Les enjeux 2022 dans le milieu pharmaceutique vus par nos blogueurs

Beaucoup de changements et d'adaptations à prévoir À mon sens, l’année qui s’achève n’est que le prélude à la mise en place de nouvelles façons d’aborder le travail et la santé. La prochaine année sera la suite logique à la révolution «santé» en cours. Les pharmaciens auront encore à s’adapter à des changements dans l’accès aux soins avec en complément indirect, le départ à la retraite de nombreux médecins de famille. Gageons que les pharmaciens seront sollicités comme jamais! Tout ceci sera joué sur un fond de ressources humaines déjà durement éprouvées, de pénurie d’effectifs, d’assistants techniques en pharmacie notamment, et d’une population lasse de cette pandémie. Chose certaine, en 2022, accroche ta tuque avec de la broche, car l’année s’annonce encore mouvementée. Comme disait Antoine de Saint-Exupéry: «Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible.» – Céline Léveillé-Imbeault, pharmacienne en GMF et rédactrice en chef de Québec Pharmacie Covid-19, TROD, pénurie de personnel... mais probablement pas de nouveau modèle de rémunération «Malgré nos vœux pour 2021, l’année au complet a été sous le signe de la Covid-19. 2022 le sera aussi, alors vaccination, tests, mesures sanitaires en pharmacie sont là pour rester (désolé, ne me jetez pas de roches). En novembre 2020, j’ai rédigé un blogue sur le retard colossal du Québec en matière de TROD, les tests de dépistage rapide à orientation diagnostique en pharmacie. Les tests covid vont-ils ouvrir la voie? Espérons-le, il y a un potentiel important pour désengorger le système de santé à mon avis. 2022 sera aussi l’année de la gestion de la pénurie de personnel. Vous pensiez que c’était déjà le cas? Eh bien mon radar me dit que l’on a rien vu encore... On attendait le nouveau modèle de rémunération en 2016, 2018, 2020, 2022. Vu les circonstances, ce ne sera vraisemblablement pas au menu pour l’année à venir… On est rendu habitué, alors on dit quoi? 2024? Mon radar ne s’affole pas vraiment sur ce dernier sujet, je dirais plutôt que c’est mon souhait pour 2022: une belle évolution du dossier des médicaments dits de spécialité… À suivre.» – Christophe Augé, pharmacien propriétaire et rédacteur en chef adjoint de Québec Pharmacie Pénurie de main d'œuvre «Sans grande surprise, je répondrai la pénurie de main d’œuvre. Le changement de perception envers les pharmaciens communautaires depuis janvier 2021 est majeur: nouveaux actes rémunérés sans franchise et coassurance, implication sans précédent dans la vaccination et distribution de tests Covid... Il ne fait aucun doute que les pharmaciens ont répondu présent pour soutenir la première ligne et les besoins de la santé publique. Bien que de belles opportunités se soient présentées à nous, la menace de la pénurie de personnel sera difficile à surmonter. Le manque de personnel se fait sentir à tous les niveaux: personnel de soutien, technique et professionnel. Cette pénurie crée une pression sur les pharmacies pour répondre à la demande. Les pharmaciens propriétaires devront trouver des solutions originales pour répondre aux nouveaux besoins des travailleurs, soit la conciliation travail-famille, la stabilité des horaires et la rétention de personnel face à la popularité grandissante du télétravail.» – Karina Savoie, pharmacienne chef en pharmacie communautaire et pharmacienne en GMF Atteinte de la capacité organisationnelle «L'enjeu, pour moi, en 2022, sera l'atteinte de la capacité organisationnelle. La capacité organisationnelle correspond à ce qu'une organisation peut produire, en termes de produits ou services, sur une période de temps donnée. Cette capacité dépend de nombreux facteurs, dont l'équipement, la main-d'œuvre, l'efficience, etc. Je crois que 2022 sera l'année lors de laquelle les pharmacies du Québec auront collectivement atteint leur capacité organisationnelle. Certaines pharmacies seront évidemment en-deçà, notamment les start-up, alors que d'autres l'auront dépassée, exposant leur personnel à divers risques. Ces risques iront des risques en santé physique et mentale jusqu'aux risques d'accident en lien avec la distribution ou les services professionnels. Les pharmaciens ont réclamé plus de responsabilités en se basant, à juste titre, sur leur grande disponibilité. Malheureusement, aucune soupape de contrôle n'a été établie et la pénurie de personnel a frappé la profession de plein fouet. Les acteurs du milieu, l'OPQ, l'AQPP, l'APPSQ et l'ABCPQ devront sérieusement se pencher sur cette problématique pour éviter des bris de service en série.» – Philip Morgan, vice-président, Crescendo Pharma Une année de négociations Prédire les enjeux pour la pharmacie en 2022? Avec ce que nous avons vécu au cours des deux dernières années, un exercice de prédiction s’avère risqué. Ma première prédiction sera donc que je vais probablement me tromper! Si la pandémie a été fort difficile pour plusieurs, elle a permis à la pharmacie en général de gagner en visibilité. Les pharmaciens, avec de nouveaux actes, ont pris la place qu’on attendait d’eux. Bravo! 2022 sera pour la pharmacie d’établissement, une année de négociations. Les négociations avec le gouvernement laissent souvent des séquelles. Je nous souhaite donc une entente de travail qui continue sur cette lancée de reconnaissance envers la profession. La pression qui sera exercée sur le système de santé sera énorme. Les pharmaciens d’établissement devront probablement revoir leur offre de services pour contribuer au maximum à l’efficience du système, qui cherchera à rattraper les retards énormes qui auront été pris. La pandémie aura ouvert les esprits plus que jamais. Plusieurs barrières à l’interdisciplinarité sont tombées. Il serait sage d’en profiter. – Marc Parent, pharmacien d'établissement Continuer de miser sur la vulgarisation scientifique auprès des patients «Un des enjeux importants pour le pharmacien dans la prochaine année sera de demeurer un communicateur scientifique de référence pour ses patients. Cet enjeu n’est pas nouveau, mais devient de plus en plus important dans le contexte où les patients mènent de plus en plus des recherches approfondies avant de consulter un professionnel de la santé. Avec l’accès démocratisé à l’information, les multiples sources d’informations disponibles et les médias qui véhiculent eux aussi leurs messages, le pharmacien devra redoubler d’effort dans son rôle de vulgarisateur scientifique. Il devra suivre le rythme pour demeurer informer des dernières avancées en santé pour toujours mieux conseiller ses patients et les orienter vers des références justes. Les dernières années ont mis la science à l’épreuve en exposant notamment au grand public ses contradictions et ses limites, ce qui a pu en ébranler plus d’un et heurter des croyances profondes. Pour certains patients, on note ainsi un besoin accru de consulter des sources fiables tels que le pharmacien pour obtenir des informations médicales. Pour d’autres, on note par ailleurs une perte de confiance en la sphère médicale et scientifique. Dans les deux cas, les patients auront besoin de pouvoir compter sur un professionnel de la santé informé, à l’écoute et ouvert à la discussion. Le défi sera d’une part de demeurer suffisamment informé et à jour pour conseiller les patients qui arrivent avec des demandes de plus en plus complexes et recherchées. Et d’autres part de maintenir les canaux de communication ouverts avec ceux dont la confiance est ébranlée.» – Émilie Mégrourèche, pharmacienne en établissement

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