Les enfants prenant des antibiotiques sans être allaités ont un risque trois fois plus élevé de souffrir d'asthme

Une étude canadienne suggère que les enfants qui n'ont pas été allaités alors qu'ils recevaient des antibiotiques au cours de la première année de leur vie courent trois fois plus de risques de développer de l'asthme, car ils n’ont pas pu bénéficier des sucres protecteurs spécifiques présents dans le lait humain. Le Dr Stuart Turvey, chercheur principal et pédiatre au BC Children's Hospital, a indiqué que les antibiotiques tels que l'amoxicilline sont couramment prescrits pour traiter un large éventail d'infections chez les jeunes enfants, mais que ces médicaments ont également été associés à la perturbation du développement d'un microbiome intestinal sain. «Nous savions depuis un certain temps que les bébés qui prenaient des antibiotiques en bas âge avaient un risque plus élevé de souffrir d'asthme à l'âge scolaire et au-delà, mais personne ne savait pourquoi», a-t-il énoncé. L'étude, publiée mercredi dans la revue Med, a révélé que les sucres présents dans le lait maternel - qui constituent environ 20% de ses glucides indigestes - favorisent la croissance de la bactérie B. infantis, qui aide à la fabrication d'autres bactéries afin d’entraîner le système immunitaire et prévenir le développement de l'asthme et des allergies. Les chercheurs ont également affirmé avoir identifié les sucres du lait maternel qui offrent cette protection, qui pourraient potentiellement être utilisés pour compléter le lait maternisé des nourrissons qui ont besoin d'antibiotiques, mais pour lesquels l'allaitement n'est pas une option. «Les enfants naissent avec pratiquement aucune bactérie. Mais ensuite, ces communautés (de bactéries) commencent à se constituer, avec des espèces pionnières qui aident les autres à coloniser. Le timing est donc important», a ajouté le Dr Turvey en parlant du moment où survient la prescription d’antibiotiques qui «perturbent» le système immunitaire des enfants au cours des premiers mois de leur vie. La recherche a porté sur un total de 2521 enfants à Vancouver, Edmonton, Winnipeg et Toronto. Elle a montré que 17% des enfants avaient reçu des antibiotiques au cours de la première année de leur vie. Trois groupes d'enfants ont été comparés: ceux qui n'ont pas reçu d'antibiotiques, ceux qui en ont reçu pendant l'allaitement et ceux qui en ont reçu sans être allaités. Lorsqu'un sous-ensemble de 1338 enfants étaient âgés de trois mois, les chercheurs ont collecté une couche sale pour tester les selles. Un an plus tard, un autre échantillon de selles a été prélevé dans les couches des mêmes enfants, a détaillé le Dr Turvey. Il a ajouté que le coût de la technologie utilisée, relativement nouvelle, a empêché de tester tous les échantillons des enfants. «Nous avons obtenu les échantillons de selles et nous avons ensuite fait de la métagénomique, un type de séquençage génétique visant à identifier toutes les bactéries par l'ADN qu'elles contiennent. Cette bactérie (B. infantis) est apparue comme un signal très fort», a-t-il souligné. À l'âge de cinq ans, tous les enfants ont été évalués pour l'asthme. Ceux qui s'étaient vu prescrire des antibiotiques sans boire de lait maternel avaient trois fois plus de risques de souffrir de cette maladie. Par contre, les enfants qui ont reçu des antibiotiques pendant l'allaitement n'avaient pas plus de risque que ceux qui n'ont pas pris d’antibiotiques», a affirmé le Dr Turvey. «Une chose importante à noter est que tout type d'allaitement a été protecteur. Il ne s'agissait donc pas seulement d'un allaitement exclusif, sans autre forme d'alimentation.» L'asthme est l'une des principales raisons pour lesquelles les enfants se rendent aux urgences et chez le médecin, souvent en manquant l'école, a-t-il dit, ajoutant que malgré les résultats, l'amoxicilline est un médicament qui peut sauver la vie des très jeunes enfants. Selon le Dr Turvey, «les résultats de l'étude pourraient donner lieu à des essais cliniques visant à déterminer si les sucres naturels du lait maternel peuvent être utilisés pour compléter le lait maternisé au profit des personnes qui ne peuvent pas allaiter leurs enfants. Les chimistes pourraient fabriquer des versions synthétiques de ces sucres, semblables à ceux qui sont déjà présents dans les préparations pour nourrissons, a-t-il poursuivi. Une meilleure connaissance des sucres protecteurs pourrait contribuer à ce processus.» Ailbhe Smyth, une bénévole de la section de Vancouver de La Leche League, qui soutient les mères qui allaitent, soutient que les personnes qui luttent contre ce qui est souvent une expérience difficile, comme ce fut le cas pour elle, ne devraient pas considérer les résultats de l’étude comme une raison supplémentaire de se sentir coupable de ne pas être «un parent parfait». Avant même la pandémie, les cliniques de santé publique étaient moins nombreuses à offrir un soutien par le biais de spécialistes de l'allaitement et certaines femmes optent pour des consultants privés afin d'éviter les longues listes d'attente, a expliqué Mme Smyth. «Mais cela reste un obstacle. Certaines personnes n'ont tout simplement pas l'argent nécessaire pour le faire, dit-elle. Je pense que le soutien ne doit pas seulement venir du système de soins de santé, mais aussi de la société en général.»

Les enfants prenant des antibiotiques sans être allaités ont un risque trois fois plus élevé de souffrir d'asthme

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes