoin de six stylos, soit deux boîtes. La multitude des formats peut néanmoins prêter à confusion, car le liraglutide est disponible dans un stylo multidose qui peut délivrer des doses de 0,6 mg, 1,2 mg ou 1,8 mg, et les stylos sont conditionnés en boîtes de un, deux ou trois stylos. Le sémaglutide est aussi disponible au Canada sous forme de deux stylos (2 et 4 mg) qui délivrent des doses différentes (0,25 et 0,5 mg). Pour éviter les erreurs, l'ISMP recommande d'ajouter une double vérification indépendante afin de confirmer la dose et la quantité à délivrer et de créer un document de référence succinct pour les formats d'emballage des produits et les options d'administration des doses. Enfin, en raison d’un espace limité dans le réfrigérateur, une autre erreur fréquente consiste à prendre l’ordonnance préparée pour le mauvais patient. Pour éviter cela, il peut être utile de placer les produits dans le frigo de façon à ce que l’étiquette où figure le nom du patient soit visible.

Les erreurs courantes à éviter avec les nouvelles classes de médicaments contre le diabète

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes